Details
FURTADO, Abraham (1756-1817), banquier bordelais, premier président du Grand Sanhédrin. Treize lettres autographes signées, "Furtado", à son frère Auguste (une à ses filles), Londres, Paris, Bordeaux, St-Sauveur (Hautes Pyrénées), 22 juillet 1802 - 18 décembre 1816 et s.d., 37 pages in-4 (quelques déchirures) ; et une lettre autographe signée à Mr Ensheim, Bordeaux, 25 avril 1811, sur l'existence d'un ordre moral, 10 pages in-folio.
La correspondance comprend quelques lettres importantes au sujet de l'assemblée juive de 1806 et du Grand Sanhédrin de 1807, dont Furtado fut président. Le 3 juin 1806, Furtado se montre sceptique sur la formation d'une assemblée (annoncée dans un décret du 30 mai): "Je ne suis instruit que par des ouisdire, de ce qui se passe au sujet des Juifs. Je ne sçai en verité à quel propos le gouvernement peut remuer ce fumier. Seroit-ce pour y chercher de l'or? Je ne serois pas eloigné de le croire. On veut, dit on, en assembler un grand nombre à Paris, et convoquer un Synode. Ce sera proprement la Tour de Babel et l'image fidelle de la Confusion des langues. Je doute qu'il puisse sortir rien de raisonnable d'une pareille reunion. Quoiqu'il en soit Je ne suis pas du tout d'humeur à me meller, ni directe, ni indirectement de leurs affaires ...". Dans une lettre du 10 juin, il confirme sa nomination à l'assemblée avec peu d'enthousiasme ("Je vois avec un extreme mal au coeur la necessité de me sacrifier"), et redige même une lettre pour que son frère puisse eviter un pareil sort; une lettre du 24 juin reprend le thème, en exprimant son mépris pour les juifs d'Alsace, "cette enorme majorité de superstitieux et barbares allemands qui seront penetrés de respect pour les reveries du Talmud". Deux mois plus tard, Furtado envoie une dépêche sur les affaires de l'assemblée, dont il est désormais président, s'émerveillant devant le nouveau statut des "Juifs, qu'il faut desormais appeller israelites", et décrivant sa réception par le ministre des cultes avec les représentants des communautés catholique et protestante ("tous les Testamens sont ici; l'ancien, le nouveau et le plus nouveau"). Le 12 juin 1807, le changement de ton est total: sous l'emprise des affaires à Paris, "La seule crainte qu['il a] c'est d'etre dans le cas de partir pour Varsovie pour aller remercier l'Empereur de ses bienfaits à l'egard des Juifs". D'autres lettres concernent surtout sa famille et leurs affaires, avec pourtant quelques remarques révélatricss d'un caractère bien trempé: il confesse en 1803 son hésitation à emprunter de l'argent "à quelque israelite, qui semble vous faire une grace ... cela m'humilie au point que je prefererois vendre mon argenterie plutôt que d'avoir recours a ces gens là". (14)
La correspondance comprend quelques lettres importantes au sujet de l'assemblée juive de 1806 et du Grand Sanhédrin de 1807, dont Furtado fut président. Le 3 juin 1806, Furtado se montre sceptique sur la formation d'une assemblée (annoncée dans un décret du 30 mai): "Je ne suis instruit que par des ouisdire, de ce qui se passe au sujet des Juifs. Je ne sçai en verité à quel propos le gouvernement peut remuer ce fumier. Seroit-ce pour y chercher de l'or? Je ne serois pas eloigné de le croire. On veut, dit on, en assembler un grand nombre à Paris, et convoquer un Synode. Ce sera proprement la Tour de Babel et l'image fidelle de la Confusion des langues. Je doute qu'il puisse sortir rien de raisonnable d'une pareille reunion. Quoiqu'il en soit Je ne suis pas du tout d'humeur à me meller, ni directe, ni indirectement de leurs affaires ...". Dans une lettre du 10 juin, il confirme sa nomination à l'assemblée avec peu d'enthousiasme ("Je vois avec un extreme mal au coeur la necessité de me sacrifier"), et redige même une lettre pour que son frère puisse eviter un pareil sort; une lettre du 24 juin reprend le thème, en exprimant son mépris pour les juifs d'Alsace, "cette enorme majorité de superstitieux et barbares allemands qui seront penetrés de respect pour les reveries du Talmud". Deux mois plus tard, Furtado envoie une dépêche sur les affaires de l'assemblée, dont il est désormais président, s'émerveillant devant le nouveau statut des "Juifs, qu'il faut desormais appeller israelites", et décrivant sa réception par le ministre des cultes avec les représentants des communautés catholique et protestante ("tous les Testamens sont ici; l'ancien, le nouveau et le plus nouveau"). Le 12 juin 1807, le changement de ton est total: sous l'emprise des affaires à Paris, "La seule crainte qu['il a] c'est d'etre dans le cas de partir pour Varsovie pour aller remercier l'Empereur de ses bienfaits à l'egard des Juifs". D'autres lettres concernent surtout sa famille et leurs affaires, avec pourtant quelques remarques révélatricss d'un caractère bien trempé: il confesse en 1803 son hésitation à emprunter de l'argent "à quelque israelite, qui semble vous faire une grace ... cela m'humilie au point que je prefererois vendre mon argenterie plutôt que d'avoir recours a ces gens là". (14)