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J'ai toujours beaucoup de chagrin du côté de ma fille. [...] Chopin a pris ouvertement parti pour elle contre moi...
SAND, George (1804-1876). Lettre autographe à son amie Charlotte Marliani, datée du 2 novembre 1847. 9 pages in-8 (204 x 132 mm) sur 3 feuillets au chiffre "GS" à froid (une déchirure avec trace de réparation ancienne).
Details
SAND, George (1804-1876). Lettre autographe à son amie Charlotte Marliani, datée du 2 novembre 1847. 9 pages in-8 (204 x 132 mm) sur 3 feuillets au chiffre "GS" à froid (une déchirure avec trace de réparation ancienne).
TRÈS BELLE LETTRE DANS LAQUELLE GEORGE SAND LIVRE À SA CONFIDENTE SES DOLÉANCES AU SUJET DE SOLANGE ET CHOPIN.
En premier lieu, George Sand conseille son amie au sujet d'un avocat pour son divorce et évoque Chaix d'Estange et Arago, qu'elle ne lui conseille pas: "Quant à lui, Emmanuel, je ne vous le conseillerais pas dans cette circonstance. Quoiqu'il vous donne entièrement raison, et qu'il blâme ouvertement la conduite de M. je pense qu'il éprouverait à plaider contre lui une certaine gêne: car il a été longtems et souvent son hôte [...]."
Elle lui donne ensuite des nouvelles de sa santé et de sa vie quotidienne: "J'ai toujours beaucoup de chagrin du côté de ma fille. [...] Chopin a pris ouvertement parti pour elle contre moi et sans rien savoir de la vérité, ce qui prouve envers moi un grand besoin d'ingratitude et envers elle un engouement bizarre. (Faites comme si vous n'en saviez rien.) Je présume que pour le retourner ainsi, elle aura exploité son caractère jaloux et soupçonneux [...] Je vous avoue que je ne suis pas fâchée qu'il [Chopin] m'ait retiré le gouvernement de sa vie, dont ses amis et lui voulaient me rendre responsable d'une manière beaucoup trop absolue. Son caractère s'aigrissait de jour en jour: il en était venu à me faire des algarades de dépit, d'honneur et de jalousie, en présence de tous mes amis et de mes enfans. Solange s'en est servie avec l'astuce qui lui est propre; Maurice commençait à s'en indigner contre lui. Connaissant et voyant la chasteté de nos rapports, il voyait aussi que ce pauvre esprit malade se posait sans le vouloir et sans pouvoir s'en empêcher peut-être, en amant, en mari, en propriétaire de mes pensées et de mes actions. [...] Mais je ne puis plus, je ne dois ni ne veux retomber sous cette tyrannie occulte qui voulait, par des coups d'épingle continuels et souvent très profonds m'ôter jusqu'au droit de respirer. [...] Je suis persuadée que son entourage, à lui, en jugera autrement. On en fera une victime, et on trouvera plus joli que la vérité, de supposer qu'à mon âge je l'ai chassé pour prendre un amant. Je me moque de tout cela. Ce qui m'affecte profondément, c'est la méchanceté de ma fille qui est le centre de toutes ces méchancetés. [...] Brûlez ma lettre, chère amie, et gardez-moi le secret..."
TRÈS BELLE LETTRE publiée par Georges Lubin in George Sand. Correspondance (Garnier, 1971), tome VIII, p. 110-113 (n° 3739).
TRÈS BELLE LETTRE DANS LAQUELLE GEORGE SAND LIVRE À SA CONFIDENTE SES DOLÉANCES AU SUJET DE SOLANGE ET CHOPIN.
En premier lieu, George Sand conseille son amie au sujet d'un avocat pour son divorce et évoque Chaix d'Estange et Arago, qu'elle ne lui conseille pas: "Quant à lui, Emmanuel, je ne vous le conseillerais pas dans cette circonstance. Quoiqu'il vous donne entièrement raison, et qu'il blâme ouvertement la conduite de M. je pense qu'il éprouverait à plaider contre lui une certaine gêne: car il a été longtems et souvent son hôte [...]."
Elle lui donne ensuite des nouvelles de sa santé et de sa vie quotidienne: "J'ai toujours beaucoup de chagrin du côté de ma fille. [...] Chopin a pris ouvertement parti pour elle contre moi et sans rien savoir de la vérité, ce qui prouve envers moi un grand besoin d'ingratitude et envers elle un engouement bizarre. (Faites comme si vous n'en saviez rien.) Je présume que pour le retourner ainsi, elle aura exploité son caractère jaloux et soupçonneux [...] Je vous avoue que je ne suis pas fâchée qu'il [Chopin] m'ait retiré le gouvernement de sa vie, dont ses amis et lui voulaient me rendre responsable d'une manière beaucoup trop absolue. Son caractère s'aigrissait de jour en jour: il en était venu à me faire des algarades de dépit, d'honneur et de jalousie, en présence de tous mes amis et de mes enfans. Solange s'en est servie avec l'astuce qui lui est propre; Maurice commençait à s'en indigner contre lui. Connaissant et voyant la chasteté de nos rapports, il voyait aussi que ce pauvre esprit malade se posait sans le vouloir et sans pouvoir s'en empêcher peut-être, en amant, en mari, en propriétaire de mes pensées et de mes actions. [...] Mais je ne puis plus, je ne dois ni ne veux retomber sous cette tyrannie occulte qui voulait, par des coups d'épingle continuels et souvent très profonds m'ôter jusqu'au droit de respirer. [...] Je suis persuadée que son entourage, à lui, en jugera autrement. On en fera une victime, et on trouvera plus joli que la vérité, de supposer qu'à mon âge je l'ai chassé pour prendre un amant. Je me moque de tout cela. Ce qui m'affecte profondément, c'est la méchanceté de ma fille qui est le centre de toutes ces méchancetés. [...] Brûlez ma lettre, chère amie, et gardez-moi le secret..."
TRÈS BELLE LETTRE publiée par Georges Lubin in George Sand. Correspondance (Garnier, 1971), tome VIII, p. 110-113 (n° 3739).
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Victorine d'Arcangues