Lot Essay
Le putorino est un instrument propre à la culture maorie qui fascinait les premiers explorateurs, notamment ceux qui avaient voyagé avec le capitaine Cook et en avaient rapporté plusieurs exemplaires. Formé d’une même pièce de bois matai divisée en deux parties puis évidée, il était attaché avec du lin (dans les régions du nord) ou des racines aériennes de kiekie, une plante des régions centrales et orientales. Les décorations complexes présentes sur de nombreux exemplaires indiquent clairement l’importance que les Maoris accordaient à cet instrument, mais ils ont cessé de l’utiliser peu de temps après l’arrivée des premiers explorateurs, on ne sait pas exactement comment ils en jouaient. Dans son catalogue manuscrit de 1782, George Humphrey a décrit le putorino comme « une étrange trompette ou corne de guerre utilisée par les guerriers de Nouvelle-Zélande... Ils soufflent dedans comme dans une corne et modulent le son en plaçant les doigts sur le gros trou au milieu ». Dans son récit (1778-1780) relatant le deuxième voyage de Cook, Georg Forster a écrit : « Un troisième instrument, que notre peuple appellerait flute, était composé d’un tube creux plus large en son centre, qui était percé d’une ouverture, tout comme les deux extrémités ».
Sur les neuf exemplaires de putorino répertoriés par Adrienne Kaeppler dans son étude exhaustive des artefacts des voyages de Cook (« Artificial Curiosities », Honolulu, 1978, pp. 183-184), cinq sont liés au capitaine par des preuves circonstancielles. Comme elle le souligne, les générations suivantes ont perdu les preuves qui établissaient le lien entre de nombreux artefacts et les voyages de Cook. C’est notamment le cas de la collection du château de Warwick. Quand Sotheby’s a mis en vente trente-trois lots d’art africain et océanien pour le compte des membres du Warwick Castle Resettlement en décembre 1969, le catalogue ne faisait aucune mention d’une quelconque relation avec les expéditions du capitaine Cook. Quelques années plus tard, Adrienne Kaeppler a pu établir un lien solide en identifiant le lot 175 de la vente Sotheby’s, l’image de to’o, un dieu vénéré dans les îles de la Société, comme le même objet illustré par John Frederick Miller dans un dessin de 1771 et conservé à la British Library (Add. Ms. 15,508.26). Cet artefact n’a donc pu être rapporté que lors du premier voyage de Cook à bord de l’Endeavour (1768-1771).
Ralph Nash, par le biais duquel George Ortiz a acquis la statuette hawaïenne du château de Warwick (lot 178), a ensuite écrit à ce dernier pour lui annoncer qu’à l’issue de nombreuses recherches, il était convaincu que cette sculpture provenait d’un des voyages de Cook et avait été acquise anonymement par Joseph Banks lors de la vente de la collection du musée Leverian. George Ortiz n’en a cité aucune preuve lorsqu’il a raconté cette histoire dans In Pursuit of the Absolute: Art of the Ancient World from the George Ortiz Collection (Londres, 1994), et cela paraît hautement improbable aujourd’hui. Adrienne Kaeppler n’a pas inclus la statuette ni aucun autre objet du château de Warwick dans son étude de la collection Leverian (Holophusicon: The Leverian Museum, An Eighteenth-Century English Institution of Science, Curiosity, and Art, Altenstadt, 2011). Sa théorie selon laquelle les comtes de Warwick auraient obtenu leurs artefacts rapportés des voyages de Cook directement auprès de Joseph Banks semble nettement plus vraisemblable. Charles Francis Greville (1749-1809) était le fils cadet de Francis Greville, premier comte de Warwick. C’était un ami intime de Joseph Banks et un membre de la Société des Dilettanti. Joseph Banks avait accompagné James Cook lors de son premier voyage, mais lui et son groupe n’avait pas participé à la seconde expédition, en raison d’un désaccord avec l’amirauté. Il devait rarement voyager par la suite, mais en 1773, il a accompagné Charles Greville, le capitaine John Bentinck et son fils William en Hollande. Ils ont fait halte à La Hague pour visiter la collection zoologique, l’herbier et le jardin botanique de l’université de Leyde, puis à Harlem, Amsterdam, Utrecht et Rotterdam, où Banks et Greville étaient invités par la Société de littérature hollandaise. Charles Greville ne s’est jamais marié et a résidé au siège familial du château de Warwick pendant la dernière partie de sa vie.
Il existe peu de descriptions contemporaines de la collection du château. En 1815, le révérend William Field a écrit An Historical and Descriptive Account of the Town and Castle of Warwick and of the Neighbouring Spa of Leamington. Il y décrit le contenu du passage de l’armurerie du château de Warwick en ces termes : « Cet appartement mériterait largement le nom plus expressif de musée. Il contient une collection de curiosités, la plupart rares et d’une valeur inestimable, et si nombreuses que la liste de leurs noms ferait à elle seul l’objet d’un long catalogue. » (Op. cit. 1815, p. 205). La personne en charge de l’inventaire manuscrit du contenu du château en 1853, aujourd’hui conservé aux archives du comté de Warwick, n’était pas experte en artefacts ethnographiques, ce qui ne permet pas de relier ces descriptions aux objets dont la présence au château était avérée. L’inventaire utilise néanmoins les termes de « mers du Sud » à propos d’un certain nombre d’artefacts, principalement dans ce qui était appelé le « département indien ».
