Lot Essay
Un certificat de Monsieur Charles Ratton sera remis à l'acquéreur.
Monsieur Jean Michel Hoppan, ingénieur au Centre d'Etudes des Langues Indigènes d'Amérique (CNRS) a bien voulu accepter de faire une étude approfondie de ce très beau masque, en voici son commentaire :
« Ce masque est un objet unique, en effet sa facture rappelle beaucoup celle de plusieurs masques dits olmèques, dont on fait remonter la réalisation à l'époque préclassique, en revanche, est représenté là un visage humain dont les traits, autant dans la figuration du profil (front fuyant, nez aquilin) que dans le traitement des yeux (en amande), sont indubitablement de style maya classique, à l'exception du traitement des oreilles qui reste plutôt 'olmèque'» Or on ne connaît pas d'autre équivalent de masques de ce type chez les Maya. En outre une inscription de type également maya classique est gravée sur le front du visage, à l'aide d'incisions passées au cinabre faisant ressortir ses glyphes en rouge sur le support en pierre verdâtre polie; les trois glyphes qui la composent sont disposés horizontalement :
Le premier glyphe, à gauche, est constitué d'un seul signe représentant une main dont le pouce, en haut à gauche, est dirigé vers le bas. En bas, les autres doigts sont dirigés vers la gauche, d'une façon qui rappelle le signe n°170 du catalogue d'Eric Thompson 1962, figurant une main en train d'éparpiller ou d'asperger. Cela dit, le premier signe gravé sur ce masque s'en distingue en ce que ces doigts sont nettement repliés. Ainsi cette main apparaît plus exactement comme la seconde variante, inventoriée par Thompson, de son « affixe » n°220. En 1992, Linda Schele a proposé que cette forme soit logographiquement lisible K'OH : « masque'.
Le second glyphe, au milieu, est composé de deux signes : Un logogramme des couleurs vertes et bleues ('affixe' n°16 du catalogue de Thompson), dont la lecture YAX ('vert', 'bleu') pourrait être ici une allusion à la couleur de la roche dans laquelle a été taillé le masque, un signe en forme de croissant figurant la bouche du 'monstre terrestre'; ce 'croissant' correspond pour sa forme gravée sur les monuments de l'époque classique, au signe n°769 du catalogue de Thompson et pour sa forme peinte dans les manuscrits de l'époque postclassique, au signe n°591. Michel Davoust a proposé dès 1987 que ce signe était un logogramme de valeur WAY, dont la signification est 'lit', 'chambre' et plus généralement 'salle' mais aussi 'sorcier', ce terme constituant également la racine de verbes qui, selon les langues mayas, signifient 'dormir' et 'rêver' (WAYEL en tzeltal) ou bien 'rêver' et 'faire des rêves prémonitoires'» (WAYAK' en yucatèque, qui lorsqu'il est employé comme un substantif signifie également 'pronostic ou paroles de devins ou de rêves').
Aussi ce deuxième glyphe peut-il être lu YAX WAY : 'sorcier vert/bleu' (ou bien 'chambre/salle verte/bleue'?).
Le troisième glyphe, à droite, est composé de trois signes :
- à gauche, un signe correspondant à celui que, dans sa Relacion de las cosas de Yucatan, (1566), l'évêque Diego de Landa a mentionnécomme un équivalent maya de la lettre i (signe n°679 du catalogue de Thompson).
- à droite, une variante dénuée de petit cercle dans sa partie gauche du signe n°513 du catalogue de Thompson, forme fonctionnant dans l'écriture maya comme un syllabogramme de valeur te.
- au dessous, l' 'affixe' n°126 du catalogue de Thompson, dont on suppose qu'il était un syllabogramme de valeur ya.
Ce troisième glyphe devrait être lu I-te-y(a), soit ite'(e)y, dont la signification demeure pour l'instant à élucider. Dans les anciennes inscriptions mayas, l'Affixe N°126 de Thompson marquait souvent un suffixe de l'aspect accompli (à la troisième personne) dans la flexion verbale.
En dépit de ce que la signification du dernier glyphe doit être encore approfondie, l'ensemble de cette inscription est donc tout à fait transcriptible et le contenu d'au moins une partie en est manifestement en rapport direct avec son support.
