.jpg?w=1)
Details
COLONNA, Francesco (1433-1527). Hypnerotomachie ou Discours du songe de Poliphile. Paris, Kerver, 1561.
In-folio (334 x 214 mm). Titre à bordure historiée et 181 bois gravés, dont 13 à pleine page, avec de nombreuses initiales à fond criblé dans le texte et plusieurs sortes de bandeaux décorés, du plus bel effet. Exemplaire à très grandes marges. Coin d'un feuillet [Fv] restauré. Reliure de l'époque en parchemin ivoire; grand médaillon ovale doré et azuré au centre des plats et encadrement d'un filet doré, dos lisse orné de pommes de pin dorées et de nerfs simulés à motifs dorés, tranches dorées. Sous étui-boîte moderne de toile bleue, identifiant l'auteur, le titre et l'année en lettres dorées sur une pièce de maroquin havane.
DERNIÈRE DES TROIS ÉDITIONS DONNÉES PAR KERVER DE LA TRADUCTION FRANÇAISE, PAR JEAN MARTIN, D'UN DES PLUS CÉLÈBRES LIVRE ITALIEN DE LA RENAISSANCE.
Le Songe de Poliphile passe avec raison pour l'un des livres les plus énigmatiques de la Renaissance. C'est aussi, par son illustration et son format, l'un des plus beaux. Rédigé en latin, avec quelques passages en italien et en grec, il raconte le voyage initiatique de Poliphile, celui qui aime Polia. Transporté en rêve dans un monde merveilleux, le héros se trouve environné d'une architecture fantastique dont l'auteur décrit minutieusement les monuments : un édifice en forme d'éléphant portant un obélisque sur le dos, un autre constitué de l'empilement d'une pyramide, d'un obélisque et d'une statue. Il interprète les inscriptions qui s'y trouvent, parfois en arabe ou en hiéroglyphes. Roman d'amour et récit allégorique, Le Songe de Poliphile connut un immense retentissement et a donné lieu à toutes sortes d'interprétations. Il fut utilisé comme un bréviaire de l'amour courtois, on y a vu aussi une oeuvre hermétique contenant les secrets de l'alchimie. Des passages de Rabelais s'en inspirent directement et Gérard de Nerval s'en est certainement souvenu pour décrire les contrées oniriques d'Aurélia. Jusqu'à Carl Gustav Jung qui y décelait une illustration de sa théorie des archétypes de la psyché humaine. La première édition italienne du Songe, publiée à Venise, date de 1499. L'ouvrage fut traduit une première fois en français en 1546. C'est Jacques Gohory (1520-1576), avocat, médecin et alchimiste parisien, qui le proposa à Jean Martin, déjà traducteur de poètes comme l'Arioste et qui allait également révéler en France les textes de Vitruve ou Alberti.
Dans l'édition française l'ornementation n'est plus italienne mais s'apparente à l'école de Fontainebleau, même si elle respecte fidèlement en ce qui concerne le fond, le modèle italien. Sauf pour une exception importante, dont le sens n'avait pas jusqu'à présent été expliqué, les figures sont les mêmes que dans la première édition française, donnée, en 1546, par le même éditeur. Cette figure à pleine page, au verso du feuillet [Bvi], présente une porte antique à colonnes et chapiteaux dérivés du dorique. Dans les éditions Kerver de 1546 et de 1554, cette gravure ne montrait pas les chapiteaux des colonnes et reproduisait un dessin, assez informe, encombré de commentaires rapportés en reproduction d'écriture et avec des chiffres manuscrits. Ici, dans l'édition de 1561, cette planche a été entièrement regravée et ne porte plus aucune trace de composition manuscrite. La légende explique qu'il s'agit d'une superposition du modèle antique et de celui décrit par l'auteur.
Une intéressante variante se remarque dans notre édition, comme dans l'édition de 1554 par rapport à la première de 1546 : remplaçant le privilège du 8 mars 1543 de l'édition de 1546, le verso du titre contient un feuillet liminaire, curieusement rédigé en latin, signé de Jacques Gohory. Cette note, parue pour la première fois dans l'édition de 1554, publiée au lendemain de la mort de Jean Martin et que l'on retrouve dans les éditions ultérieures, confirme l'indication donnée par Martin dans son introduction révélant la clé de la paternité de l'oeuvre dans l'acrostiche formé par les lettres initiales de chacun des chapitres : Poliam Frater Franciscvs Colvmna Peramavit (Frère François Colonna brûla d'amour pour Polia).
Les initiales en arabesques contenant le célèbre acrostiche avec le nom de l'auteur ont été spécialement dessinées pour cette édition. On trouve à la suite de la dédicace un poème liminaire français au verso duquel il y a un sonnet italien où l'on observe des variantes avec le texte publié en 1546, aussi bien dans l'original italien que dans la traduction française donnée en vers au-dessous : les initiales GPM qui dans l'édition de 1546 précédaient le sonnet italien ont disparu, et la devise italienne qui le suivait est remplacée par cette devise latine Caelum, non solum (Le ciel, non le sol).
TRÈS BEL EXEMPLAIRE, FORT RARE EN BELLE RELIURE DÉCORÉE D'ÉPOQUE. Brunet, IV, 779 ; Mortimer, I, 147.
