Lot Essay
Ces tableaux illustrent deux épisodes des Métamorphoses d'Ovide et racontent les assauts malheureux de deux dieux sur d'innocentes nymphes dont ils étaient épris.
Alphée, Dieu du fleuve Elide, était le fils d'Océan et de Théthys. Il tomba amoureux de la nymphe des bois Aréthuse qui se baignait dans ses eaux. Souhaitant échapper aux pressantes avances d'Alphée, la jeune nymphe appela Diane à son secours. La déesse intervint et transforma la nymphe en nuage au moment où le dieu allait la saisir.
Le second tableau décrit les mésaventures du dieu Pan, fils de Mercure et de Driope, né moitié homme, moitié bouc. Les nymphes se moquaient de lui pour son aspect ridicule et disgracieux. Il s'éprit de la nymphe Syrinx, l'une des compagnes de Diane, et la poursuivit. Au moment où celle-ci allait succomber, le Dieu fleuve Ladon la prit sous sa protection (Boucher le représente menaçant Pan de son doigt rageur) et la transforma en roseaux afin qu'elle échappe à Pan. Dans un épisode suivant Pan lia des roseaux en souvenir de la nymphe, créant un instrument qui porte son nom.
Ces tableaux sont à mettre en rapport avec une série de quatre tondi de même dimension exécutés par Boucher en 1761 pour Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset (Pan et Syrinx, Alphée et Aréthuse, Cupidon et Psyché et Danaé), aujourd'hui disparus.
Ils sont en effet les 'premières pensées' ou 'bozzetto' des célèbres tableaux de Randon de Boisset. Répertoriés pour la première fois dans la vente posthume de Monsieur Varanchan de Saint-Geniès en décembre 1777, ils furent probablement acquis par cet intéressant collectionneur directement à François Boucher. Varanchan devait sa fortune à sa fille, femme de chambre de la dauphine, grâce à laquelle il avait été nommé fermier général de la Régie du tabac. Ce collectionneur était l'un des plus fervents admirateurs de Boucher et de Fragonard dont il possédait de nombreux tableaux et dessins. L'avis publié en préface du catalogue de sa vente posthume rédigé par Paillet indiquait que Varanchan avait 'les plus belles esquisses et les plus beaux dessins d'un de nos premiers Peintres toujours regretté, et recherché davantage depuis qu'il n'est plus [Boucher]: on verra avec plaisir beaucoup des pensées d'un de ses Eleves [Fragonard], devenu célèbre sans lui ressembler'.
De Fragonard, Varanchan possédait notamment le Portrait de l'Abbé de Saint Nom en costume espagnol au Musée d'Art Moderne de Barcelone, une esquisse du célèbre Verrou (localisation inconnue), le Baiser Maternel (collection privée suisse), une copie de l'Hercule et Omphale de Boucher. Varanchan possédait aussi Les Baigneuses (Musée du Louvre, Fig. 1) qu'il est intéressant de comparer avec Pan et Syrinx et Alphée et Aréthuse de Boucher. La parenté entre deux des baigneuses de Fragonard et les figures de Syrinx et Aréthuse est certaine. Comme le supposait Jean-Pierre Cuzin dans le catalogue raisonné de Fragonard (op. cit. p. 252) les tondi de Boucher furent probablement vus par Fragonard chez Varanchan à son retour d'Italie en 1761. Pourquoi ne pas imaginer que celui-ci commanda à Fragonard une composition inspirée de ses deux tableaux de Boucher?
On sait l'attention que portait Boucher au choix de ses modèles féminins: 'On ne doit presque pas se douter qu'un corps de femme renferme des os...sur plusieurs centaines que j'ai fait deshabiller ..je n'en ai trouvé qu'une seule qui possédât ce haut degré de beauté' (citation de Boucher à son élève Mannlich retrouvée par A. Laing, dans le catalogue de l'exposition François Boucher, New York, Detroit, Paris, 1986-87, p. 272). Ce modèle idéal fut trouvé par l'artiste en la femme de son doreur.
Willy Blumenthal, qui possèdait ces tableaux au début du siècle, demeurait 37 rue Pierre Charon. Il collectionnait les oeuvres du peintre Meissonnier et les objets d'arts, comme l'indique le Répertoire général des collectionneurs de 1908.
