Lot Essay
Amadeo, cinquième Comte Preziosi, était le fils d'une française et d'un aristocrate maltais qui représentat l'île au congrès d'Amiens de 1803. Sa famille fut anoblie par Amadeo, Roi des Deux-Siciles, en 1718. En 1840 Preziosi fut envoyé à Paris par son père pour devenir avocat mais le jeune homme préféra plutôt étudier le dessin à l'Ecole des Beaux-Arts. Dès 1842 il se rendit à Constantinople où il habita jusqu'à la fin de sa vie.
En 1844 le diplomate anglais Robert Curzon lui commanda un album de costumes turcs (maintenant au British Museum, inv. 197b15). A partir des années 1850 Preziosi fut proche des milieux anglais de Constantinople, travaillant beaucoup pour le Illustrated London News. Par exemple, en 1859, il envoya à Londres le dessin d'un banquet donné en l'honneur de l'anniversaire de la reine Victoria ou en 1870 un dessin des ruines de Pera, le quartier européen de Constantinople, après un incendie. Le 8 avril 1869, il reçut la visite du Prince de Galles, qui lui acheta quelques aquarelles, encore aujourd'hui conservées dans les collections royales anglaises à Windsor Castle.
En 1858, Preziosi publia à Paris chez Lemercier une série de 29 lithographies en couleurs de sujets turcs, et 1863 un autre album de vues du Caire où il s'était rendu l'année précédente avec H.C. du Bois, un diplomate hollandais. A la fin des années 1860, il voyagea beaucoup à Bucarest, probablement sur invitation du Prince Charles I de Roumanie qui visita son atelier à Constantinople en novembre 1866. Un album de paysages roumains est au Muzeul de Arta al Republicii à Bucarest. Cet album contient une autre version du dessin no. 69 du présent album.
Preciozi mourut d'un accident de chasse en 1882. Sa nécrologie, parue en français dans le Eastern Express du 29 septembre 1882, le décrit comme 'élevé, plein d'énergie, aimant les arts jusqu'à l'enthousiasme, il était aimé de tout ceux qui l'approchaient. Il était sincère et modeste. [...] Il avait tant de naturel dans ses croquis, le dessin et le coloris en était si parfaits, la vérité du sujet que l'artiste voulait représenter était si saisissante, que tous les voyageurs venant à Constatinople ne manquaient pas de visiter son atelier et d'acheter ses croquis qui ont ainsi acquis une renommée universelle'.
En dehors de l'album du British Museum de 1844 et de celui de Bucarest un autre album de costumes de 1843 est au Victoria and Albert Museum à Londres (B. Llewellyn et C. Newton, The People & Places of Constantinople, exhib. cat., Londres, Victoria and Albert Museum, 1985); un album de 1855 de 48 vues d'Italie, de Turquie et d'Egypte a été vendu à Sotheby's, Londres, 21 mars 1985, lot 328; 31 costumes turcs de 1851-2 ont été vendus à Christie's, Londres, 25 juin 1987, lot 132; et un album de 32 dessins à Sotheby's, Londres, 15 février 1990, lot 223. Des aquarelles de Constantinople ont été vendues à Christie's, Londres, 21 juin 2001, lot 11 et à Sotheby's Londres, 24 octobre 1990, lot 192b et 23 octobre 1991, lot 223.
Le présent album fut l'objet d'une commande d'un aristocrate anglais de la famille Montrose visitant Constantinople au début des années 1870. C'est certainement l'album le plus complet et le plus important de Preziosi.
£our réaliser cet album l'artiste partit de Constantinople peu après le 11 mai 1872 pour rejoindre son île natale, où il ne resta que le temps d'une escale. Il embarqua ensuite pour la Sicile. Entre le 22 mai et le 10 juin il remonta toute la péninsule italienne, passant par Naples, Rome, Florence et Turin. Il en profita pour réaliser 26 dessins. Le 10 juin il prit le train de Turin en direction de Paris. C'est à Paris, où il avait habité 32 ans plus tôt, qu'il réalisa la plus grande série de dessins: 21 feuilles.
