Lot Essay
L'origine du "Déjeuner chinois réticulé"
Ce nom est directement tiré de la production chinoise. En effet à Paris à partir du 11 avril 1826, est vendue la collection Sallé d'objets chinois, qui comprend une section de porcelaines chinoises blanches ajourées dont le dessinateur Yacinthe Régnier s'inspire à partir de 1831 pour son premier "déjeuner"; pour un dessin préparatoire représentant la cafetière et son couvercle, conservé dans les collections des archives de la Manufacture de Sèvres, voir par Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory, Alexandre Brongniart and the Triumph of Art Industry, 1800-1847, Singapour, 1997, p.267, n.76.
Sa fabrication est complexe et nécessite la participation de trois ouvriers: un tourneur pour créer la partie intérieure, un modeleur pour l'enveloppe externe qui est fixée à la première ainsi que pour les anses et enfin un troisième pour le travail ajouré. Le motif ajouré de ce modèle était tellement compliqué à obtenir que seulement environ cinquante déjeuners de ce type ont été réalisés. Finalement vers 1900 la manufacture demande à Léon Kann de redessiner un motif plus simple.
Ce rare modèle de "Déjeuner chinois réticulé" fait partie à l'époque des cadeaux diplomatiques traditionnels.
Les "protagonistes"
-Louis-Philippe (1773-1850), roi des Français de 1830 jusqu'à son abdication en 1848 lors de la révolution de février.
-Méhemmet'Ali (c.1769-1849) aussi connu sous le nom de Mohammed'Ali, Vice-roi d'Egypte était un officier d'origine albanaise. Il est envoyé en Egypte en 1798 pour combattre l'invasion française. En 1805, il se proclame Vice-roi d'Egypte et ordonne le massacre des mamelouks dans la citadelle du Caire en 1811 pour asseoir son pouvoir. La victoire de Nezib en 1839 illustre l'apogée de son règne; malgré le soutien de la France il ne peut en profiter longtemps sous la pression de la Grande-Bretagne et doit évacuer les territoires envahis. En 1841, le Sultan Ottoman Abdülmacid Ier lui accorde alors en compensation la possession héréditaire de l'Egypte et du Soudan.
Il est donc presque certain que vu les étroites relations diplomatiques entre la France et l'Egypte à l'époque, Louis-Philippe lui ait offert ce déjeuner chinois réticulé pour cette occasion. Méhemmet'Ali est le père de l'Egypte moderne et son fils Ibrahim Pasha lui succède en 1848.
-Pierre Huard: peintre d'ornements et compositeur de motifs à la Manufacture de Sèvres de 1811 à 1847.
- Weydinger: lignée importante de peintres et doreurs à la manufacture de Sèvres active à partir du XVIIIème siècle, et dont trois membres utilisaient la marque W encore au XIXème siècle: Léopold père, Joseph-Léopold et Pierre.
Les autres exemplaires répertoriés de nos jours et issus de la première période
Notre ensemble peut être rapproché de six autres déjeuners plus ou moins complets et tous, à l'exception du dernier (suivant un ordre chronologique), à décor similaire dans le "goût chinois":
- le premier de 1837, à fond turquoise, livré le 14 juillet 1838 à la Reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, roi des Français; pour une illustration, voir la vente chez Sotheby's New-York, le 22 mai 1997, lot 40;
- le deuxième de 1839, à fond corail, livré soit sur ordre de Monsieur l'Intendant Général (au nom de Louis-Philippe) le 12 août 1842 à Monsieur de Cambacérès, pair de France; soit sur ordre de Louis-Philippe en juin 1844 à Monsieur de Rothschild et conservé dans les collections du Fine Arts Museums de San Francisco; pour des illustrations, voir la vente chez Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, le 25 février 2009, lot 733;
- le troisième de 1840, à fond rose, livré en 1840 également à la Reine Marie-Amélie et conservé dans les collections du Musée du Louvre; pour une illustration, voir le catalogue d'exposition Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279;
- le quatrième de 1842, à fond vert, probablement livré au roi Louis-Philippe ou à la reine Marie-Amélie, conservé dans les collections du Detroit Institute of Art, Detroit;
- le cinquième de 1846, à fond vert pâle et conservé dans une collection privée; pour une illustration, voir la vente chez Christie's New-York, le 20 avril 2005, lot 172;
- le sixième de 1861, à fond blanc et conservé dans les collections du Metropolitan Museum de New York; pour une illustration, voir par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390.
Les deuxième et quatrième exemples sont certainement les plus proches en terme de décor de celui proposé aujourd'hui à la vente; nous ne sommes pas surpris de trouver sur le deuxième la marque du même peintre, Pierre Huard, avec l'utilisation de cet impressionnant fond de couleur rouge vermillon et ce dernier n'est antérieur que de deux années.
Ce nom est directement tiré de la production chinoise. En effet à Paris à partir du 11 avril 1826, est vendue la collection Sallé d'objets chinois, qui comprend une section de porcelaines chinoises blanches ajourées dont le dessinateur Yacinthe Régnier s'inspire à partir de 1831 pour son premier "déjeuner"; pour un dessin préparatoire représentant la cafetière et son couvercle, conservé dans les collections des archives de la Manufacture de Sèvres, voir par Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory, Alexandre Brongniart and the Triumph of Art Industry, 1800-1847, Singapour, 1997, p.267, n.76.
Sa fabrication est complexe et nécessite la participation de trois ouvriers: un tourneur pour créer la partie intérieure, un modeleur pour l'enveloppe externe qui est fixée à la première ainsi que pour les anses et enfin un troisième pour le travail ajouré. Le motif ajouré de ce modèle était tellement compliqué à obtenir que seulement environ cinquante déjeuners de ce type ont été réalisés. Finalement vers 1900 la manufacture demande à Léon Kann de redessiner un motif plus simple.
Ce rare modèle de "Déjeuner chinois réticulé" fait partie à l'époque des cadeaux diplomatiques traditionnels.
Les "protagonistes"
-Louis-Philippe (1773-1850), roi des Français de 1830 jusqu'à son abdication en 1848 lors de la révolution de février.
-Méhemmet'Ali (c.1769-1849) aussi connu sous le nom de Mohammed'Ali, Vice-roi d'Egypte était un officier d'origine albanaise. Il est envoyé en Egypte en 1798 pour combattre l'invasion française. En 1805, il se proclame Vice-roi d'Egypte et ordonne le massacre des mamelouks dans la citadelle du Caire en 1811 pour asseoir son pouvoir. La victoire de Nezib en 1839 illustre l'apogée de son règne; malgré le soutien de la France il ne peut en profiter longtemps sous la pression de la Grande-Bretagne et doit évacuer les territoires envahis. En 1841, le Sultan Ottoman Abdülmacid Ier lui accorde alors en compensation la possession héréditaire de l'Egypte et du Soudan.
Il est donc presque certain que vu les étroites relations diplomatiques entre la France et l'Egypte à l'époque, Louis-Philippe lui ait offert ce déjeuner chinois réticulé pour cette occasion. Méhemmet'Ali est le père de l'Egypte moderne et son fils Ibrahim Pasha lui succède en 1848.
-Pierre Huard: peintre d'ornements et compositeur de motifs à la Manufacture de Sèvres de 1811 à 1847.
- Weydinger: lignée importante de peintres et doreurs à la manufacture de Sèvres active à partir du XVIIIème siècle, et dont trois membres utilisaient la marque W encore au XIXème siècle: Léopold père, Joseph-Léopold et Pierre.
Les autres exemplaires répertoriés de nos jours et issus de la première période
Notre ensemble peut être rapproché de six autres déjeuners plus ou moins complets et tous, à l'exception du dernier (suivant un ordre chronologique), à décor similaire dans le "goût chinois":
- le premier de 1837, à fond turquoise, livré le 14 juillet 1838 à la Reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, roi des Français; pour une illustration, voir la vente chez Sotheby's New-York, le 22 mai 1997, lot 40;
- le deuxième de 1839, à fond corail, livré soit sur ordre de Monsieur l'Intendant Général (au nom de Louis-Philippe) le 12 août 1842 à Monsieur de Cambacérès, pair de France; soit sur ordre de Louis-Philippe en juin 1844 à Monsieur de Rothschild et conservé dans les collections du Fine Arts Museums de San Francisco; pour des illustrations, voir la vente chez Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, le 25 février 2009, lot 733;
- le troisième de 1840, à fond rose, livré en 1840 également à la Reine Marie-Amélie et conservé dans les collections du Musée du Louvre; pour une illustration, voir le catalogue d'exposition Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279;
- le quatrième de 1842, à fond vert, probablement livré au roi Louis-Philippe ou à la reine Marie-Amélie, conservé dans les collections du Detroit Institute of Art, Detroit;
- le cinquième de 1846, à fond vert pâle et conservé dans une collection privée; pour une illustration, voir la vente chez Christie's New-York, le 20 avril 2005, lot 172;
- le sixième de 1861, à fond blanc et conservé dans les collections du Metropolitan Museum de New York; pour une illustration, voir par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390.
Les deuxième et quatrième exemples sont certainement les plus proches en terme de décor de celui proposé aujourd'hui à la vente; nous ne sommes pas surpris de trouver sur le deuxième la marque du même peintre, Pierre Huard, avec l'utilisation de cet impressionnant fond de couleur rouge vermillon et ce dernier n'est antérieur que de deux années.