Nous remercions Monsieur Alastair Laing d'avoir confirmé l'attribution de ces tableaux d'après photographies et pour son aide à la rédaction de cette notice (communication écrite du 3 mars 2003).
Alphée, Dieu du fleuve Elide, était le fils d'Océan et de Théthys. Il tomba amoureux de la nymphe des bois Aréthuse qui se baignait dans ses eaux. Souhaitant échapper aux pressantes avances d'Alphée, la jeune nymphe appela Diane à son secours. La déesse intervint et transforma la nymphe en nuage au moment où le dieu allait la saisir.
Le second tableau décrit les mésaventures du dieu Pan, fils de Mercure et de Driope, né moitié homme, moitié bouc. Les nymphes se moquaient de lui pour son aspect ridicule et disgracieux. Il s'éprit de la nymphe Syrinx, l'une des compagnes de Diane, et la poursuivit. Au moment où celle-ci allait succomber, le Dieu fleuve Ladon la prit sous sa protection (Boucher le représente menaçant Pan de son doigt rageur) et la transforma en roseaux afin qu'elle échappe à Pan. Dans un épisode suivant Pan lia des roseaux en souvenir de la nymphe, créant un instrument qui porte son nom.
Ces tableaux sont à mettre en rapport avec une série de quatre tondi de même dimension exécutés par Boucher en 1761 pour Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset (Pan et Syrinx, Alphée et Aréthuse, Cupidon et Psyché et Danaé), aujourd'hui disparus.
Ils sont en effet les 'premières pensées' ou 'bozzetto' des célèbres tableaux de Randon de Boisset. Répertoriés pour la première fois dans la vente posthume de Monsieur Varanchan de Saint-Geniès en décembre 1777, ils furent probablement acquis par cet intéressant collectionneur directement à François Boucher. Varanchan devait sa fortune à sa fille, femme de chambre de la dauphine, grâce à laquelle il avait été nommé fermier général de la Régie du tabac. Ce collectionneur était l'un des plus fervents admirateurs de Boucher et de Fragonard dont il possédait de nombreux tableaux et dessins. L'avis publié en préface du catalogue de sa vente posthume rédigé par Paillet indiquait que Varanchan avait 'les plus belles esquisses et les plus beaux dessins d'un de nos premiers Peintres toujours regretté, et recherché davantage depuis qu'il n'est plus [Boucher]: on verra avec plaisir beaucoup des pensées d'un de ses Eleves [Fragonard], devenu célèbre sans lui ressembler'.
De Fragonard, Varanchan possédait notamment le Portrait de l'Abbé de Saint Nom en costume espagnol au Musée d'Art Moderne de Barcelone, une esquisse du célèbre Verrou (localisation inconnue), le Baiser Maternel (collection privée suisse), une copie de l'Hercule et Omphale de Boucher. Varanchan possédait aussi Les Baigneuses (Musée du Louvre, Fig. 1) qu'il est intéressant de comparer avec Pan et Syrinx et Alphée et Aréthuse de Boucher. La parenté entre deux des baigneuses de Fragonard et les figures de Syrinx et Aréthuse est certaine. Comme le supposait Jean-Pierre Cuzin dans le catalogue raisonné de Fragonard (op. cit. p. 252) les tondi de Boucher furent probablement vus par Fragonard chez Varanchan à son retour d'Italie en 1761. Pourquoi ne pas imaginer que celui-ci commanda à Fragonard une composition inspirée de ses deux tableaux de Boucher?
On sait l'attention que portait Boucher au choix de ses modèles féminins: 'On ne doit presque pas se douter qu'un corps de femme renferme des os...sur plusieurs centaines que j'ai fait deshabiller ..je n'en ai trouvé qu'une seule qui possédât ce haut degré de beauté' (citation de Boucher à son élève Mannlich retrouvée par A. Laing, dans le catalogue de l'exposition François Boucher, New York, Detroit, Paris, 1986-87, p. 272). Ce modèle idéal fut trouvé par l'artiste en la femme de son doreur.
Willy Blumenthal, qui possèdait ces tableaux au début du siècle, demeurait 37 rue Pierre Charon. Il collectionnait les oeuvres du peintre Meissonnier et les objets d'arts, comme l'indique le Répertoire général des collectionneurs de 1908.
Nous remercions Monsieur Alastair Laing d'avoir confirmé l'attribution de ces tableaux d'après photographies et pour son aide à la rédaction de cette notice (communication écrite du 3 mars 2003).