Lot Essay
Le château de Montreuil était la propriété du prince et de la princesse de Rohan-Guémenée qui l'avaient décoré et meublé à neuf vers 1776-1780. A la suite de leur faillite retentissante en 1783, Louis XVI acheta le château pour sa jeune soeur, madame Elisabeth. Celle-ci s'y plut et des travaux de décoration furent entrepris en 1788-89, afin de rajeunir les étoffes existantes, remplacer ou compléter le mobilier existant (qui provenait des Guémenée).
Des ensembles de sièges furent alors commandés à Séné (complétant parfois les séries réalisées auparavant par Jacob), généralement peints en blanc ou en gris et recouverts de tapisserie au point exécutée par Madame Elisabeth et ses dames.
Dans la plupart des pièces, les murs furent revêtus de tentures de papier peint fourni par la maison Arthur. Deux pièces reçurent un décor riche, avec des sièges dorés et des tentures ou garnitures de soie : le salon de compagnie -dont les fenêtres ouvraient sur le parc et sur la route de Versailles- et la chambre de la princesse. Les ébénisteries furent alors commandées à Guillaume Beneman pour les pièces de réception et à Jacques Bircklé pour les chambres, consistant surtout en meubles d'acajou ou de noyer.
Les livraisons de sièges de 1788-89 faites par Sené concernaient le salon de compagnie, la chambre de Madame Elisabeth (avec des ensembles richement sculptés par Alexandre et dorés par Chatard), ainsi que le boudoir turc, avec des voyeuses de goût turc peintes, aujourd'hui conservées au musée Nissim de Camondo.
Les seuls voyeuses livrées par Séné qui ne furent pas confiées à sculpter richement à Alexandre ou données à dorer à Chatard (elles furents peintes par Bidard) étaient deux chaises destinées à la salle de billard (dont celle présentée ici), que Séné factura en ces termes : "Comptes et mémoires des fournisseurs et ouvriers du Garde-Meuble ; Année 1789, 1er semestre, mémoire de Séné...suite du N54, Salle de Billard, 6 chaises à double moulure et doucine...2 voyeuses idem, à 14 L, 28 L" (Archives nationales, 01 3649).
Le prix de ces sièges était supérieur à celui des voyeuses du grand salon de Montreuil (20 L) ce qui s'explique dans la mesure où celles-ci étaient seulement dégrossies et apprêtées pour la sculpture tandis que les autres étaient moulurées.
Cette chaise est au moins depuis le XIXe siècle dans les collections Diesbach où elle est restée jusqu'à ce jour. Grâce à des éléments historiques et biographiques du comte de Diesbach Belleroche, il semblerait que sa présence dans ces collections remonte cependant à la fin du XVIIIème siècle.
François Philippe Ladislas, comte de Diesbach Belleroche (1747-1822), est issu d'une famille d'origine fribourgeoise, dont les membres servent avec gloire depuis plusieurs générations dans les gardes suisses auprès des rois de France. François Philipe Ladislas embrasse très tôt la carrière des armes, à l'issu de la guerre de sept ans (1756-1763), dans le régiment de Diesbach (85ème d'infanterie de ligne) dont son père est colonel-propriétaire. En 1770, il devient second-lieutenant puis major en 1780, lieutenant-colonel en 1783 avant de succéder à son père au grade de colonel suite au décès de celui-ci à la tête du régiment en 1785.
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis, le comte de Diesbach Belleroche a su déployer à de nombreuses reprises toute l'étendue de son talent. Durant la révolution, le comte et ses hommes assurent la protection du roi, puis stationnent dans les faubourgs et dans le nord de la capitale avant de regagner Arras. De 1789 à 1791, il se rend à plusieurs reprises aux Tuileries. Depuis le mois d'octobre 1789, Madame Elisabeth soeur du roi (1764-1794) a quitté le château de Bellevue, près de Meudon, pour accompagner la famille royale, dans sa résidence forcée au palais des Tuileries. C'est au cours de cette période que la famille Diesbach Belleroche serait entrée en possession de la présente chaise.
Durant l'été 1792, suite à l'échec de la fuite à Varenne, la Révolution plonge dans la Terreur.
Le 10 août, les insurrectionnels prennent d'assaut les Tuileries. Amputés d'une grande partie de leur état-major et de la compagnie générale escorte du roi, moins d'un millier de soldats suisses font face un ennemi supérieur en nombre et équipé de canons. Refusant de se rendre et fidèles à leur serment de loyauté envers le roi, ils se sacrifient dans un carnage aussi héroïque qu'inutile.