William Oldman (The Oldman Collection of Maori Artifacts, Auckland, 2004, planche 27) a acquis trois putorino primitifs de forme similaire, mais on ne dispose d’aucune information sur leur provenance. Daté de 1772, un dessin de John Frederick Miller, employé par Joseph Banks pour illustrer les artefacts collectionnés par lui et par d’autres, représente une flute ressemblant au lot mis en vente, mais sans la petite tête à la base (British Library, MS 23920, f71(b)). Comme le style et la patine du lot sont tout à fait typiques du XVIIIe siècle, il est fort probable que cet exemplaire de putorino ait été rapporté lors d’un des voyages du capitaine Cook.
Sur les neuf exemplaires de putorino répertoriés par Adrienne Kaeppler dans son étude exhaustive des artefacts des voyages de Cook (« Artificial Curiosities », Honolulu, 1978, pp. 183-184), cinq sont liés au capitaine par des preuves circonstancielles. Comme elle le souligne, les générations suivantes ont perdu les preuves qui établissaient le lien entre de nombreux artefacts et les voyages de Cook. C’est notamment le cas de la collection du château de Warwick. Quand Sotheby’s a mis en vente trente-trois lots d’art africain et océanien pour le compte des membres du Warwick Castle Resettlement en décembre 1969, le catalogue ne faisait aucune mention d’une quelconque relation avec les expéditions du capitaine Cook. Quelques années plus tard, Adrienne Kaeppler a pu établir un lien solide en identifiant le lot 175 de la vente Sotheby’s, l’image de to’o, un dieu vénéré dans les îles de la Société, comme le même objet illustré par John Frederick Miller dans un dessin de 1771 et conservé à la British Library (Add. Ms. 15,508.26). Cet artefact n’a donc pu être rapporté que lors du premier voyage de Cook à bord de l’Endeavour (1768-1771).
Ralph Nash, par le biais duquel George Ortiz a acquis la statuette hawaïenne du château de Warwick (lot 178), a ensuite écrit à ce dernier pour lui annoncer qu’à l’issue de nombreuses recherches, il était convaincu que cette sculpture provenait d’un des voyages de Cook et avait été acquise anonymement par Joseph Banks lors de la vente de la collection du musée Leverian. George Ortiz n’en a cité aucune preuve lorsqu’il a raconté cette histoire dans In Pursuit of the Absolute: Art of the Ancient World from the George Ortiz Collection (Londres, 1994), et cela paraît hautement improbable aujourd’hui. Adrienne Kaeppler n’a pas inclus la statuette ni aucun autre objet du château de Warwick dans son étude de la collection Leverian (Holophusicon: The Leverian Museum, An Eighteenth-Century English Institution of Science, Curiosity, and Art, Altenstadt, 2011). Sa théorie selon laquelle les comtes de Warwick auraient obtenu leurs artefacts rapportés des voyages de Cook directement auprès de Joseph Banks semble nettement plus vraisemblable. Charles Francis Greville (1749-1809) était le fils cadet de Francis Greville, premier comte de Warwick. C’était un ami intime de Joseph Banks et un membre de la Société des Dilettanti. Joseph Banks avait accompagné James Cook lors de son premier voyage, mais lui et son groupe n’avait pas participé à la seconde expédition, en raison d’un désaccord avec l’amirauté. Il devait rarement voyager par la suite, mais en 1773, il a accompagné Charles Greville, le capitaine John Bentinck et son fils William en Hollande. Ils ont fait halte à La Hague pour visiter la collection zoologique, l’herbier et le jardin botanique de l’université de Leyde, puis à Harlem, Amsterdam, Utrecht et Rotterdam, où Banks et Greville étaient invités par la Société de littérature hollandaise. Charles Greville ne s’est jamais marié et a résidé au siège familial du château de Warwick pendant la dernière partie de sa vie.
Il existe peu de descriptions contemporaines de la collection du château. En 1815, le révérend William Field a écrit An Historical and Descriptive Account of the Town and Castle of Warwick and of the Neighbouring Spa of Leamington. Il y décrit le contenu du passage de l’armurerie du château de Warwick en ces termes : « Cet appartement mériterait largement le nom plus expressif de musée. Il contient une collection de curiosités, la plupart rares et d’une valeur inestimable, et si nombreuses que la liste de leurs noms ferait à elle seul l’objet d’un long catalogue. » (Op. cit. 1815, p. 205). La personne en charge de l’inventaire manuscrit du contenu du château en 1853, aujourd’hui conservé aux archives du comté de Warwick, n’était pas experte en artefacts ethnographiques, ce qui ne permet pas de relier ces descriptions aux objets dont la présence au château était avérée. L’inventaire utilise néanmoins les termes de « mers du Sud » à propos d’un certain nombre d’artefacts, principalement dans ce qui était appelé le « département indien ».
William Oldman (The Oldman Collection of Maori Artifacts, Auckland, 2004, planche 27) a acquis trois putorino primitifs de forme similaire, mais on ne dispose d’aucune information sur leur provenance. Daté de 1772, un dessin de John Frederick Miller, employé par Joseph Banks pour illustrer les artefacts collectionnés par lui et par d’autres, représente une flute ressemblant au lot mis en vente, mais sans la petite tête à la base (British Library, MS 23920, f71(b)). Comme le style et la patine du lot sont tout à fait typiques du XVIIIe siècle, il est fort probable que cet exemplaire de putorino ait été rapporté lors d’un des voyages du capitaine Cook.