In-folio (334 x 214 mm). Titre à bordure historiée et 181 bois gravés, dont 13 à pleine page, avec de nombreuses initiales à fond criblé dans le texte et plusieurs sortes de bandeaux décorés, du plus bel effet. Exemplaire à très grandes marges. Coin d'un feuillet [Fv] restauré. Reliure de l'époque en parchemin ivoire; grand médaillon ovale doré et azuré au centre des plats et encadrement d'un filet doré, dos lisse orné de pommes de pin dorées et de nerfs simulés à motifs dorés, tranches dorées. Sous étui-boîte moderne de toile bleue, identifiant l'auteur, le titre et l'année en lettres dorées sur une pièce de maroquin havane.
DERNIÈRE DES TROIS ÉDITIONS DONNÉES PAR KERVER DE LA TRADUCTION FRANÇAISE, PAR JEAN MARTIN, D'UN DES PLUS CÉLÈBRES LIVRE ITALIEN DE LA RENAISSANCE.
Le Songe de Poliphile passe avec raison pour l'un des livres les plus énigmatiques de la Renaissance. C'est aussi, par son illustration et son format, l'un des plus beaux. Rédigé en latin, avec quelques passages en italien et en grec, il raconte le voyage initiatique de Poliphile, celui qui aime Polia. Transporté en rêve dans un monde merveilleux, le héros se trouve environné d'une architecture fantastique dont l'auteur décrit minutieusement les monuments : un édifice en forme d'éléphant portant un obélisque sur le dos, un autre constitué de l'empilement d'une pyramide, d'un obélisque et d'une statue. Il interprète les inscriptions qui s'y trouvent, parfois en arabe ou en hiéroglyphes. Roman d'amour et récit allégorique, Le Songe de Poliphile connut un immense retentissement et a donné lieu à toutes sortes d'interprétations. Il fut utilisé comme un bréviaire de l'amour courtois, on y a vu aussi une oeuvre hermétique contenant les secrets de l'alchimie. Des passages de Rabelais s'en inspirent directement et Gérard de Nerval s'en est certainement souvenu pour décrire les contrées oniriques d'Aurélia. Jusqu'à Carl Gustav Jung qui y décelait une illustration de sa théorie des archétypes de la psyché humaine. La première édition italienne du Songe, publiée à Venise, date de 1499. L'ouvrage fut traduit une première fois en français en 1546. C'est Jacques Gohory (1520-1576), avocat, médecin et alchimiste parisien, qui le proposa à Jean Martin, déjà traducteur de poètes comme l'Arioste et qui allait également révéler en France les textes de Vitruve ou Alberti.
Dans l'édition française l'ornementation n'est plus italienne mais s'apparente à l'école de Fontainebleau, même si elle respecte fidèlement en ce qui concerne le fond, le modèle italien. Sauf pour une exception importante, dont le sens n'avait pas jusqu'à présent été expliqué, les figures sont les mêmes que dans la première édition française, donnée, en 1546, par le même éditeur. Cette figure à pleine page, au verso du feuillet [Bvi], présente une porte antique à colonnes et chapiteaux dérivés du dorique. Dans les éditions Kerver de 1546 et de 1554, cette gravure ne montrait pas les chapiteaux des colonnes et reproduisait un dessin, assez informe, encombré de commentaires rapportés en reproduction d'écriture et avec des chiffres manuscrits. Ici, dans l'édition de 1561, cette planche a été entièrement regravée et ne porte plus aucune trace de composition manuscrite. La légende explique qu'il s'agit d'une superposition du modèle antique et de celui décrit par l'auteur.
Une intéressante variante se remarque dans notre édition, comme dans l'édition de 1554 par rapport à la première de 1546 : remplaçant le privilège du 8 mars 1543 de l'édition de 1546, le verso du titre contient un feuillet liminaire, curieusement rédigé en latin, signé de Jacques Gohory. Cette note, parue pour la première fois dans l'édition de 1554, publiée au lendemain de la mort de Jean Martin et que l'on retrouve dans les éditions ultérieures, confirme l'indication donnée par Martin dans son introduction révélant la clé de la paternité de l'oeuvre dans l'acrostiche formé par les lettres initiales de chacun des chapitres : Poliam Frater Franciscvs Colvmna Peramavit (Frère François Colonna brûla d'amour pour Polia).
Les initiales en arabesques contenant le célèbre acrostiche avec le nom de l'auteur ont été spécialement dessinées pour cette édition. On trouve à la suite de la dédicace un poème liminaire français au verso duquel il y a un sonnet italien où l'on observe des variantes avec le texte publié en 1546, aussi bien dans l'original italien que dans la traduction française donnée en vers au-dessous : les initiales GPM qui dans l'édition de 1546 précédaient le sonnet italien ont disparu, et la devise italienne qui le suivait est remplacée par cette devise latine Caelum, non solum (Le ciel, non le sol).
TRÈS BEL EXEMPLAIRE, FORT RARE EN BELLE RELIURE DÉCORÉE D'ÉPOQUE. Brunet, IV, 779 ; Mortimer, I, 147.
Brought to you by
Clémentine Robert