François Philippe Ladislas a quant à lui réussit à gagner l'Angleterre dès le printemps 1792. Otage prisonnier en 1798, il rejoint ensuite la Suisse où il devient membre du cercle de la Grande Socité de Fribourg en 1802, puis député au grand Conseil de Fribourg de 1814 à 1817. Promu lieutenant-général sous la Restauration, il retourne en France jusqu'à son décès en 1822.
Des ensembles de sièges furent alors commandés à Séné (complétant parfois les séries réalisées auparavant par Jacob), généralement peints en blanc ou en gris et recouverts de tapisserie au point exécutée par Madame Elisabeth et ses dames.
Dans la plupart des pièces, les murs furent revêtus de tentures de papier peint fourni par la maison Arthur. Deux pièces reçurent un décor riche, avec des sièges dorés et des tentures ou garnitures de soie : le salon de compagnie -dont les fenêtres ouvraient sur le parc et sur la route de Versailles- et la chambre de la princesse. Les ébénisteries furent alors commandées à Guillaume Beneman pour les pièces de réception et à Jacques Bircklé pour les chambres, consistant surtout en meubles d'acajou ou de noyer.
Les livraisons de sièges de 1788-89 faites par Sené concernaient le salon de compagnie, la chambre de Madame Elisabeth (avec des ensembles richement sculptés par Alexandre et dorés par Chatard), ainsi que le boudoir turc, avec des voyeuses de goût turc peintes, aujourd'hui conservées au musée Nissim de Camondo.
Les seuls voyeuses livrées par Séné qui ne furent pas confiées à sculpter richement à Alexandre ou données à dorer à Chatard (elles furents peintes par Bidard) étaient deux chaises destinées à la salle de billard (dont celle présentée ici), que Séné factura en ces termes : "Comptes et mémoires des fournisseurs et ouvriers du Garde-Meuble ; Année 1789, 1er semestre, mémoire de Séné...suite du N54, Salle de Billard, 6 chaises à double moulure et doucine...2 voyeuses idem, à 14 L, 28 L" (Archives nationales, 01 3649).
Le prix de ces sièges était supérieur à celui des voyeuses du grand salon de Montreuil (20 L) ce qui s'explique dans la mesure où celles-ci étaient seulement dégrossies et apprêtées pour la sculpture tandis que les autres étaient moulurées.
Cette chaise est au moins depuis le XIXe siècle dans les collections Diesbach où elle est restée jusqu'à ce jour. Grâce à des éléments historiques et biographiques du comte de Diesbach Belleroche, il semblerait que sa présence dans ces collections remonte cependant à la fin du XVIIIème siècle.
François Philippe Ladislas, comte de Diesbach Belleroche (1747-1822), est issu d'une famille d'origine fribourgeoise, dont les membres servent avec gloire depuis plusieurs générations dans les gardes suisses auprès des rois de France. François Philipe Ladislas embrasse très tôt la carrière des armes, à l'issu de la guerre de sept ans (1756-1763), dans le régiment de Diesbach (85ème d'infanterie de ligne) dont son père est colonel-propriétaire. En 1770, il devient second-lieutenant puis major en 1780, lieutenant-colonel en 1783 avant de succéder à son père au grade de colonel suite au décès de celui-ci à la tête du régiment en 1785.
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis, le comte de Diesbach Belleroche a su déployer à de nombreuses reprises toute l'étendue de son talent. Durant la révolution, le comte et ses hommes assurent la protection du roi, puis stationnent dans les faubourgs et dans le nord de la capitale avant de regagner Arras. De 1789 à 1791, il se rend à plusieurs reprises aux Tuileries. Depuis le mois d'octobre 1789, Madame Elisabeth soeur du roi (1764-1794) a quitté le château de Bellevue, près de Meudon, pour accompagner la famille royale, dans sa résidence forcée au palais des Tuileries. C'est au cours de cette période que la famille Diesbach Belleroche serait entrée en possession de la présente chaise.
Durant l'été 1792, suite à l'échec de la fuite à Varenne, la Révolution plonge dans la Terreur.
Le 10 août, les insurrectionnels prennent d'assaut les Tuileries. Amputés d'une grande partie de leur état-major et de la compagnie générale escorte du roi, moins d'un millier de soldats suisses font face un ennemi supérieur en nombre et équipé de canons. Refusant de se rendre et fidèles à leur serment de loyauté envers le roi, ils se sacrifient dans un carnage aussi héroïque qu'inutile.
François Philippe Ladislas a quant à lui réussit à gagner l'Angleterre dès le printemps 1792. Otage prisonnier en 1798, il rejoint ensuite la Suisse où il devient membre du cercle de la Grande Socité de Fribourg en 1802, puis député au grand Conseil de Fribourg de 1814 à 1817. Promu lieutenant-général sous la Restauration, il retourne en France jusqu'à son décès en 1822.