Lot Essay
L'assemblage de formes épurées qui composent l'oiseau senoufo - un ovale en haut relief inscrit dans un carré - surmonté d'une fine tête courbe, offre à voir l'essence pure des rapaces. Cette sculpture permet clairement de saisir les sources d'inspiration d'artistes modernes, comme Brancusi, qui influencèrent plusieurs de leurs oeuvres.
La collection Bartos pense avec finesse et originalité, et est constituée, au-delà des seules affinités esthétiques, de connivences intellectuelles entre les oeuvres. En résonance à leur goût sophistiqué pour les lignes et les formes, l'oiseau Senoufo occupa, pendant de nombreuses années, une place de choix au sein de la collection Bartos. Dans les années 60, il était placé à côté du tableau de Miro, Le Port (1945), qu'ils avaient acquis auprès de Pierre Matisse, et était juxtaposé à un bronze de Brancusi, Portrait of Nancy Cunard (également appelé Sophisticated Young Lady), (1925-1927). Cette citation de Brancusi resta célèbre: "Ce n'est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l'essence des choses." En effet, dans cette sculpture, c'est l'essence de Nancy Cunard, qui fut la muse de Brancusi pendant un temps, qui est capturée. Cette dernière fut au coeur de l'avant-garde et des cercles modernes et surréalistes à Paris dans les années 1930. Tour à tour écrivain et activiste politique, elle eut parmi ses amants Aldous Huxley, Tristan Tzara, Ezra Pound et Louis Aragon. Elle faisait sensation non seulement avec ses idées politiques mais aussi avec ses tenues, un engagement politique d'une certaine manière, et ses bracelets africains le long de ses bras. Voir le célèbre portrait de Cunard par Man Ray (1926).
Plus tard, l'oiseau Senoufo se trouvait à une place centrale dans leur foyer. Installé à côté d'une sculpture de Noguchi, sans titre (1968) en pierre et en bois (voir Christie's, New York, Contemporary Art Evening Sale, 15 mai 2013, lot 42), c'était toujours la première oeuvre qu'ils voyaient en rentrant chez eux.
L'oiseau des Bartos servait probablement de partie sommitale au prestigieux bâton appelé tefalipitya, récompense faite au sambali, le champion des cultivateurs, très estimé au sein de la communauté agraire. Souvent la partie sommitale du bâton représentait une femme assise, mais les deux variantes offrent des interprétations riches et multiples. Glaze remarque: "les bâtons font l'analogie, universellement comprise, entre l'aigle et la jeunesse (sic), la force, le courage et l'endurance du cultivateur - qualités censées encourager les autres cultivateurs à donner le meilleur d'eux-mêmes pour leur travail afin que les vastes champs d'igname nourrissent le village, comme une mère oiseau nourrirait ses petits." (Art and Death in a Senufo Village, 1981, pp.162-165). Voir Rubin, 1984, Vol 2, p.540 pour une sculpture d'oiseau senoufo comparable provenant de la collection Harter ainsi que pour saisir l'importance que ces oiseaux eurent dans l'esthétique surréaliste.
La collection Bartos pense avec finesse et originalité, et est constituée, au-delà des seules affinités esthétiques, de connivences intellectuelles entre les oeuvres. En résonance à leur goût sophistiqué pour les lignes et les formes, l'oiseau Senoufo occupa, pendant de nombreuses années, une place de choix au sein de la collection Bartos. Dans les années 60, il était placé à côté du tableau de Miro, Le Port (1945), qu'ils avaient acquis auprès de Pierre Matisse, et était juxtaposé à un bronze de Brancusi, Portrait of Nancy Cunard (également appelé Sophisticated Young Lady), (1925-1927). Cette citation de Brancusi resta célèbre: "Ce n'est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l'essence des choses." En effet, dans cette sculpture, c'est l'essence de Nancy Cunard, qui fut la muse de Brancusi pendant un temps, qui est capturée. Cette dernière fut au coeur de l'avant-garde et des cercles modernes et surréalistes à Paris dans les années 1930. Tour à tour écrivain et activiste politique, elle eut parmi ses amants Aldous Huxley, Tristan Tzara, Ezra Pound et Louis Aragon. Elle faisait sensation non seulement avec ses idées politiques mais aussi avec ses tenues, un engagement politique d'une certaine manière, et ses bracelets africains le long de ses bras. Voir le célèbre portrait de Cunard par Man Ray (1926).
Plus tard, l'oiseau Senoufo se trouvait à une place centrale dans leur foyer. Installé à côté d'une sculpture de Noguchi, sans titre (1968) en pierre et en bois (voir Christie's, New York, Contemporary Art Evening Sale, 15 mai 2013, lot 42), c'était toujours la première oeuvre qu'ils voyaient en rentrant chez eux.
L'oiseau des Bartos servait probablement de partie sommitale au prestigieux bâton appelé tefalipitya, récompense faite au sambali, le champion des cultivateurs, très estimé au sein de la communauté agraire. Souvent la partie sommitale du bâton représentait une femme assise, mais les deux variantes offrent des interprétations riches et multiples. Glaze remarque: "les bâtons font l'analogie, universellement comprise, entre l'aigle et la jeunesse (sic), la force, le courage et l'endurance du cultivateur - qualités censées encourager les autres cultivateurs à donner le meilleur d'eux-mêmes pour leur travail afin que les vastes champs d'igname nourrissent le village, comme une mère oiseau nourrirait ses petits." (Art and Death in a Senufo Village, 1981, pp.162-165). Voir Rubin, 1984, Vol 2, p.540 pour une sculpture d'oiseau senoufo comparable provenant de la collection Harter ainsi que pour saisir l'importance que ces oiseaux eurent dans l'esthétique surréaliste.