Lot Essay
Une variante de notre tableau est conservée à la Staatsgalerie de Stuttgart. Elle a été attribuée à Eustache Lesueur, Heinrich Friedrich Füger et Louis Chéron. Nous reproduisons ci-après la notice qu'a aimablement rédigée, à notre demande, le Professeur Alain Roy, auteur de Gérard de Lairesse (Paris, 1992). Monsieur Roy a confirmé l'attribution de ce tableau d'après photographies.
L'iconographie du tableau reste mystérieuse. Le sujet était traditionnellement identifié comme un 'Enterrement d'Hector'. Cette hypothèse est peu probable : selon Homère (L'Iliade, chant XXIV, v. 782 à 804), le cadavre d'Hector, après avoir été traîné par Achille accroché à son char devant les murs de Troie, ne fut rendu à sa famille que sur les supplications du vieux Priam. Les funérailles furent alors célébrées devant ses frères, sa famille et ses amis, mais la scène n'a pratiquement jamais été représentée. Le cadavre fut ensuite brûlé sur un bûcher et non pas enterré. Le sujet ne correspond pas non plus aux funérailles de Patrocle, décrites par Homère dans le chant XXIII de l'Iliade (v. 108 à 261), car le rite funéraire était, dans ce cas aussi, celui de la crémation. Le héros antique enterré ici est d'ailleurs, à en juger d'après le casque porté par le soldat de droite, plutôt romain que grec.
Tout dans ce tableau évoque le style de Gérard de Lairesse, artiste né et formé à Liège qui connut une brillante carrière à Amsterdam :
- le goût pour les scènes 'antiques' et les iconographies complexes, qui indique que le tableau était destiné à un commanditaire lettré féru d'Antiquité. Lairesse travailla à de nombreuses reprises pour ce type de clientèle.
- la composition en frise, encore soulignée par le format oblong du tableau.
- l'utilisation du camaïeu, qui unifie chromatiquement l'oeuvre, lui donne un aspect sculptural et rappelle les bas-reliefs antiques.
- le goût pour des architectures 'à l'antique', qui structurent la composition et des effets de costume (toges aux amples plis, draperies d'atelier...).
- le sens de la mise en scène, encore accentuée par une gestuelle théâtrale qui assure un rythme interne au tableau.
- certains détails qui semblent être une véritable signature de l'artiste: ainsi, la tête du soldat de droite, reprise dans plusieurs tableaux, utilise une feuille d'étude de Lairesse conservée au Rijksprentenkabinet à Amsterdam (Inv. no. A8, ill. dans A. Roy, op. cit., p. 371).
La datation de l'oeuvre est plus délicate. Néanmoins, une comparaison avec la série du Triomphe de Paul-Emile (Liège, Musée de l'Art Wallon, voir A. Roy, op. cit., pp. 236-242), ou, plus encore, avec la série triomphale d'Alexandre à Babylone (Bayreuth, Staatsgalerie, voir A. Roy, op. cit., pp. 278-286) semble indiquer une date entre 1670 et 1675. Au cours de cette période, Lairesse, installé à Amsterdam depuis 1665, s'intéressait tout particulièrement à l'art décoratif, sollicité par les cercles d'amateurs lettrés qui se réunissaient dans des académies, comme celle du Nil Volentibus Arduum (dont il faisait partie), qui se plaisaient à disserter sur la théorie artistique du Ut Pictura Poesis, inspirée de l'art poétique d'Horace et à l'appliquer dans leurs oeuvres: la peinture est une poésie muette; la poésie est une peinture parlante.
Un dessin (sanguine et plume, 295 x 510 mm., Département des Arts Graphiques du Louvre, Inv. no. 22) reproduit en sens inverse la partie droite de la composition. Cette feuille, qui figure sous le nom de Lairesse, est probablement de Jan Glauber (1646-1726) qui fut paysagiste et graveur, notamment d'après Lairesse. Il est donc probable que le dessin du Louvre est le modèle pour une gravure -sans doute jamais réalisée- d'après notre tableau. Le fait qu'il soit en sens inverse s'explique par le fait qu'une fois imprimée, la gravure apparaîtra dans le même sens que le tableau.
L'iconographie du tableau reste mystérieuse. Le sujet était traditionnellement identifié comme un 'Enterrement d'Hector'. Cette hypothèse est peu probable : selon Homère (L'Iliade, chant XXIV, v. 782 à 804), le cadavre d'Hector, après avoir été traîné par Achille accroché à son char devant les murs de Troie, ne fut rendu à sa famille que sur les supplications du vieux Priam. Les funérailles furent alors célébrées devant ses frères, sa famille et ses amis, mais la scène n'a pratiquement jamais été représentée. Le cadavre fut ensuite brûlé sur un bûcher et non pas enterré. Le sujet ne correspond pas non plus aux funérailles de Patrocle, décrites par Homère dans le chant XXIII de l'Iliade (v. 108 à 261), car le rite funéraire était, dans ce cas aussi, celui de la crémation. Le héros antique enterré ici est d'ailleurs, à en juger d'après le casque porté par le soldat de droite, plutôt romain que grec.
Tout dans ce tableau évoque le style de Gérard de Lairesse, artiste né et formé à Liège qui connut une brillante carrière à Amsterdam :
- le goût pour les scènes 'antiques' et les iconographies complexes, qui indique que le tableau était destiné à un commanditaire lettré féru d'Antiquité. Lairesse travailla à de nombreuses reprises pour ce type de clientèle.
- la composition en frise, encore soulignée par le format oblong du tableau.
- l'utilisation du camaïeu, qui unifie chromatiquement l'oeuvre, lui donne un aspect sculptural et rappelle les bas-reliefs antiques.
- le goût pour des architectures 'à l'antique', qui structurent la composition et des effets de costume (toges aux amples plis, draperies d'atelier...).
- le sens de la mise en scène, encore accentuée par une gestuelle théâtrale qui assure un rythme interne au tableau.
- certains détails qui semblent être une véritable signature de l'artiste: ainsi, la tête du soldat de droite, reprise dans plusieurs tableaux, utilise une feuille d'étude de Lairesse conservée au Rijksprentenkabinet à Amsterdam (Inv. no. A8, ill. dans A. Roy, op. cit., p. 371).
La datation de l'oeuvre est plus délicate. Néanmoins, une comparaison avec la série du Triomphe de Paul-Emile (Liège, Musée de l'Art Wallon, voir A. Roy, op. cit., pp. 236-242), ou, plus encore, avec la série triomphale d'Alexandre à Babylone (Bayreuth, Staatsgalerie, voir A. Roy, op. cit., pp. 278-286) semble indiquer une date entre 1670 et 1675. Au cours de cette période, Lairesse, installé à Amsterdam depuis 1665, s'intéressait tout particulièrement à l'art décoratif, sollicité par les cercles d'amateurs lettrés qui se réunissaient dans des académies, comme celle du Nil Volentibus Arduum (dont il faisait partie), qui se plaisaient à disserter sur la théorie artistique du Ut Pictura Poesis, inspirée de l'art poétique d'Horace et à l'appliquer dans leurs oeuvres: la peinture est une poésie muette; la poésie est une peinture parlante.
Un dessin (sanguine et plume, 295 x 510 mm., Département des Arts Graphiques du Louvre, Inv. no. 22) reproduit en sens inverse la partie droite de la composition. Cette feuille, qui figure sous le nom de Lairesse, est probablement de Jan Glauber (1646-1726) qui fut paysagiste et graveur, notamment d'après Lairesse. Il est donc probable que le dessin du Louvre est le modèle pour une gravure -sans doute jamais réalisée- d'après notre tableau. Le fait qu'il soit en sens inverse s'explique par le fait qu'une fois imprimée, la gravure apparaîtra dans le même sens que le tableau.