Lot Essay
Camille Martin, décédé prématurément à l'âge de trente-sept ans, est un artiste injustement méconnu. Né à Nancy en 1861 d'un père sculpteur et d'une mère brodeuse, il s'intéresse très jeune au dessin. Il est reçu à l'Ecole nationale des Arts Décoratifs grâce au prix Jacquot en 1881 et suit en candidat libre l'enseignement de l'Ecole des Beaux-Arts. Il montre ainsi une grande curiosité, suivie rapidement d'un talent prononcé, pour toutes les pratiques artistiques qui se présentent à lui. Ami dès l'adolescence de Victor Prouvé et Louis Majorelle, qui comme lui exploreront diverses techniques avant de confirmer leurs préférences et qui fonderont peu après sa mort l'Ecole de Nancy, il s'adonne au dessin, la peinture, la décoration de meubles, la reliure sur cuivre, le travail sur céramique et verre, l'estampe, l'illustration et la pyrogravure, soit une vaste majorité des disciplines fondant les arts décoratifs.
Sa première passion reste néanmoins la peinture. Peu de ses oeuvres subsistent encore aujourd'hui, la plupart ayant été perdues ou détruites, sans qu'on ait la possibilité, en l'absence de tout inventaire, d'estimer l'étendue des pertes. Elles sont pour la majorité conservées au musée de l'Ecole de Nancy, qui a d'ailleurs consacré une importante rétrospective à l'artiste en 2010 (op.cit.). Parmi celles gardées jusqu'à aujourd'hui dans des collections particulières, on compte ce magnifique Après-midi de printemps. Une lumière douce, caractéristique des beaux après-midi de mai, se diffuse dans cette grande composition, suggérant une propriété soignée, un jardin luxuriant, une demeure élégante à l'abri des bruits de la ville. La végétation y est tout particulièrement détaillée, le feuillage de l'imposant marronnier se distinguant nettement des plantes grimpantes sur les treillages du fond. On y sent tout de même une mélancolie latente, véhiculée par quelques détails qui confèrent à l'ensemble un charme supplémentaire. De la figure féminine élégante mais sans visage assise au loin, se dégage un sentiment de solitude et d'isolation, que ni la veste masculine posée sur le banc d'en-face, ni le soleil apaisant ne semblent pouvoir atténuer. Cette impression est accrue par la branche seule posée au premier plan, dont la présence semble incongrue sur le gravier parfaitement entretenu.
Camille Martin révèle dans cette ambivalence un talent qui pourrait l'apparenter aux peintres impressionnistes, actifs à la même période que lui. Cette comparaison paraît d'autant plus judicieuse qu'elle peut s'étendre également à la technique libre, la touche souple et déliée de l'artiste, ainsi qu'à sa volonté d'introduire la nature comme thématique centrale de sa peinture. En observant cette composition pleine de grâce, on comprend pourquoi Auguste Rodin, dans une lettre qu'il lui adressa le 14 juillet 1892, conclut par les mots suivants : "Bons souhaits pour vous mon cher artiste qui avez le goût, chose rare" (Nancy, musée de l'Ecole de Nancy).
Having died at the young age of 37, Camille Martin has remained unjustly overlooked. Born in 1861 to an artistic family-his father a sculptor and his mother a seamstress-he became interested in drawing at a young age. In 1881, thanks to the prix Jacquot, he was accepted to the Ecole Nationale des Arts Décoratifs and then later at the Ecole nationale des Beaux-Arts as an independent student. His formal studies exposed him to various techniques-at which he excelled-making evident his marked talent. As a young man he befriended Victor Prouvé and Louis Majorelle, artists who like him, experimented with different techniques and would go on to found l'Ecole de Nancy, a school dedicated to the many disciplines which comprise the decorative arts.
Despite exploring other mediums, Martin's primary passion remained painting. Few of his works exist today, most having been lost or destroyed-the number of which we cannot know for certain due to the lack of a precise inventory. in the absence of a complete an inventory. Of the works that remain, most are located at the Musée de l'Ecole de Nancy, which dedicated a significant retrospective to Martin in 2010 (op.cit.). A few works are found today in private collections-of which this magnificent Spring Afternoon is an example.
The soft light-typical of a beautiful afternoon in May-illuminates the scene of a luxuriant garden and an elegant country house, tucked far away from the noisy city. The contrast between the delicate leaves of the impressive chestnut tree and those of the plants climbing the trellis in the background, show Martin's adroit and careful attention to detail. While the treatment of the foliage gives the work a certain lightness, other details suggest a slight melancholy, adding another dimension to the charm of this work. The elegant faceless figure of a woman seated in the background conveys a feeling of solitude and isolation that neither the men's jacket on the bench, nor the gentle sun seem to attenuate. This impression is heightened by the lone branch in the foreground, whose presence seems incongruous with the perfectly kept gravel path.
Stylistically and thematically, Camille Martin is close to the Impressionist painters of the same period. Looking at this graceful composition, one understands why Auguste Rodin, in a letter to Martin, dated July 14th 1892, concluded with the following sentence: 'Best wishes to you my dear artist who has real taste, a rare thing.'
Sa première passion reste néanmoins la peinture. Peu de ses oeuvres subsistent encore aujourd'hui, la plupart ayant été perdues ou détruites, sans qu'on ait la possibilité, en l'absence de tout inventaire, d'estimer l'étendue des pertes. Elles sont pour la majorité conservées au musée de l'Ecole de Nancy, qui a d'ailleurs consacré une importante rétrospective à l'artiste en 2010 (op.cit.). Parmi celles gardées jusqu'à aujourd'hui dans des collections particulières, on compte ce magnifique Après-midi de printemps. Une lumière douce, caractéristique des beaux après-midi de mai, se diffuse dans cette grande composition, suggérant une propriété soignée, un jardin luxuriant, une demeure élégante à l'abri des bruits de la ville. La végétation y est tout particulièrement détaillée, le feuillage de l'imposant marronnier se distinguant nettement des plantes grimpantes sur les treillages du fond. On y sent tout de même une mélancolie latente, véhiculée par quelques détails qui confèrent à l'ensemble un charme supplémentaire. De la figure féminine élégante mais sans visage assise au loin, se dégage un sentiment de solitude et d'isolation, que ni la veste masculine posée sur le banc d'en-face, ni le soleil apaisant ne semblent pouvoir atténuer. Cette impression est accrue par la branche seule posée au premier plan, dont la présence semble incongrue sur le gravier parfaitement entretenu.
Camille Martin révèle dans cette ambivalence un talent qui pourrait l'apparenter aux peintres impressionnistes, actifs à la même période que lui. Cette comparaison paraît d'autant plus judicieuse qu'elle peut s'étendre également à la technique libre, la touche souple et déliée de l'artiste, ainsi qu'à sa volonté d'introduire la nature comme thématique centrale de sa peinture. En observant cette composition pleine de grâce, on comprend pourquoi Auguste Rodin, dans une lettre qu'il lui adressa le 14 juillet 1892, conclut par les mots suivants : "Bons souhaits pour vous mon cher artiste qui avez le goût, chose rare" (Nancy, musée de l'Ecole de Nancy).
Having died at the young age of 37, Camille Martin has remained unjustly overlooked. Born in 1861 to an artistic family-his father a sculptor and his mother a seamstress-he became interested in drawing at a young age. In 1881, thanks to the prix Jacquot, he was accepted to the Ecole Nationale des Arts Décoratifs and then later at the Ecole nationale des Beaux-Arts as an independent student. His formal studies exposed him to various techniques-at which he excelled-making evident his marked talent. As a young man he befriended Victor Prouvé and Louis Majorelle, artists who like him, experimented with different techniques and would go on to found l'Ecole de Nancy, a school dedicated to the many disciplines which comprise the decorative arts.
Despite exploring other mediums, Martin's primary passion remained painting. Few of his works exist today, most having been lost or destroyed-the number of which we cannot know for certain due to the lack of a precise inventory. in the absence of a complete an inventory. Of the works that remain, most are located at the Musée de l'Ecole de Nancy, which dedicated a significant retrospective to Martin in 2010 (op.cit.). A few works are found today in private collections-of which this magnificent Spring Afternoon is an example.
The soft light-typical of a beautiful afternoon in May-illuminates the scene of a luxuriant garden and an elegant country house, tucked far away from the noisy city. The contrast between the delicate leaves of the impressive chestnut tree and those of the plants climbing the trellis in the background, show Martin's adroit and careful attention to detail. While the treatment of the foliage gives the work a certain lightness, other details suggest a slight melancholy, adding another dimension to the charm of this work. The elegant faceless figure of a woman seated in the background conveys a feeling of solitude and isolation that neither the men's jacket on the bench, nor the gentle sun seem to attenuate. This impression is heightened by the lone branch in the foreground, whose presence seems incongruous with the perfectly kept gravel path.
Stylistically and thematically, Camille Martin is close to the Impressionist painters of the same period. Looking at this graceful composition, one understands why Auguste Rodin, in a letter to Martin, dated July 14th 1892, concluded with the following sentence: 'Best wishes to you my dear artist who has real taste, a rare thing.'