KEES VAN DONGEN (1877-1968)
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KEES VAN DONGEN (1877-1968)

Portrait de femme

Details
KEES VAN DONGEN (1877-1968)
Portrait de femme
signé 'Van Dongen' (en bas à droite)
huile sur toile
80.8 x 65 cm. (31 7/8 x 25 5/8 in.)
Peint vers 1905
Provenance
Collection particulière, Paris (acquis auprès de l'artiste, 1955). Puis par descendance au propriétaire actuel.
Special notice
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
Further details
'PORTRAIT OF A WOMAN'; SIGNED LOWER RIGHT; OIL ON CANVAS.

Lot Essay

Un certificat d'inclusion au catalogue raisonné de l'oeuvre de Kees van Dongen actuellement en préparation par Monsieur Jacques Chalom des Cordes sous l'égide de l'Institut Wildenstein sera remis à l'acquéreur.

La figure féminine occupera une place centrale dans l'oeuvre de van Dongen tout au long de sa carrière. Depuis ses oeuvres de jeunesse lorsqu'il étudie à l'Ecole des Beaux-Arts de Rotterdam située non loin du Zandsraat, quartier où sont rassemblées les maisons closes, en passant par sa période fauve et jusqu'aux portraits mondains des années 1920, van Dongen fait preuve d'une aptitude déconcertante à représenter la femme et ses multiples visages.

Il est fort probable que le peintre, orienté à ses débuts vers une technique influencée par l'impressionnisme ait entrepris dès les années 1903-04 un renouvellement plus original de son langage plastique au contact de cercles d'avant-garde artistiques. Néanmoins, si il s'intéresse aux recherches divisionnistes de ses pairs, van Dongen peint dans une manière très libre qui atteste de sa volonté d'utiliser les données du tachisme pour aboutir à une forme de dépassement du réel.

Durant sa période fauve, van Dongen réalise les portraits de personnalités variées du demi-monde parisien. Ces tableaux, et même certains portraits de son épouse Guus, sont alors emplis de l'atmosphère si particulière des cabarets et maisons de joie, lieux de décadence et de distraction permanente. Il confiera d'ailleurs à un auteur néerlandais l'interrogeant sur ses modèles : "je connais l'histoire de chacune de ces femmes. Une histoire profondément tragique. Elles ont expérimenté la vie sur toutes ses facettes (...) Ce n'est pas en les peignant avec des couleurs criardes que je peux les aider mais peut-être pourrai-je exprimer l'intensité de leurs vies" (in Kees van Dongen, catalogue d'exposition, Fondation Pierre Gianadda, Lausanne, 2002, p. 30).

Dans le portrait ci-présent, pour lequel la célèbre courtisane et danseuse de cabaret, Emilienne d'Alençon, a probablement posé, van Dongen réduit sa palette à un nombre limité de couleurs pures. La peinture est appliquée par de vigoureux coups de pinceau, dans un usage très libre, éloigné de toute convention naturaliste. Ainsi la carnation du modèle est rehaussée de jaunes et de verts contrastant de manière saisissante avec sa chevelure, nuancée de blonds, de roux et même de rouges éclatants. L'artiste construit son potrtait sur le choc de la contradiction des tons froids, rattachés aux atours du modèle : bijoux, dentelle, vêtement ; aux tons chauds, rattachés au modèle même : chevelure, yeux, pomettes, mains, ainsi qu'à son ombre, transcrite dans un halo orange et rouge. Il crée ainsi une distance entre les éléments visant à embellir les modèles selon l'art du portrait classique et les relègue au second plan, préférant se concentrer sur l'essence même de son modèle : son regard, son âme. Pour les artistes fauves, l'usage de couleurs intenses était le moyen de véhiculer et de transcrire les émotions. Construit sur le pouvoir émotif de la couleur, Portrait de femme, n'est pas un simple portrait mais une plongée dans la vie d'un artiste évoquant brillamment un monde de désir et de sexualité. Guillaume Apollinaire le résumera d'ailleurs fort bien, "[les oeuvres de van Dongen de cette période] respirent l'opium, l'ambre gris et l'érotisme" (cité dans W.E. Steadman et D. Sutton, Cornelius Theodorus Marie van Dongen 1877-1968, catalogue d'exposition, Tucson, 1971, p. 38).

Throughout van Dongen's career, the female form occupied a central place in his oeuvre. From his early works while studying at the Ecole des Beaux-Arts in Rotterdam, located near the red-light district, to his Fauve period and into the 1920s with his society portraits, van Dongen excelled at representing women in all their facets.

In his early works van Dongen favoured a technique influenced by Impressionism. However in 1903-04, with his involvement in more avant-garde circles, van Dongen's artistic expression took on a more original direction. And while he dabbled in the Divisionist explorations of his peers, van Dongen's artistic expression was, even at its earliest stage, far more bold and expressionistic than his confreres.

During the artist's Fauve period, his portraits often depicted the various personalities of the Parisian demi-monde. Even in some of his paintings of his wife Guus, he would depict her as if she were part of the rakish, decadent world of entertainment, cabaret and prostitution that filled so many of his works. As he once told a Dutch journalist, "I know the stories of all of these women - deeply sad stories. They have experienced life in all its facets I cannot help them by painting them in gaudy colours, but perhaps I can express the intensity of their lives." (quoted in
Kees van Dongen, exh. cat., Pierre Gianadda Foundation, Lausanne, 2002, p. 30).

In
Portrait de femme, Emilienne d'Alençon, the renowned courtesan and cabaret dancer, likely posed for the painter. In this work he employed wide and vigorous brush strokes, creating an impastoed surface far removed from any naturalist convention. The figure's flesh-tones are thrown into bold relief, creating a stark contrast with the orange and red halo that surrounds her. For the Fauve artists, intense colour was a means of conveying - and evoking - emotions as well as simple spectacle. As such, Portrait de femme is not merely a portrait, but an insight into the life of an artist that conjures up a world of desire and sexuality. As Guillaume Apollinaire commented, "[van Dongen's works from this period] smelt of opium, ambergris and eroticism" (quoted in W.E. Steadman and D. Sutton, Cornelius Theodorus Marie van Dongen 1877-1968, exh. cat., Tucson, 1971, p. 38).

(fig. 1) Photographie du présent tableau annotée au revers par l'artiste.

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