Lot Essay
Madame Bozena Nikiel a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.
" Si la beauté d'un tableau dépend des seules qualités picturales : ne retenir des choses que certains éléments, ceux qui nous paraissent convenir à notre besoin d'expression, puis avec ces éléments, construire un nouvel objet, un objet qu'on peut sans subterfuge adapter à la surface du tableau. Que cet objet ressemble à quelque chose de connu, je le tiens de plus en plus pour quelque chose d'inutile. Il me suffit qu'il soit " bien fait ", qu'il y ait parfait accord entre les parties et le tout ". (Jean Metzinger, cité in Au temps des Cubistes, 1910-1920, catalogue d'exposition, Paris, Galerie Berès, 2006, p. 432.)
Jean Metzinger est l'une des figures majeures du cubisme. Parmi les premiers artistes à exposer des oeuvres se réclamant de ce mouvement, il participe largement à sa popularisation et à sa réception auprès des amateurs et critiques.
Peint en 1916, Femme et paysage à l'aqueduc se distingue par une palette qui rappelle les oeuvres de son camarade Juan Gris, avec ses riches coloris verts et violets. La construction plane de la composition, avec la maison, l'arbre et l'aqueduc dans le fond, peints avec un incroyable dynamisme, montre l'énergie du cubisme et l'intérêt d'une perception du monde, non pas seulement en trois dimensions mais en quatre, grâce à la fragmentation des motifs et la volonté d'en montrer plusieurs faces par le pivotement des plans.
Si Femme et paysage à l'aqueduc illustre les principes du mouvement cubiste, Metzinger, tout comme Gris, réussit dans cette oeuvre à éviter la complexité de certaines compositions cubistes. Il impose une clarté de vision rendant l'oeuvre dynamique mais lisible.
À la fin 1912, il écrit avec Albert Gleizes Du Cubisme, qui est à l'époque l'étude des théories avant-gardistes la plus complète et cohérente, mainte fois traduite et publiée à l'étranger. Adoptée par de nombreux artistes, elle donne naissance à un véritable collectif. Sous le nom de La Section d'Or, Metzinger et Gleizes, entourés de Jacques Villon, Marcel Duchamp, Duchamp Villon, ou encore Robert Delaunay, Juan Gris et Fernand Léger approfondissent leur approche artistique par l'étude des rapports scientifiques et mathématiques de la figure humaine, notamment à travers les écrits de Pythagore ou Léonard de Vinci. La première exposition de La Section d'Or a lieu à la Galerie la Boétie, en octobre 1912 et comprend 180 oeuvres de 31 artistes.
Dans la présente oeuvre, l'attention que porte Metzinger à la beauté de la femme révèle l'optimisme qu'il refuse d'abandonner même pendant la première guerre mondiale. Metzinger, bien qu'étant d'une famille de militaires, s'élève contre le service actif par principe moral. Il est donc envoyé au front comme aide médical où il est témoin des horreurs du conflit. Mais tout cela est absent de notre composition qui, au contraire, véhicule sa passion pour la rationalité mathématique et son incroyable foi en l'humanité
et en la modernité.
"If the beauty of a painting solely depends on its pictorial qualities: only taking certain elements, those that seem to suit our need for expression, then with these elements, building a new object, an object which we can adapt to the surface of the painting without subterfuge. If that object looks like something known, I take it increasingly for something of no use. For me it is enough for it to be "well done", to have a perfect match between the parts and the whole". (Jean Metzinger, quoted in Au temps des Cubistes, 1910-1920,
exhibition catalogue, Paris, Galerie Berès, 2006, p. 432.)
Jean Metzinger (1883-1956) is one of the major figures of Cubism. Among the first artists to exhibit works laying claim to this movement, he participated extensively in its popularisation and reception amongst aficionados and critics alike.
Painted in 1916, Femme et paysage l'aqueduc is notable for its palette reminiscent of the works of his friend Juan Gris (1887-1927), with its rich green and purple tones. The flat design of the composition, with the house, tree and aqueduct in the background, all painted with incredible dynamism, reveals the energy of Cubism and its interest in seeing the world not just in three dimensions but in four, due to the fragmentation of motifs and the desire to reveal more of its facets by rotating the various planes. This brings us back to Metzinger himself and his extensive mathematical training.
Femme et paysage l'aqueduc quite clearly embodies the dynamism and aims of the Cubist movement. Like Gris, Metzinger succeeds in this work in avoiding the complexity of some of his Cubist colleagues, through his clear vision, thus rendering the work dynamic but legible. This accessibility in terms of the work's meaning is not surprising given that Metzinger was both a writer and a poet. It is also partly through his writings that he promoted Cubism, like Braque (1882-1963) and Picasso (1881-1973) and the Section d'Or group of which he was himself part.
At the same time, Metzinger's attention to the beauty of women in the female forms or in the Cubist landscape reveals an optimism he refused to relinquish even during First World War. Despite being from a military family, Metzinger objected to active service during the war on conscientious grounds. He was instead sent to the front as a medical aide, where he witnessed the horrors of the conflict. But all this is absent from our composition which, on the contrary, captures his interest in a cool, mathematical rationality and his incredible faith in humanity and modernity.