La vue des Tuileries en ruine (no. 33) est contemporaine du fameux tableau d'Ernest Meissonnier conservé au château de Compiègne. Elle fut dessinée le 28 juin 1882, 13 mois après que le bâtiment eut été incendié pendant la Commune et à peine six mois avant que le parlement ne prenne la décision de raser définitivement le château (voir lot 149 pour le château encore debout). Le dessin 36 représente La Grenouillière un site sur l'île de Croissy sur la Seine à la mode autour des années 1870, peint par des impressionistes comme Renoir (tableau à Stockholm), Monet (tableau à la National Gallery à Londres), Caillebotte, et visité par Napoléon III, l'écrivain Maupassant ou plus tard Apollinaire. Comme la Grenouillière, Bougival (dessin 41) fut aussi abondamment peint par Sisley, Monet et d'autres impressionistes (tableau au Metropolitan Museum of Art à New York).
Le Bal Mabille (dessin no. 34) fut ouvert sur l'avenue Montaigne par les frères Mabille et dut son succès à l'éclairage au gaz, une nouveauté, qui permettait d'ouvrir le bal le soir en plus de l'après-midi. Le dessin 39 représente une salle du Musée du Luxembourg, alors consacré à la sculpture contemporaine. La sculpture au premier plan représente L'enfance de Bacchus de 1863 par Jean-Joseph Perraud aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier. Hébé endormie, avec l'aigle, à droite fut commandé à Carrier-Belleuse en 1868, et a été exposé au Luxembourg entre 1872 et 1874 (aujourd'hui à Orsay). Les statues de chaque côté du Carrier-Belleuse sont de Paul Dubois et sont aussi à Orsay (Chanteur Florentin et Saint Jean-Baptiste enfant). Le marbre à gauche de Chanteur Florentin est d'Eugène Guillaume (à Orsay).
Le boulevard des Italiens (dessin no. 43) a été ouvert pendant le Second Empire par le Baron Haussmann et terminé en 1872, l'année où Preziosi fit le dessin.
Après le 8 septembre Preziosi quitta Paris, probablement de nouveau en train, pour suivre le Danube depuis Budapest jusqu'à Bucarest, mais à partir du 17 septembre les dessins cessent d'être datés. L'album se termine par une suite de vues de Constantinople depuis le Bosphore.
En 1844 le diplomate anglais Robert Curzon lui commanda un album de costumes turcs (maintenant au British Museum, inv. 197b15). A partir des années 1850 Preziosi fut proche des milieux anglais de Constantinople, travaillant beaucoup pour le Illustrated London News. Par exemple, en 1859, il envoya à Londres le dessin d'un banquet donné en l'honneur de l'anniversaire de la reine Victoria ou en 1870 un dessin des ruines de Pera, le quartier européen de Constantinople, après un incendie. Le 8 avril 1869, il reçut la visite du Prince de Galles, qui lui acheta quelques aquarelles, encore aujourd'hui conservées dans les collections royales anglaises à Windsor Castle.
En 1858, Preziosi publia à Paris chez Lemercier une série de 29 lithographies en couleurs de sujets turcs, et 1863 un autre album de vues du Caire où il s'était rendu l'année précédente avec H.C. du Bois, un diplomate hollandais. A la fin des années 1860, il voyagea beaucoup à Bucarest, probablement sur invitation du Prince Charles I de Roumanie qui visita son atelier à Constantinople en novembre 1866. Un album de paysages roumains est au Muzeul de Arta al Republicii à Bucarest. Cet album contient une autre version du dessin no. 69 du présent album.
Preciozi mourut d'un accident de chasse en 1882. Sa nécrologie, parue en français dans le Eastern Express du 29 septembre 1882, le décrit comme 'élevé, plein d'énergie, aimant les arts jusqu'à l'enthousiasme, il était aimé de tout ceux qui l'approchaient. Il était sincère et modeste. [...] Il avait tant de naturel dans ses croquis, le dessin et le coloris en était si parfaits, la vérité du sujet que l'artiste voulait représenter était si saisissante, que tous les voyageurs venant à Constatinople ne manquaient pas de visiter son atelier et d'acheter ses croquis qui ont ainsi acquis une renommée universelle'.
