STATUE D'ANCÊTRE EYEMA-O-BYERI, FANG
STATUE D'ANCÊTRE EYEMA-O-BYERI, FANG

NORD GABON

Details
STATUE D'ANCÊTRE EYEMA-O-BYERI, FANG
Nord Gabon
Importante statue d'ancêtre masculin en position probablement assise, le dos terminé par le piquet de fixation sur la boite reliquaire. La tête imposante porte une coiffe en casque, composée de tresses jointes formant un long catogan tombant bas sur la nuque, percée au sommet de trous pour fixer des plumets ; des clous de cuivre rehaussent le nattage. Le visage est large, encadré par les oreilles en demi-cercle percées pour recevoir des boucles ; sous le front bombé les yeux s'inscrivent en relief dans les orbites concaves, des clous de cuivre marquent les pupilles. e nez droit est fort, la bouche horizontale est pincée sur le menton peu marqué. Le cou cylindrique repose sur les larges épaules ; au tronc évasé la poitrine saille de ses puissants pectoraux. A l'abdomen, l'ombilic forme un bec surplombant le pénis fortement marqué. Tout le corps est modelé en force par la musculature présente en chaque élément, dans les bras aux biceps, et au dos, de part et d'autre du sillon vertébral jusqu'au fessier galbé. Au biceps gauche est fixé un bracelet ; la ceinture abdominale est gravée d'une frise de triangles.
Hauteur : 42cm (16½in)
Bois, cuivre, résine et huile, exceptionnelle patine d'usage sacrificielle ; accidents, manques
Socle Inagaki
Provenance
Ancienne collection Joseph Mueller, acquise chez Anthony Moris en 1939
Literature
Publié : "Art Ancestral du Gabon dans la collection Barbier-Mueller", Louis Perrois, Genève,1984, p. 218, n° 70

Lot Essay

Nonobstant les manques visibles au bras gauche et aux jambes, la statue conserve toute sa puissante présence évocatrice, liée à son rôle éminent de gardienne des reliques du clan. La résine et l'huile ruisselant sur le corps mettent en valeur la puissance de la sculpture.

Longuement étudié par Louis Perrois dans son ouvrage sur les Arts du Gabon dans la collection Barbier-Mueller, ce byeri serait une oeuvre de style Mvaï ou d'un sous-style de cette école de sculpture Fang dont on ne connaît que très peu d'exemplaires. Il a en commun avec les statues Mvaï son maintien et certains détails : au visage, comme le galbe du front et les yeux en grains de café piqués de clous de cuivre aux pupilles, au corps, les tatouages gravés en triangles inversés ; ce motif caractéristique de l'ornementation Fang du nord Gabon et de la Guinée Equatoriale reproduit sur les armes, les tambours et les statues et masques, dont Gunther Tessman fit un relevé précis dans son ouvrage "Die Pangwe".
Concernant le style de cet objet on observe qu'il se rapproche aussi des formes puissantes des objets Fang Okak et Betsi de Guinée Equatoriale, et en particulier de certaines têtes reliquaires de ces régions dont les coiffures en catogan sont remarquables.

Outre la force de sa sculpture, un autre aspect de ce byeri lui confère un caractère exceptionnel, il s'agit de sa patine suintante qu'il est permis de qualifier de "pahouinissime"
tant elle est le plus parfait exemple de la patine Fang et démontre à quel point cet objet fut vénéré pendant des générations, probablement dès le milieu du 19ème siècle. Cette magnifique patine suintante qui habille la sculpture d'un manteau chatoyant est la résultante du culte attentif et des onctions d'huiles de palme rituellement déversées, conjuguée à l'exsudation naturelle du bois résineux où étaient sculptés à dessein ces objets magiques. Ce suintement naturel ajoute un aspect de vie intérieure surnaturel à la statue dont la fonction et la nature magique étaient ainsi renforcés .

Ainsi ce byeri allie au plus haut niveau les grands critères de l'art Fang, empreint de puissance et d'une intense religiosité ; sa patine si désirable aux yeux des amateurs semble aujourd'hui encore vouloir repousser les profanes que nous sommes, et nous avertir:Noli me tangere, ne me touchez pas!

IMPORTANT EYEMA-O-BYERI ANCESTOR FIGURE, NORTH GABON

Despite the obvious damage to legs and left arm, the figure retains all of its powerful presence as guardian of the tribal relics. The resins and oils dripping down its body emphasise its power as a sculpture.

The figure has been the subject of an extended study by Louis Perrois in his work The Arts of Gabon in the Barbier-Mueller Collection. This byeri he says is in the style of the Mavaï or may in fact be a sub-style of Fang culture of which very few pieces are known. It shares certain details with the Mavaï: the face and frontal headdress and the coffee bean eyes with copper nail pupils. The triangular tattoos on the body are characteristic of Fang ornamentation in North Gabon and Equatorial New Guinea and are found on weapons, drums, figures and masks, as listed in Gunther Tessman's work Die Pangwe. The style of this object can be compared to that of the Fang Okak and Betsi of Equatorial Guinea, an in particular to the style of hair on certain reliquary heads of these regions.

Apart from its sculptural force, this piece is a particularly important example of Fang patination, showing how an object can be venerated for generations, probably from the middle of the 19th century. The gleaming patina which envelopes this piece is the result of the application of palm oils and unctions combined with the natural resins of the wood. This gleaming surface adds another dimension to the statue reinforcing its magical nature.

Thus the byeri unites at the highest level the main characteristics of Fang carving, and is imprinted with an intensely religious feeling. The gleaming patina so beloved of collectors seems to say to us sinners, Noli me tangere - Let no man touch me.

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