COUPE EN LAQUE TIXI
COLLECTION DE LAQUES DE MONSIEUR ET MADAME LAHMANI "Débutée par hasard grâce à la découverte d'un objet curieux dans la vitrine d'un vieil antiquaire, cette collection s'est enrichie au fil des ans, nous menant de France en Chine puis au Japon, en Amérique du Nord, à Honolulu, en Suède, en Ecosse et enfin en Angleterre" raconte Madame Lahmani. "Au-delà d'une apparente simplicité des formes et des décors, nous découvrions un raffinement délicat dans les détails, un souci de dépouillement qui nous ont fascinés pendant trente ans. C'est ainsi que notre intérêt pour la richesse et la grande variété des laques n'a cessé de s'accroître année après année". La laque provient du laquier (Rhus Verniciflua) que l'on trouve en Chine Centrale et du Sud. Ce dernier produit en très petites quantités une sève visqueuse de couleur gris-blanc qui, exposée à la lumière et à l'air, s'assombrit rapidement en brun foncé en même temps que se déclenche un processus de durcissement. Avant d'être utilisée, la sève est soigneusement filtrée et débarrassée de son excédent d'eau. La laque ainsi épurée est essentiellement composée d'urushiol, un hydrocarbone, qui, dans un environnement humide et grâce à des phénomènes complexes de polymérisation et d'oxydation, devient une sorte de plastique naturel. Elle peut être utilisée tel quelle ou combinée avec des pigments rouges, verts, jaunes, noirs et blancs afin d'obtenir une matière colorée. Très résistante, elle a naturellement été utilisée comme revêtement de matériaux tels que le bois, le cuir ou bien les textiles, comme élément de décoration ou bien pouvait être sculptée. Les laques sculptées nécessitent un travail très important. Trente couches sont nécessaires à l'obtention d'un 1 mm d'épaisseur, chaque couche devant sécher pendant quarante-huit heures. Le motif est sculpté dans l'épaisseur des diverses couches accumulées, l'une d'elles de couleur différente indiquant au sculpteur que la profondeur souhaitée est atteinte. Parmi les laques sculptées, certaines sont connues sous le nom de guri (pommeau d'épée ou volute) d'après le terme japonais et sous le nom de tixi en chinois. Ce type de laque est composé de couches de couleurs différentes qui, gravées dans le creux, produisent un réel effet décoratif. D'autres sont le support d'une grande variété de motifs: fleurs, scènes de personnages, oiseaux, rochers... Certaines pièces impériales portent la marque d'Empereurs et peuvent être décorées de motifs spécifiques tels que les dragons (Lot 29). Habituellement de couleur rouge, ces laques sculptées pouvaient être noires, brunes, jaunes ou vertes (Lot 15). L'intérêt qu'éprouvèrent Monsieur et Madame Lahmani pour les laques ne se limita pas aux seules laques sculptées mais se porta également sur les pièces à décor gravé et souligné à l'or. Cette technique appelée qiangjin (lignes gravées et dorées) fut l'une des plus populaires sous les Yuan et les Ming. Elle consistait à inciser un motif sur le fond de laque rouge, noir ou brun et d'y appliquer une fine couche d'or. Une coupe de cette collection (Lot 3) à décor de rinceaux fleuris illustre parfaitement cette technique. Dès le début du XVème siècle la technique qiangjin était associée à une autre technique, celle de la laque incrustée ou tianqi. Ici, les éléments du décor étaient creusés dans la laque, souvent de couleur cuir, encore non solidifiée et comblés de laques d'autres couleurs. La combinaison des deux techniques, appelée diaotian, est illustrée par la paire de coupes à pieds de cette collection (Lot 17). Depuis toujours, la laque a été utilisée comme base pour les incrustations. Celles-ci pouvaient être de cuivre comme sur la boîte rectangulaire ornée d'une scène de personnages et présentée ici (Lot 39), ou bien plus souvent de nacre. Les laques à décor en incrustations de nacre sont connues sous le terme luotian en chinois ou laque burgautée en français. Sous la dynastie Yuan, les artistes chinois montrèrent leur maîtrise de cette technique dont la difficulté principale était de prélever de très petits fragments du coquillage haliotis et de les appliquer sur la laque encore humide. Ses reflets vert, rose, bleu et mauve en faisant un composant idéal pour les décors les plus complexes (Lots 12, 13 et 14). A ces incrustations de nacre venaient s'ajouter celles en pierres dures, en ivoire, en corne et en os, dont le repose-bras (Lot 26) à décor d'oiseau et branche de cerisier et présenté ici, constitue un bel exemple. Hormis les laques illustrant les diverses techniques citées précédemment, cette collection comporte une boîte à décor marbré lisse (Lot 45) qui témoigne une nouvelle fois de l'habileté des laqueurs chinois. Le procédé de décoration consistait à déposer sur le support des couches de laques de couleurs et d'épaisseurs différentes et par la suite de les polir jusqu'à l'obtention d'une surface plane. Cette dernière révélait des motifs abstraits semblables à des "marbrures" parfois appelés peau de rhinocéros pour sa ressemblance avec la peau de l'animal. Enfin, cette collection rassemble également des laques peintes dont un écran de table (Lot 20), une boîte à sceaux (Lot 21), ou encore une large boîte circulaire de l'époque Kangxi (1662-1722) (Lot 18). Ses côtés en osier tressé et laqué la rapprochent de pièces produites dans les îles Ryukyu. Ces îles situées entre Taiwan et le sud du Japon entretenaient depuis les Ming des liens étroits avec la Chine et échangeaient vraissemblablement leurs techniques. Il est ainsi difficile de déterminer la provenance exacte de certaines pièces entre la Chine et les îles Ryukyu. Cet aperçu rapide des techniques et leurs illustrations par certaines pièces, permettent de mieux ressentir le savoir et la passion qui présidèrent à l'élaboration de cette collection.
COUPE EN LAQUE TIXI

CHINE, DYNASTIE MING, XVÈME SIECLE

Details
COUPE EN LAQUE TIXI
CHINE, DYNASTIE MING, XVème SIECLE
Les différentes couches rouges et noires profondément incisées, sur fond ocre, de cinq motifs de volutes disposées autour d'un pied cylindrique ; l'intérieur laqué noir
Hauteur: 4 cm. (1 5/8 in.), Diamètre: 6,5 cm. (2½ in.)
Further details
A TIXI LACQUER CUP
CHINA, MING DYNASTY, 15TH CENTURY

Lot Essay

A similarly decorated cup but fitted with silver lining was formerly in the collection of Sir Harry Garner, illustrated in Chinese and Associated Lacquer from the Garner Collection, 1973, no.11, pl.5b, another very close one is kept at the British Museum and illustrated in Sir Harry Garner, Chinese Lacquer, Faber and Faber, London/Boston 1979, pl.53

More from MOBILIER, OBJETS D'ART, ORFEVRERIE, CERAMIQUES

View All
View All