En dehors de l'album du British Museum de 1844 et de celui de Bucarest un autre album de costumes de 1843 est au Victoria and Albert Museum à Londres (B. Llewellyn et C. Newton, The People & Places of Constantinople, exhib. cat., Londres, Victoria and Albert Museum, 1985); un album de 1855 de 48 vues d'Italie, de Turquie et d'Egypte a été vendu à Sotheby's, Londres, 21 mars 1985, lot 328; 31 costumes turcs de 1851-2 ont été vendus à Christie's, Londres, 25 juin 1987, lot 132; et un album de 32 dessins à Sotheby's, Londres, 15 février 1990, lot 223. Des aquarelles de Constantinople ont été vendues à Christie's, Londres, 21 juin 2001, lot 11 et à Sotheby's Londres, 24 octobre 1990, lot 192b et 23 octobre 1991, lot 223.
Le présent album fut l'objet d'une commande d'un aristocrate anglais de la famille Montrose visitant Constantinople au début des années 1870. C'est certainement l'album le plus complet et le plus important de Preziosi.
£our réaliser cet album l'artiste partit de Constantinople peu après le 11 mai 1872 pour rejoindre son île natale, où il ne resta que le temps d'une escale. Il embarqua ensuite pour la Sicile. Entre le 22 mai et le 10 juin il remonta toute la péninsule italienne, passant par Naples, Rome, Florence et Turin. Il en profita pour réaliser 26 dessins. Le 10 juin il prit le train de Turin en direction de Paris. C'est à Paris, où il avait habité 32 ans plus tôt, qu'il réalisa la plus grande série de dessins: 21 feuilles.
La vue des Tuileries en ruine (no. 33) est contemporaine du fameux tableau d'Ernest Meissonnier conservé au château de Compiègne. Elle fut dessinée le 28 juin 1882, 13 mois après que le bâtiment eut été incendié pendant la Commune et à peine six mois avant que le parlement ne prenne la décision de raser définitivement le château (voir lot 149 pour le château encore debout). Le dessin 36 représente La Grenouillière un site sur l'île de Croissy sur la Seine à la mode autour des années 1870, peint par des impressionistes comme Renoir (tableau à Stockholm), Monet (tableau à la National Gallery à Londres), Caillebotte, et visité par Napoléon III, l'écrivain Maupassant ou plus tard Apollinaire. Comme la Grenouillière, Bougival (dessin 41) fut aussi abondamment peint par Sisley, Monet et d'autres impressionistes (tableau au Metropolitan Museum of Art à New York).
Le Bal Mabille (dessin no. 34) fut ouvert sur l'avenue Montaigne par les frères Mabille et dut son succès à l'éclairage au gaz, une nouveauté, qui permettait d'ouvrir le bal le soir en plus de l'après-midi. Le dessin 39 représente une salle du Musée du Luxembourg, alors consacré à la sculpture contemporaine. La sculpture au premier plan représente L'enfance de Bacchus de 1863 par Jean-Joseph Perraud aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier. Hébé endormie, avec l'aigle, à droite fut commandé à Carrier-Belleuse en 1868, et a été exposé au Luxembourg entre 1872 et 1874 (aujourd'hui à Orsay). Les statues de chaque côté du Carrier-Belleuse sont de Paul Dubois et sont aussi à Orsay (Chanteur Florentin et Saint Jean-Baptiste enfant). Le marbre à gauche de Chanteur Florentin est d'Eugène Guillaume (à Orsay).
Le boulevard des Italiens (dessin no. 43) a été ouvert pendant le Second Empire par le Baron Haussmann et terminé en 1872, l'année où Preziosi fit le dessin.
Après le 8 septembre Preziosi quitta Paris, probablement de nouveau en train, pour suivre le Danube depuis Budapest jusqu'à Bucarest, mais à partir du 17 septembre les dessins cessent d'être datés. L'album se termine par une suite de vues de Constantinople depuis le Bosphore.