ALEMBERT, Jean Le Rond d' (1717-1783). "Collège". Manuscrit d'une main non identifiée avec corrections et annotations autographes. 24 pp. pour le manuscrit d'origine sur 6 doubles feuillets de papier vergé filigrané et 3 pp. entièrement autographes petit in-4 sur deux feuillets de montage. La calligraphie du texte a ménagé de belles marges dans lesquelles D'Alembert a reporté des corrections et des ajouts.
ALEMBERT, Jean Le Rond d' (1717-1783). "Collège". Manuscrit d'une main non identifiée avec corrections et annotations autographes. 24 pp. pour le manuscrit d'origine sur 6 doubles feuillets de papier vergé filigrané et 3 pp. entièrement autographes petit in-4 sur deux feuillets de montage. La calligraphie du texte a ménagé de belles marges dans lesquelles D'Alembert a reporté des corrections et des ajouts.

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ALEMBERT, Jean Le Rond d' (1717-1783). "Collège". Manuscrit d'une main non identifiée avec corrections et annotations autographes. 24 pp. pour le manuscrit d'origine sur 6 doubles feuillets de papier vergé filigrané et 3 pp. entièrement autographes petit in-4 sur deux feuillets de montage. La calligraphie du texte a ménagé de belles marges dans lesquelles D'Alembert a reporté des corrections et des ajouts.

PRÉCIEUX FRAGMENT DU MANUSCRIT ORIGINAL DE SON ARTICLE DE L'ENCYCLOPÉDIE, "COLLÈGE", ENRICHI D'ANNOTATIONS AUTOGRAPHES INÉDITES.

Ce fragment manuscrit correspond au texte imprimé en 1753 de l'Encyclopédie, dans le tome III, depuis la fin de la page 634, jusqu'à la fin de la page 637.

Dans ce passage, qui fait suite à la définition du terme collège : "corps ou compagnie de personnes occupées des mêmes fonctions" et à des exemples historiques et particuliers, D'Alembert examine si l'éducation publique doit être préférée à l'éducation privée comme le croyait déjà Quintilien, "un des hommes de l'antiquité qui ont eu le plus de sens et le plus de goût". Il prévient : "Nous n'entrerons point ici dans le détail historique des collèges de Paris, ce détail n'est point de l'objet de notre ouvrage et d'ailleurs intéresserait assez peu le public : il est un autre objet bien plus important dont nous voulons ici nous occuper, c'est celui de l'éducation qu'on y donne à la jeunesse".
Il déplore qu'"un jeune homme après avoir passé dans un collège dix années [...] en sort [...] avec la connaissance très imparfaite d'une langue morte, avec des préceptes de rhétorique et des principes de philosophie qu'il doit tâcher d'oublier, souvent dans une corruption de moeurs dont l'altération de sa santé est la moindre suite, quelques-fois avec les principes d'une dévotion mal entendue mais plus ordinairement avec une connaissance de la religion si superficielle qu'elle succombe à la première conversation impie ou à la première lecture dangereuse."

En haut du texte, D'Alembert a ajouté devant le titre Collège, le mot article et, après lui, la mention "dans l'Encyclopédie", qu'il a finalement biffée et fait suivre d'un astérisque qui renvoie à l'ajout porté en marge "note. Cet article, écrit et imprimé en 1753, est uniquement relatif à l'état où les collèges se trouvaient alors. Quant aux études et à la manière d'enseigner, nous ignorons si depuis on a réformé les abus dont nous nous plaignons...". Au deuxième feuillet, il a ajouté ce passage très important: "note. Les Jésuites subsistaient encore dans le temps qu'on écrivait cet article, et avaient dans Paris un collège fameux." Cette note non datée n'a pu être écrite par D'Alembert qu'après la dissolution, en France de la Compagnie de Jésus, en 1764. En effet, en marge du feuillet suivant il a ajouté de sa main la note suivante précédée d'un astérisque : "l'auteur de cet article a eu des maistres qui voulaient lui faire lire au lieu d'Horace, et de Virgile, le poëme de Mr. Prosper sur la grâce..."
Sur l'ensemble du manuscrit, D'Alembert a, avec le plus grand soin, apporté une quarantaine de corrections dans le texte ou en marge, biffant des mots et les remplaçant ou pratiquant des ajouts. Quelques-unes des corrections datent de l'époque de l'impression de L'Encyclopédie, mais la plupart ont été faites plus de dix ans après. Certaines concernent uniquement l'usage grammatical ou lexical, comme lorsque l'auteur remplace la formule "Je conclus du moins" par " Je conclus au moins ". D'autres ont pour but de préciser sa pensée. Ainsi, à la proposition : "L'Université de Paris, composée de particuliers qui ne forment d'ailleurs entr'eux aucun corps régulier ni ecclésiastique, aura moins de peine à secouer le joug des préjugés...", il ajoute : "...qu'un college de religieux". Enfin certaines corrections portent sur le style et rappellent que les articles de L'Encyclopédie, outre leur valeur intrinsèque liée aux idées des Lumières, sont aussi un travail du plus haut intérêt littéraire. Par exemple quand D'Alembert fait référence à La Défaite de Solécisme de Despautière, pièce de théâtre satirique de l'époque, mettant en scène des personnages qui sont des allégories scolaires, il remplace la formule "deux princes appelés Solécisme et Barbarisme" par "deux redoutables souverains ou tyrans, appelés..."
En plus des corrections dans le texte ou des ajouts en marge de celui-ci, l'auteur a collé deux feuillets sur ce manuscrit. Dans le premier il évoque l'envoi, par "... un homme de lettres étranger... il y a plusieurs années, des tables historiques imprimées et rédigées d'après les vues... [qu'il] propose ici". Dans le deuxième feuillet, il fait allusion à un autre article, de l'Encyclopédie, "Classe", rédigé par César Dumarsais qui se montre, lui, favorable à l'éducation publique. D'Alembert précise alors qu'il est lui-même favorable à l'éducation publique "à condition qu'elle soit faite comme l'entend Quintilien, c.à.d. bien differemment de l'éducation publique ordinaire." Enfin, il serait intéressant d'étudier dans le détail chacune de ces corrections de D'Alembert, parce qu'elles révèlent l'évolution des idées de l'auteur sur la société, à une dizaine d'années d'intervalle, dans une période qui précède immédiatement la Révolution. Par exemple, lorsqu'il remplace la phrase: "La matiere dont je vais parler intéresse le gouvernement & la religion, & mérite bien qu'on en parle avec liberté..." par "Cet objet intéresse la Nation & mérite..."
PRÉCIEUX MANUSCRIT QUI EST UN BEAU PLAIDOYER POUR UNE ÉDUCATION LIBRE ET HUMANISTE.

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Clémentine Robert
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