ELIEN, Claude (Claudius AElianus Sophista, vers 170-240). Variae historiae libri XIIII. Lyon: Jean de Tournes, 1587.
ELIEN, Claude (Claudius AElianus Sophista, vers 170-240). Variae historiae libri XIIII. Lyon: Jean de Tournes, 1587.

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ELIEN, Claude (Claudius AElianus Sophista, vers 170-240). Variae historiae libri XIIII. Lyon: Jean de Tournes, 1587.

In-16 (124 x 78 mm). Titre imprimé dans un bois d'encadrement à motifs de rinceaux, bandeaux et lettrines en tête de chacun des quatorze livres, texte imprimé sur deux colonnes en caractères grecs et romains. (Quelques rares jaunissures.)

RELIURE PARISIENNE DE L'éPOQUE AUX ARMES DE J.-A. DE THOU: maroquin rouge, triple filet, armoiries de Jacques-Auguste de Thou (Olivier 217), dos à 4 nerfs orné du monogramme répété IAM de Jacques-Auguste et Marie [Barbançon], tête et queue ornés d'une frise hachurée, tranches dorées. (Petites restaurations aux coins et aux charnières.) Boîte.

PROVENANCE: Jacques-Auguste de Thou (armoiries sur les plats et chiffre au dos) -- Antoine Vion d'Herouval (ex-libris manuscrit vers 1650 sur le titre : Vyon D'Herouval victorinus) -- Charles de Rohan, prince de Soubise (cote d'inventaire inscrite à l'encre noire dans le haut du premier plat : 3. C.P.T. 4. Q.41, reprise au premier contreplat) -- Charles Giraud (note manuscrite sur la première garde), vente à Paris, I, 26 mars-28 avril 1855, lot 3272 -- Madame Théophile Belin (note manuscrite sur la première garde), vente à Paris, I, 19-20 février 1936, lot 55 -- Raoul Edouard Cartier (ex-libris au contreplat), vente à Paris, 15 et 16 mai 1974, lot 36.

Fine impression sur deux colonnes par le grand imprimeur et libraire humaniste lyonnais Jean de Tournes, dans l'édition grecque et latine donnée par J. Will (Justus Vulteius, 1528-1575) pour l'édition princeps de l'ouvrage (Rome, 1545, in-4). L'édition contient à la suite du texte d'Elien des extraits du Traité des constitutions de divers Etats par Héraclide de Pont, texte aujourd'hui disparu.

Auteur romain, professeur de rhétorique, Elien vouait une grande admiration aux auteurs grecs, parlait le grec parfaitement et rédigea ses oeuvres, dont les deux plus célèbres sont De la nature des animaux et les Histoires variées, en langue grecque. Recueil d'exercices stylistiques sous la forme épistolaire, les Histoires restent précieuses par le nombre d'extraits d'oeuvres disparues qu'elles réunissent. On y vit à son époque une compilation de préceptes moraux et de règles de vertu, qui fut très appréciée, et dans laquelle les premiers auteurs chrétiens puisèrent largement.

INTéRESSANTE RELIURE POUR JACQUES-AUGUSTE DE THOU (1553-1617), TOUT JUSTE MARIé à MARIE BARBANçON. Magistrat, politicien, diplomate, historien et bibliophile, Jacques-Auguste de Thou est une des figures marquantes parmi les collectionneurs de livres de son temps. Après avoir commencé à réunir un premier noyau de livres à l'âge de vingt ans, il est nommé en 1593 "grand maître" de la Bibliothèque royale (dans laquelle il fit entrer tous les manuscrits de la reine Catherine de Medicis), et président du Parlement de Paris en 1595. Le président de Thou se révèle être également un éminent latiniste, étant l'auteur de plusieurs importants ouvrages rédigés en latin: l'Histoire universelle, ses Mémoires, ainsi qu'une série de poèmes latins, les Poemata sacra.

