No VAT will be charged on the hammer price, but VA… Read more
JACQUES MAJORELLE (NANCY 1886 - 1962 PARIS)

Le Souk des Teinturiers

Details
JACQUES MAJORELLE (NANCY 1886 - 1962 PARIS)
Le Souk des Teinturiers
signé, situé et daté 'J. Majorelle Marrakech 24' (en bas à droite)
Huile sur toile
81,2 x 100,2 cm. (32 x 39½ in.)
Provenance
Atelier de l'artiste.
Mme Spillmann, Nancy.
Collection particulière, Nancy.
Literature
Victor Prouvé, L'Est républicain, 4 décembre 1924.
Gaston Varenne, L'Est illustré, décembre 1924. Syndicat d'Initiative du Maroc, Maroc, Marrakech, 1928, non paginé.
Syndicat de Tourisme et d'Initiative de Marrakech, Marrakech et l'Atlas, Marrakech, 1928, non paginé.
Félix Marcilhac, La vie et l'oeuvre de Jacques Majorelle, Paris, 1995, illustré p. 83.
Exhibited
Nancy, Cercle artistique de l'Est, 1924.
Nancy, Musée des Beaux-Arts, Paris, Institut du Monde Arabe, Jacques Majorelle - Rétrospective, Paris, 1999, illustré p. 100.
Special notice
No VAT will be charged on the hammer price, but VAT payable at 19.6% (5.5% for books) will be added to the buyer’s premium which is invoiced on a VAT inclusive basis
Further details
THE SOUK OF THE DYERS, OIL ON CANVAS, SIGNED, LOCATED AND DATED BY JACQUES MAJORELLE

Lot Essay

" Dans ces rues et dans ces souks, le maxillaire contracté et les yeux brillants, je reste ivre et frémissant, délirant sous la douceur des formes qui passent, de la lumière magique qui s'irise dans les gerbes de poussière que soulève la foule. Quelle volupté, quelle splendeur que ces jaunes puissants soulignés de violet tendre des ombres s'étalant en arabesques mouvantes. Savantes harmonies de blancs nuancés où s'enchâssent des rouges cerise et des verts grinçants ".

Jacques Majorelle, lettre à Etienne Cournault, 13 novembre 1917.

Vieux de près de huit siècles, les souks de Marrakech obéissent, contrairement aux idées reçues, à des critères d'organisation très précis. Selon sa valeur commerciale, l'espace nécessaire à sa fabrication et les nuisances éventuelles que sa production peut imposer au voisinage, chaque marchandise dispose de son espace propre, plus ou moins proche du centre dédié aux produits de luxe tels que la soie (souk Harrarine Kdima), les bijoux en or (souk Tagbutgine) ou les épices (souk El Attarine). En raison des nombreuses transformations nécessaires pour l'obtention du produit fini, les souks des tanneurs (souk Debbaghine) et des teinturiers (souk Sebbaghine) ont toujours été situés en périphérie de la médina. Alors que ce dernier comptait plus de cent employés au début du siècle dernier, à peine dix artisans sont encore actifs aujourd'hui, répétant les mêmes gestes que leurs ancêtres pour imprégner leurs pelotes de laine de la couleur voulue. Les pigments traditionnellement utilisés sont l'amande sauvage pour le vert, les pistils de safran pour le jaune, le coquelicot pour le rouge et le cobalt pour le bleu.

Ces quatre couleurs se retrouvent toutes dans Le souk des teinturiers de Jacques Majorelle présenté ici. Elles éclairent par leur intensité cette composition inhabituellement sombre et quasiment symétrique, témoignant ainsi des étapes successives du processus de la teinture. Au premier plan, deux artisans pilent du safran, aidés par deux apprentis chargés de trier la poudre. Deux autres s'évertuent derrière eux à essorer l'eau bouillante ruisselant de la laine désormais verte. Et ici et là, on s'active à accrocher à des poternes les pelotes rouges et bleues et à ranger la marchandise prête à être vendue. Le tout, cerné par des épais contours noirs rappelant la technique du vitrail ou de l'affiche, donne " l'impression que ces hommes effectuent un rite magique, une chimie mystérieuse " (p. 153), comme en témoigne Chantal Destrez dans son mémoire de maîtrise datant de 1985.

Plusieurs éléments confèrent donc à cette oeuvre de 1924 une place unique dans la production de Jacques Majorelle : il s'agit de l'une des rarissimes huiles sur toile réalisées par l'artiste qui a utilisé pour l'occasion un graphisme simplifié, associé à un traitement particulièrement original des couleurs conférant une impression presque surnaturelle à l'ensemble. Elle est en cela à rapprocher d'une autre huile de la même année, La Kasbah rouge (Félix Marcilhac, La vie et l'oeuvre de Jacques Majorelle, p. 82). Ces deux compositions sont les seuls témoignages existants de l'évolution du procédé créatif de l'artiste dans les années 1920, passant d'une touche presque impressionniste, d'une palette très chaude, à une simplification extrêmement stylisée du trait et un grand réalisme des couleurs.

En 1928, lorsque le Syndicat d'Initiative du Maroc puis celui de Marrakech proposent à Jacques Majorelle de sélectionner quatorze tableaux pour illustrer leur guide touristique illustré, celui-ci choisit d'y inclure Le Souk des teinturiers. L'artiste le gardera d'ailleurs de nombreuses années dans son atelier, avant de le confier à l'une des amies nancéennes de sa famille, Madame Spillmann.

More from Tableaux Orientalistes et Art Moderne Arabe et Iranien

View All
View All