Lot Essay
Le marquis de Saint-Marc avait dix-sept ans lorsqu'il partit pour la bataille de Fontenoy, qui eut lieu en 1745. Cette glorieuse bataille fut l'apogée de la carrière militaire de Saint-Marc, qui s'illustra en déployant son étendard au milieu des troupes ennemies et fut embrassé par le roi en remerciement. Il est très probable que Saint-Marc, en commandant en 1788 un tableau à Michel Garnier, avait donné à l'artiste des instructions précises sur les personnages représentés et la scène illustrée. L'oeuvre montre les adieux du marquis à sa mère, qui lui désigne les portraits de ses ancêtres en lui recommandant d'en être digne, alors que la fiancée de l'officier lui tend une écharpe de commandement. Cet appel au sens de l'honneur du marquis devait par ailleurs évoquer, aux yeux du spectateur de l'époque, l'Epître de la Chevalerie, livre dont Saint-Marc était l'auteur (dans la vente de 1859, la notice du catalogue précise que le tableau illustrait des vers de ce livre). Mais le décor et les costumes ne sont pas ceux de 1745 : les sièges de Jacob, le châle croisé porté par les élégantes après 1780, et même les petites pièces intimes devenues à la mode sous Louis XVI, appartiennent bien au répertoire habituel de l'artiste, qui, dans toutes ses scènes de genre, décrivit avec virtuosité les riches intérieurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle. Ces oeuvres révèlent l'influence de Louis-Léopold Boilly et Marguerite Gérard, qui avaient eux-mêmes beaucoup étudié les "petits maîtres" de tableaux de genre hollandais du siècle précédent. On peut par ailleurs supposer que Michel Garnier connut personnellement Marguerite Gérard: celle-ci était la belle-soeur de Fragonard, qui fut le conseiller du marquis de Saint-Marc lors de la constitution de sa collection. Il est aussi possible qu'un tableau de Pierre-Alexandre Wille, représentant Les adieux d'un soldat et de son père et daté de 1785 (conservé au Musée National de Blérancourt) ait été une source d'inspiration pour l'artiste lors de la réalisation du présent tableau.
Peu de documents subsistent sur la vie et l'oeuvre de Michel Garnier, peintre répertorié entre 1781 et 1814. Sans doute grâce à son père, employé du Duc d'Orléans, il bénéficia de la protection de la maison d'Orléans. Son premier tableau daté, en 1781, est d'ailleurs un Portrait du duc Louis-Philippe. Il est probable que l'appartenance de Michel Garnier à la franc-maçonnerie, dont le duc d'Orléans était le Grand Maître, lui permit de trouver des commanditaires pour ses oeuvres, peut-être même le marquis de Saint-Marc qui était lui même franc-maçon. A partir de 1785, Garnier produisit régulièrement des scènes de genre, qui possèdent les qualités du présent tableau, notamment l'intérêt porté aux différentes textures et la grâce des personnages féminins. Le succès de certaines compositions incita l'artiste à faire plusieurs versions d'une même oeuvre : le Musée Carnavalet possède un "Départ d'Officier", daté de 1789, très proche du tableau peint pour Saint-Marc.
La révolution ne découragea pas Michel Garnier, qui au contraire put exposer des scènes de genre au Salon, après l'ouverture de celui-ci aux peintres non académiciens en 1791. Ces oeuvres reçurent en général une critique favorable, certains chroniqueurs soulignant la subtilité des jeux de lumière et du traitement des matériaux.
Michel Garnier résida à l'île Maurice entre 1801 et 1810 : il y peignit de nombreuses natures mortes, qu'il ramena en France. De santé fragile, il ne peignit plus après son retour sur le continent.
Peu de documents subsistent sur la vie et l'oeuvre de Michel Garnier, peintre répertorié entre 1781 et 1814. Sans doute grâce à son père, employé du Duc d'Orléans, il bénéficia de la protection de la maison d'Orléans. Son premier tableau daté, en 1781, est d'ailleurs un Portrait du duc Louis-Philippe. Il est probable que l'appartenance de Michel Garnier à la franc-maçonnerie, dont le duc d'Orléans était le Grand Maître, lui permit de trouver des commanditaires pour ses oeuvres, peut-être même le marquis de Saint-Marc qui était lui même franc-maçon. A partir de 1785, Garnier produisit régulièrement des scènes de genre, qui possèdent les qualités du présent tableau, notamment l'intérêt porté aux différentes textures et la grâce des personnages féminins. Le succès de certaines compositions incita l'artiste à faire plusieurs versions d'une même oeuvre : le Musée Carnavalet possède un "Départ d'Officier", daté de 1789, très proche du tableau peint pour Saint-Marc.
La révolution ne découragea pas Michel Garnier, qui au contraire put exposer des scènes de genre au Salon, après l'ouverture de celui-ci aux peintres non académiciens en 1791. Ces oeuvres reçurent en général une critique favorable, certains chroniqueurs soulignant la subtilité des jeux de lumière et du traitement des matériaux.
Michel Garnier résida à l'île Maurice entre 1801 et 1810 : il y peignit de nombreuses natures mortes, qu'il ramena en France. De santé fragile, il ne peignit plus après son retour sur le continent.