" Si la beauté d'un tableau dépend des seules qualités picturales : ne retenir des choses que certains éléments, ceux qui nous paraissent convenir à notre besoin d'expression, puis avec ces éléments, construire un nouvel objet, un objet qu'on peut sans subterfuge adapter à la surface du tableau. Que cet objet ressemble à quelque chose de connu, je le tiens de plus en plus pour quelque chose d'inutile. Il me suffit qu'il soit " bien fait ", qu'il y ait parfait accord entre les parties et le tout ". (Jean Metzinger, cité in Au temps des Cubistes, 1910-1920, catalogue d'exposition, Paris, Galerie Berès, 2006, p. 432.)
Jean Metzinger est l'une des figures majeures du cubisme. Parmi les premiers artistes à exposer des oeuvres se réclamant de ce mouvement, il participe largement à sa popularisation et à sa réception auprès des amateurs et critiques.
Peint en 1916, Femme et paysage à l'aqueduc se distingue par une palette qui rappelle les oeuvres de son camarade Juan Gris, avec ses riches coloris verts et violets. La construction plane de la composition, avec la maison, l'arbre et l'aqueduc dans le fond, peints avec un incroyable dynamisme, montre l'énergie du cubisme et l'intérêt d'une perception du monde, non pas seulement en trois dimensions mais en quatre, grâce à la fragmentation des motifs et la volonté d'en montrer plusieurs faces par le pivotement des plans.
Si Femme et paysage à l'aqueduc illustre les principes du mouvement cubiste, Metzinger, tout comme Gris, réussit dans cette oeuvre à éviter la complexité de certaines compositions cubistes. Il impose une clarté de vision rendant l'oeuvre dynamique mais lisible.
À la fin 1912, il écrit avec Albert Gleizes Du Cubisme, qui est à l'époque l'étude des théories avant-gardistes la plus complète et cohérente, mainte fois traduite et publiée à l'étranger. Adoptée par de nombreux artistes, elle donne naissance à un véritable collectif. Sous le nom de La Section d'Or, Metzinger et Gleizes, entourés de Jacques Villon, Marcel Duchamp, Duchamp Villon, ou encore Robert Delaunay, Juan Gris et Fernand Léger approfondissent leur approche artistique par l'étude des rapports scientifiques et mathématiques de la figure humaine, notamment à travers les écrits de Pythagore ou Léonard de Vinci. La première exposition de La Section d'Or a lieu à la Galerie la Boétie, en octobre 1912 et comprend 180 oeuvres de 31 artistes.
Dans la présente oeuvre, l'attention que porte Metzinger à la beauté de la femme révèle l'optimisme qu'il refuse d'abandonner même pendant la première guerre mondiale. Metzinger, bien qu'étant d'une famille de militaires, s'élève contre le service actif par principe moral. Il est donc envoyé au front comme aide médical où il est témoin des horreurs du conflit. Mais tout cela est absent de notre composition qui, au contraire, véhicule sa passion pour la rationalité mathématique et son incroyable foi en l'humanité
et en la modernité.
"If the beauty of a painting solely depends on its pictorial qualities: only taking certain elements, those that seem to suit our need for expression, then with these elements, building a new object, an object which we can adapt to the surface of the painting without subterfuge. If that object looks like something known, I take it increasingly for something of no use. For me it is enough for it to be "well done", to have a perfect match between the parts and the whole". (Jean Metzinger, quoted in Au temps des Cubistes, 1910-1920,
exhibition catalogue, Paris, Galerie Berès, 2006, p. 432.)
Jean Metzinger (1883-1956) is one of the major figures of Cubism. Among the first artists to exhibit works laying claim to this movement, he participated extensively in its popularisation and reception amongst aficionados and critics alike.
Painted in 1916, Femme et paysage l'aqueduc is notable for its palette reminiscent of the works of his friend Juan Gris (1887-1927), with its rich green and purple tones. The flat design of the composition, with the house, tree and aqueduct in the background, all painted with incredible dynamism, reveals the energy of Cubism and its interest in seeing the world not just in three dimensions but in four, due to the fragmentation of motifs and the desire to reveal more of its facets by rotating the various planes. This brings us back to Metzinger himself and his extensive mathematical training.
Femme et paysage l'aqueduc quite clearly embodies the dynamism and aims of the Cubist movement. Like Gris, Metzinger succeeds in this work in avoiding the complexity of some of his Cubist colleagues, through his clear vision, thus rendering the work dynamic but legible. This accessibility in terms of the work's meaning is not surprising given that Metzinger was both a writer and a poet. It is also partly through his writings that he promoted Cubism, like Braque (1882-1963) and Picasso (1881-1973) and the Section d'Or group of which he was himself part.
At the same time, Metzinger's attention to the beauty of women in the female forms or in the Cubist landscape reveals an optimism he refused to relinquish even during First World War. Despite being from a military family, Metzinger objected to active service during the war on conscientious grounds. He was instead sent to the front as a medical aide, where he witnessed the horrors of the conflict. But all this is absent from our composition which, on the contrary, captures his interest in a cool, mathematical rationality and his incredible faith in humanity and modernity.