Enfin la calligraphie tout comme le traitement du visage (à l'exception des oreilles) n'évoquent pas un style particulièrement précoce, mais plutôt celui d'une production du Classique Récent (VIIèmem siècles)
Monsieur Jean Michel Hoppan, ingénieur au Centre d'Etudes des Langues Indigènes d'Amérique (CNRS) a bien voulu accepter de faire une étude approfondie de ce très beau masque, en voici son commentaire :
« Ce masque est un objet unique, en effet sa facture rappelle beaucoup celle de plusieurs masques dits olmèques, dont on fait remonter la réalisation à l'époque préclassique, en revanche, est représenté là un visage humain dont les traits, autant dans la figuration du profil (front fuyant, nez aquilin) que dans le traitement des yeux (en amande), sont indubitablement de style maya classique, à l'exception du traitement des oreilles qui reste plutôt 'olmèque'» Or on ne connaît pas d'autre équivalent de masques de ce type chez les Maya. En outre une inscription de type également maya classique est gravée sur le front du visage, à l'aide d'incisions passées au cinabre faisant ressortir ses glyphes en rouge sur le support en pierre verdâtre polie; les trois glyphes qui la composent sont disposés horizontalement :
Le premier glyphe, à gauche, est constitué d'un seul signe représentant une main dont le pouce, en haut à gauche, est dirigé vers le bas. En bas, les autres doigts sont dirigés vers la gauche, d'une façon qui rappelle le signe n°170 du catalogue d'Eric Thompson 1962, figurant une main en train d'éparpiller ou d'asperger. Cela dit, le premier signe gravé sur ce masque s'en distingue en ce que ces doigts sont nettement repliés. Ainsi cette main apparaît plus exactement comme la seconde variante, inventoriée par Thompson, de son « affixe » n°220. En 1992, Linda Schele a proposé que cette forme soit logographiquement lisible K'OH : « masque'.
Le second glyphe, au milieu, est composé de deux signes : Un logogramme des couleurs vertes et bleues ('affixe' n°16 du catalogue de Thompson), dont la lecture YAX ('vert', 'bleu') pourrait être ici une allusion à la couleur de la roche dans laquelle a été taillé le masque, un signe en forme de croissant figurant la bouche du 'monstre terrestre'; ce 'croissant' correspond pour sa forme gravée sur les monuments de l'époque classique, au signe n°769 du catalogue de Thompson et pour sa forme peinte dans les manuscrits de l'époque postclassique, au signe n°591. Michel Davoust a proposé dès 1987 que ce signe était un logogramme de valeur WAY, dont la signification est 'lit', 'chambre' et plus généralement 'salle' mais aussi 'sorcier', ce terme constituant également la racine de verbes qui, selon les langues mayas, signifient 'dormir' et 'rêver' (WAYEL en tzeltal) ou bien 'rêver' et 'faire des rêves prémonitoires'» (WAYAK' en yucatèque, qui lorsqu'il est employé comme un substantif signifie également 'pronostic ou paroles de devins ou de rêves').
Aussi ce deuxième glyphe peut-il être lu YAX WAY : 'sorcier vert/bleu' (ou bien 'chambre/salle verte/bleue'?).
Le troisième glyphe, à droite, est composé de trois signes :
- à gauche, un signe correspondant à celui que, dans sa Relacion de las cosas de Yucatan, (1566), l'évêque Diego de Landa a mentionnécomme un équivalent maya de la lettre i (signe n°679 du catalogue de Thompson).
- à droite, une variante dénuée de petit cercle dans sa partie gauche du signe n°513 du catalogue de Thompson, forme fonctionnant dans l'écriture maya comme un syllabogramme de valeur te.
- au dessous, l' 'affixe' n°126 du catalogue de Thompson, dont on suppose qu'il était un syllabogramme de valeur ya.
Ce troisième glyphe devrait être lu I-te-y(a), soit ite'(e)y, dont la signification demeure pour l'instant à élucider. Dans les anciennes inscriptions mayas, l'Affixe N°126 de Thompson marquait souvent un suffixe de l'aspect accompli (à la troisième personne) dans la flexion verbale.
En dépit de ce que la signification du dernier glyphe doit être encore approfondie, l'ensemble de cette inscription est donc tout à fait transcriptible et le contenu d'au moins une partie en est manifestement en rapport direct avec son support.
Enfin la calligraphie tout comme le traitement du visage (à l'exception des oreilles) n'évoquent pas un style particulièrement précoce, mais plutôt celui d'une production du Classique Récent (VIIèmem siècles)