ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgaroukaya [N° 6], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg] samedi 6/18 janvier 1868 à 10h du matin". 6 pages in-8. (189 x 117 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)
No VAT will be charged on the hammer price, but VA… Read more Exceptionnelle correspondance amoureuse et érotique, entre le tsar Alexandre II (1818-1881) et sa maîtresse Ekaterina Dolgaroukaya (1849-1922), dite "Katia", descendante du prince Dolgorouki fondateur de Moscou. Cet amour ardent et enjoué, dont ces lettres sont un admirable témoignage, voit le jour en juillet 1866. Follement épris, le tsar installe, quatre ans plus tard, sa jeune maîtresse près de lui au palais d'Hiver. Celle-ci avait accès aux appartements impériaux par un escalier secret, et c'est dans un cabinet, baptisé leur "nid", qu'Alexandre II et Katia se retrouvent. L'aîné de leurs enfants, Georges, naît en mai 1872. Après la mort de la tsarine, et les quarante jours de deuil requis par l'étiquette, le tsar épouse Katia le 3 juin 1880. Cette union légitime sera éphémère. Quelques mois plus tard, le 13 mars 1881, Alexandre II est assassiné par un groupe d'anarchistes. Eplorée, Katia s'exile à Nice, emportant cette précieuse correspondance qu'Alexandre III tentera, en vain, de négocier. Ces lettres sont, à notre connaissance, restées inédites. Par prudence et discrétion, Alexandre II et Katia n'écrivent jamais leurs prénoms dans les lettres et la formule finale en russe "Mbou na bcerda" [à toi pour toujours] tient lieu de signature. Les lettres, principalement rédigées en français, sont émaillées de quelques mots et phrases en russe. Cette correspondance est minutieusement numérotée par Alexandre II et Katia. Telle une conversation ininterrompue, chaque lettre, plusieurs fois reprise au cours d'une même journée, porte la date et l'heure précise, à la demi-heure près. L'ensemble ici réuni présente six lettres du tsar (entre janvier et février 1868) et quatre de Katia (de novembre 1871). Les lettres d'Alexandre II portent son cachet à froid (chiffre en caractères cyrilliques surmonté de la couronne impériale). Sur celles de Katia, le tsar a ajouté quelques annotations de sa main : la mention "S.P.", pour Saint-Pétersbourg, ainsi que le lieu et la date de réception des lettres. Dans ses lettres, sauf le billet n° 28, le tsar emploie le mot "bingerle", néologisme né de l'imagination de Katia et signifiant "faire l'amour".
ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgaroukaya [N° 6], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg] samedi 6/18 janvier 1868 à 10h du matin". 6 pages in-8. (189 x 117 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)

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ALEXANDRE II. Lettre autographe à Ekaterina Dolgaroukaya [N° 6], située et datée "S.[aint] P.[étersbourg] samedi 6/18 janvier 1868 à 10h du matin". 6 pages in-8. (189 x 117 mm). Encre brune. (Traces de pliures.)

TRÈS BELLE LETTRE, LIBRE ET AMOUREUSE, DANS LAQUELLE LE TSAR EXPRIME SES DÉSIRS AVEC ENTHOUSIASME ET SANS DÉTOURS.

"Bonjour mon Ange, je t'aime plus que ma vie et je suis heureux de t'aimer; c'est là le cri du coeur qui t'appartient à tout jamais et qui ne pense et ne respire que par toi. J'attends avec une impatience fièvreuse ta lettre [...] je suis sous le coup de la mort subite de Bas[ile] Dol[garouky] [sans doute le ministre de la Guerre]... Pour moi c'est une amitié de 30 ans qui disparait, car malgré ton opinion sur son compte, je sais qu'il m'était dévoué. [...] A 4 h. après-midi. Je rentre plus fou que jamais de toi, mon Ange adoré. Tu as du le voir dans l'expression de mes yeux, comme j'ai vu la même chose dans les tiens [...] la parade fut très belle [...] J'avoue que je n'en peux plus de fatigue, grâce à notre délirant bingerle [...] de ce matin, aussi je veux me reposer un peu avant dîner, mais si nous pouvions avoir le bonheur de nous retrouver ensemble je ne l'aurais certes pas senti et nous n'aurions eu rien de plus pressé que d'achever notre bingerle interrompu hier au soir [...] il déborde en moi plus que jamais. Je voudrais te manger, te boire et te sucer [...]. Je veux que tu saches, avant tout, que je suis heureux d'avoir su te faire partager hier à la fin le délire du bonheur, que tu sais me donner toujours".
Le tsar évoque alors en russe la douleur de leur séparation et de "devoir interrompre [leur] bingerle [...] je sens que je suis devenu ta vie, -je voudrais seulement que tu n'oublies pas que toi tu es la mienne et que je n'ai en tout et partout qu'une seule idée en tête - c'est toi, mon Ange, ma joie, mon bonheur, ma consolation, mon courage, mon tout [...] l'existence sans toi deviendrait un véritable martyre pour moi et je te suivrais bien vite dans la tombe. Dieu ait pitié de nous [...]. Grâce à notre délirante soirée d'hier [...] je me sens tout imprégné de notre bon soleil et de tous les détails de ces heureux moments [...]. Je me vois dans mon imagination encore couché dans les bras de mon adorable lutin et admirant tes nydobceku [en lettres latines mot imaginaire par lequel le tsar semble désigner les seins ou les fesses de sa maîtresse. Lu en russe, pudoviki, la racine de ce mot est "poud" qui signifie lourd] que j'adore, comme tout le rèste de ton cher être et je ne puis oublier l'expression de tes adorables yeux pendant notre bingerle, qui reflètaient la jouissance que tu éprouvais [...]. Pour lundi matin tu me diras ce que tu compte faire et le soir j'espère que ns ns retrouverons à 8 H. dans notre cher nid, avec plus de râge que jamais pour reprendre notre bingerle interrompu [...]. Dans l'espoir de te donner un peu de soleil [...]. Mbou na bcerda [à toi pour toujours].
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