La bibliothèque du président Jacques-Auguste de Thou comptait environ huit mille livres et était ouverte à tous (lettrés, humanistes, étudiants, étrangers). L'évolution de cette bibliothèque, après la mort de son fondateur, est passionnante et son histoire vaut la peine d'être racontée. Après que, conformément aux dernières volontés du bibliophile, les frères Dupuy ont été désignés comme ses bibliothécaires, la bibliothèque resta encore un demi-siècle dans la famille. Les fils François-Auguste de Thou (1604-1642) et surtout Jacques-Auguste II de Thou (1609-1677) ne cessèrent d'augmenter son contenu, avec l'aide et le conseil d'érudits qui en dressèrent le catalogue manuscrit en 25 gros volumes in-folio. La bibliothèque, qui comptait alors quelque trente mille ouvrages, passe ensuite en héritage à l'abbé Jacques-Auguste de Thou (1653-1746) qui décide en 1679 d'en faire publier le catalogue en vue de sa dispersion aux enchères. Dès la première vacation, Jean-Jacques Charron (1643-1728), marquis de Ménars, ne put supporter l'idée de voir se disperser une telle collection; il se résolut alors à racheter en bloc toute la bibliothèque pour la réunir à la sienne. En 1706, le marquis de Ménars vendit tout l'ensemble au cardinal Armand-Gaston de Rohan (1674-1749) qui, à son tour, y ajouta sa propre collection de livres. Après la mort de ce dernier, la bibliothèque, qui n'avait cessé de s'accroître à chaque changement de propriétaire, passa par héritage à son neveu Charles de Rohan (1715-1787), prince de Soubise, futur maréchal de France, dont la bibliothèque, portée à quelque cinquante mille volumes, fut finalement dispersée aux enchères en 1788-1789 après sa mort. L'opération commerciale s'avéra désastreuse en raison des mauvaises conjonctures économiques de l'époque et du nombre excessif de livres offert d'une traite sur le marché.

Cette jolie reliure de maroquin fin porte le petit blason de la famille de Thou, qu'Olivier attribue à François-Auguste de Thou, le célèbre compagnon de Cinq-Mars exécuté par Louis XIII, fils aîné de Jacques-Auguste et de sa seconde épouse Gasparde de La Châtre. Cette attribution est contestable, le blason étant ici accompagné du monogramme du couple Jacques-Auguste et Marie Barbançon, sa première épouse, appuyant la théorie selon laquelle il serait bien plutôt le tout premier fer armorial utilisé par Jacques-Auguste de Thou encore célibataire, qu'il abandonna par la suite au profit d'armoiries doubles, rares chez un homme, juxtaposant aux siennes celles de son épouse. Le décor de la reliure se réduisant ici aux armes de Jacques-Auguste célibataire et au monogramme du couple, on peut imaginer que le bibliophile, tout juste marié à Marie en 1587, l'année même de la parution de cette édition, fait orner son volume du seul fer héraldique qu'il possède à cette date (son écu simple) accompagné du chiffre IAM qu'il fait exécuter à main levée. Il est dès lors possible de dater l'éxécution de cette reliure aux premiers mois de son mariage alors que le fer armorial double aux armes de Thou-Barbançon n'est pas encore gravé.

Ce précieux exemplaire a appartenu par la suite à l'antiquaire Antoine Vion d'Herouval, membre du cercle qu'entretenaient Jean Mabillon et les mauristes en compagnie de savants de tout premier ordre tels que Du Cange et Etienne Baluze. La présence de sa signature sur la page de titre est à la fois naturelle --Vion d'Herouval s'inscrivant dans la lignée des érudits français se recommandant de leurs aînés, de Thou, Scaliger, Dupuy ou Pithou-- et mystérieuse : l'exemplaire aurait donc quitté la bibliothèque de Jacques-Auguste de Thou, ou sa succession, pour entrer dans celle de Vion d'Herouval dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et réintégrer ensuite la bibliothèque Soubise, héritier des livres de Jacques-Auguste de Thou, dont il porte la cote au haut du premier plat.

EDITION: Cartier, Bibliographie des éditions des De Tournes, II, n° 665.

RELIURE CITéE: Musea nostra 41.
Further details
Pure armorial morocco binding executed for the great bibliophile/historian, Jacques-Auguste de Thou, shortly after his first marriage. The arms block on the covers represents him still as bachelor, but the spine shows his monogram combined with his wife's initial M. The binding's subsequent history is curious in that the volume was in the hands of the antiquary Vion d'Herouval in the late 17th century before rejoining De Thou's library prior to its dispersal at auction as part of the Soubise collection in 1788.

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