Lot Essay
En 1839, Franz Xaver Winterhalter devient le portraitiste officiel de la cour de Louis-Philippe. Le choix d'un peintre allemand ne résidant en France que depuis quatre ans est accueilli avec circonspection mais 'témoigne du flair de la cour pour le talent [de Winterhalter] et des influences dont l'artiste pouvait bénéficier pour affermir sa position' écrit Richard Ormond (Paris, Musée du Petit Palais, Londres, National Portrait Gallery, Franz Xaver Winterhalter et les Cours d'Europe de 1830 à 1870, 1988, p. 33). Pendant les six années qui suivent, l'artiste va recevoir plus de trente commandes de portraits officiels du roi et de sa famille, dont la majorité sera exposée dans la section du château de Versailles ouverte au public et au château d'Eu. Plusieurs de ces tableaux, notamment les portraits du roi, seront par la suite copiés par Winterhalter ou d'autres peintres, et orneront les diverses ambassades, mairies et préfectures ou seront encore diffusées sous forme de gravures.
D'après les archives conservées par sa famille, Winterhalter a exécuté trois portraits officiels de Louis Philippe, premier Comte de Paris. Le premier (Fig. 1), réalisé en 1839 et troisième commande du roi, le présente âgé d'un an, dans les bras de sa mère, la duchesse d'Orléans. Bien que cette composition ait pour objet de présenter l'héritier du trône, le lien filial est dépeint avec une tendresse discrète, l'enfant tenant dans sa paume droite l'une des fleurs du corsage de sa mère. Winterhalter rompt en cela avec la tradition du portrait dynastique, qui se voulait jusque là imposant, froid, figé. Le deuxième (Fig. 2), datant de 1842, représente le Comte de Paris en habit de baptême avec Notre-Dame en arrière plan. En effet, le baptême du jeune Comte de Paris célébré à notre-Dame le 2 mai 1841 fut un véritable événement national sous la monarchie de Juillet.
Le troisième (Fig. 3) est un portrait de groupe qui célèbre la venue de la reine Victoria au château d'Eu. Se tenant non loin de sa mère, déjà veuve, et de son frère cadet le duc de Chartres, le Comte de Paris est présenté à la reine qui lui tend son bras. Ainsi Laure Meyer rappelle dans Les petits princes de Winterhalter (L'Oeil, no. 393, Avril 1988, p. 51), 'le garçonnet, campé bien droit, reste naturel malgré l'importance de la situation. C'est le symbole de la première Entente cordiale entre les deux pays'.
L'esquisse présentée ici, probablement réalisée entre 1843 et 1845, n'a jamais abouti à un portrait officiel que nous connaissions. L'artiste y démontre son talent de portraitiste d'enfants, sachant les décrire avec une grâce qui ne se veut ni affectée, ni maniérée. Dépourvue de décor, soulignant à peine les traits de la silhouette de l'enfant, cette esquisse dégage une sensation de vérité et de spontanéité particulièrement saisissante. Le Comte de Paris apparaît ainsi sans les atours symbolisant son rang, libéré des contraintes du portrait officiel. Son port de tête, son regard franc dénué de la timidité et de l'espièglerie propres à l'enfance, suggèrent la conscience qu'il a de son rôle et une maturité propre aux êtres tenus à des destins extraordinaires. Ainsi, R.Ormond écrit 'des représentations informelles de la vie de famille, des esquisses rapides prises sur le vif [...], il ne reste pratiquement aucune trace' (Franz Xaver Winterhalter et les Cours d'Europe de 1830 à 1870, p. 33). Ce portrait constitue l'un de ces derniers fragments et le fait qu'il ait été conservé jusqu'à aujourd'hui par la famille ne lui en donne que plus d'importance.
D'après les archives conservées par sa famille, Winterhalter a exécuté trois portraits officiels de Louis Philippe, premier Comte de Paris. Le premier (Fig. 1), réalisé en 1839 et troisième commande du roi, le présente âgé d'un an, dans les bras de sa mère, la duchesse d'Orléans. Bien que cette composition ait pour objet de présenter l'héritier du trône, le lien filial est dépeint avec une tendresse discrète, l'enfant tenant dans sa paume droite l'une des fleurs du corsage de sa mère. Winterhalter rompt en cela avec la tradition du portrait dynastique, qui se voulait jusque là imposant, froid, figé. Le deuxième (Fig. 2), datant de 1842, représente le Comte de Paris en habit de baptême avec Notre-Dame en arrière plan. En effet, le baptême du jeune Comte de Paris célébré à notre-Dame le 2 mai 1841 fut un véritable événement national sous la monarchie de Juillet.
Le troisième (Fig. 3) est un portrait de groupe qui célèbre la venue de la reine Victoria au château d'Eu. Se tenant non loin de sa mère, déjà veuve, et de son frère cadet le duc de Chartres, le Comte de Paris est présenté à la reine qui lui tend son bras. Ainsi Laure Meyer rappelle dans Les petits princes de Winterhalter (L'Oeil, no. 393, Avril 1988, p. 51), 'le garçonnet, campé bien droit, reste naturel malgré l'importance de la situation. C'est le symbole de la première Entente cordiale entre les deux pays'.
L'esquisse présentée ici, probablement réalisée entre 1843 et 1845, n'a jamais abouti à un portrait officiel que nous connaissions. L'artiste y démontre son talent de portraitiste d'enfants, sachant les décrire avec une grâce qui ne se veut ni affectée, ni maniérée. Dépourvue de décor, soulignant à peine les traits de la silhouette de l'enfant, cette esquisse dégage une sensation de vérité et de spontanéité particulièrement saisissante. Le Comte de Paris apparaît ainsi sans les atours symbolisant son rang, libéré des contraintes du portrait officiel. Son port de tête, son regard franc dénué de la timidité et de l'espièglerie propres à l'enfance, suggèrent la conscience qu'il a de son rôle et une maturité propre aux êtres tenus à des destins extraordinaires. Ainsi, R.Ormond écrit 'des représentations informelles de la vie de famille, des esquisses rapides prises sur le vif [...], il ne reste pratiquement aucune trace' (Franz Xaver Winterhalter et les Cours d'Europe de 1830 à 1870, p. 33). Ce portrait constitue l'un de ces derniers fragments et le fait qu'il ait été conservé jusqu'à aujourd'hui par la famille ne lui en donne que plus d'importance.