Lot Essay
"Majorelle n'a pas fait que passer devant ces châteaux perdus. Il s'y est arrêté, il a vécu leur vie avant de mélanger ses couleurs, avant de fixer leur visage sur le fond d'un ciel à manifestations outrées ou d'une nature sculptée à grands gestes" (André Demaison, Jacques Majorelle et le Maroc ou l'Atlas et son peintre, La Renaissance, novembre 1930, p. 311).
Au cours de l'été 1921, Jacques Majorelle décide d'entamer pour la deuxième fois une expédition que très peu d'Occidentaux ont pris le risque de faire avant lui: l'exploration de l'Atlas marocain. Pour faire un tel voyage, il est nécessaire de se faire accompagner d'un interprète et d'une escorte, de préparer son approvisionnement sur des mules et d'obtenir l'autorisation de chaque souverain de région. C'est donc un voyage dangereux et éprouvant pour un homme à la santé aussi fragile que Majorelle. Les deux extraits suivants de son Carnet de route d'un peintre dans l'Atlas et l'Anti-Atlas qu'il publia en 1922 l'illustrent bien: "J'ai commencé trois études malgré le vent qui maltraite mon parasol et mon chevalet, trois études d'ensemble qui ne donneront qu'une bien mauvaise impression de ce paysage majestueusement triste. Je suis fatigué et la solitude me pèse... Je crains de ne pouvoir finir dans les dix jours qui me sont accordés par le caïd" (Tagoundaf, 27 juin 1922); "Les idées que l'on peut se faire quand on est seul, loin de tout secours immédiat, avec 40 degrés de fièvre, vomissements, étouffements, et toute la lyre sont assez noires" (Timmel, 10 juillet 1922).
Cette huile sur toile a été exécutée au cours de ce voyage puis a fait partie d'une exposition de 97 oeuvres de Majorelle à la galerie Georges Petit en janvier 1922. La préface de ce catalogue est signée par Kaddhour ben Ghabrit, chef du protocole de sa Majesté le sultan du Maroc. Elle se distingue des autres tableaux de la même série par la chaleur de la couleur ocre dominant la composition et une végétation plus présente. On imagine un début de journée ou une fin d'après-midi, le soleil semble dénué de son intensité aveuglante et magnifie les contours des bâtiments. Malgré quelques présences humaines aux positions nonchalantes en haut du fort et un chameau sellé dont les proportions semblent démesurées par rapport à l'ensemble architectural, il se dégage une impression de ville-fantôme. D'après Jérôme et Jean Tharaud, il s'agirait de la Kasbah de Dar-Abderrahman-o-amou située dans le Haut Atlas, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines.
Au cours de l'été 1921, Jacques Majorelle décide d'entamer pour la deuxième fois une expédition que très peu d'Occidentaux ont pris le risque de faire avant lui: l'exploration de l'Atlas marocain. Pour faire un tel voyage, il est nécessaire de se faire accompagner d'un interprète et d'une escorte, de préparer son approvisionnement sur des mules et d'obtenir l'autorisation de chaque souverain de région. C'est donc un voyage dangereux et éprouvant pour un homme à la santé aussi fragile que Majorelle. Les deux extraits suivants de son Carnet de route d'un peintre dans l'Atlas et l'Anti-Atlas qu'il publia en 1922 l'illustrent bien: "J'ai commencé trois études malgré le vent qui maltraite mon parasol et mon chevalet, trois études d'ensemble qui ne donneront qu'une bien mauvaise impression de ce paysage majestueusement triste. Je suis fatigué et la solitude me pèse... Je crains de ne pouvoir finir dans les dix jours qui me sont accordés par le caïd" (Tagoundaf, 27 juin 1922); "Les idées que l'on peut se faire quand on est seul, loin de tout secours immédiat, avec 40 degrés de fièvre, vomissements, étouffements, et toute la lyre sont assez noires" (Timmel, 10 juillet 1922).
Cette huile sur toile a été exécutée au cours de ce voyage puis a fait partie d'une exposition de 97 oeuvres de Majorelle à la galerie Georges Petit en janvier 1922. La préface de ce catalogue est signée par Kaddhour ben Ghabrit, chef du protocole de sa Majesté le sultan du Maroc. Elle se distingue des autres tableaux de la même série par la chaleur de la couleur ocre dominant la composition et une végétation plus présente. On imagine un début de journée ou une fin d'après-midi, le soleil semble dénué de son intensité aveuglante et magnifie les contours des bâtiments. Malgré quelques présences humaines aux positions nonchalantes en haut du fort et un chameau sellé dont les proportions semblent démesurées par rapport à l'ensemble architectural, il se dégage une impression de ville-fantôme. D'après Jérôme et Jean Tharaud, il s'agirait de la Kasbah de Dar-Abderrahman-o-amou située dans le Haut Atlas, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines.