Lot Essay
Philippe de Chennevières, qui possèdait le dessin, l'identifiait comme une étude pour la Mort de Germanicus, chef-d'oeuvre de l'artiste aujourd'hui au Minneapolis Institute of Arts (fig.1; cat. expo. Nicolas Poussin 1594-1665, Paris, Grand Palais, 1995, no. 18). Le tableau date de 1627 et le British Museum en conserve une étude à la plume et au lavis (P. Rosenberg et L.-A. Prat, Nicolas Poussin 1594-1665, Catalogue raisonné des dessins, Milan, 1995, I, no. 27). La présente feuille, où s'observent déjà l'économie de moyens et les traits tremblottants caractéristiques des dessins de la dernière partie de la carrière de l'artiste, est d'un style tout différent de celle du British Museum et doit être placée plus tard.
Poussin a réalisé au moins deux autres dessins sur le thème de la Mort de Germanicus datant également d'après l'exécution du tableau de Minneapolis. Le premier, aujourd'hui au muséee Condé à Chantilly (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 146), à la plume et au lavis brun, est une étude d'ensemble de la composition, tandis que le second, de l'ancienne collection Lebel (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 145), uniquement à la plume, montre uniquement la partie gauche de la scène (on n'aperçoit du corps de Germanicus que ses jambes).
Le dessin Lebel figurait, tout comme celui-ci, dans la collection Chennevières et l'éminent amateur considérait même que les deux formaient une seule et même oeuvre (Chennevières, op. cit., p. 91). Pourtant, le présent dessin est dans le sens opposé de la composition du dessin Lebel et, bien sûr, du tableau de Minneapolis. Tacite dans le passage de ses Annales (II, LXXI et LXXII) consacré à la vie de Germanicus dont Poussin tira le sujet de sa composition, indique qu'avant de mourir le général s'adressa à ses amis 'qui jurèrent en touchant la main droite du mourant, qu'ils renonceraient plutôt à la vie qu'à la vengeance'. Le tableau de Minneapolis et les dessins Lebel et du musée Condé respectent cette spécification tandis que dans la présente feuille c'est la main gauche du mourant que tient la figure à ses côtés. D'autre part, comparé aux dessins Lebel et de Chantilly datés par Rosenberg et Prat des années 1636-38, le style de la présente feuille paraît un peu plus tardif et s'apparente plus aux oeuvres des années 1643-5, soit après le retour de Poussin de son séjour parisien.
Le thème de l'homme mourrant apparaît ailleurs dans l'oeuvre de Poussin, bien sûr dans L'extrême onction des deux séries des Sacrements, mais aussi dans le Testament d'Eudamidas, tableau aujourd'hui au Statens Museum for Kunst de Copenhague (fig.2; cat. expo. Nicolas Poussin, op. cit., no. 139). Le sujet, rarement traité et tiré de Lucien (Dialogues: Toxaris ou de l'Amitié, XXII), met en scène Eudamidas, un Corinthien ruiné qui laisse en mourrant à ses deux amis la charge de veiller sur sa vieille mère et de doter sa fille. Plus que du tableau lui-même, le présent dessin peut être rapproché d'une feuille de la Hamburger Kunsthalle (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 277) où la figure d'Eudamidas et en particulier sa tête comme coiffée d'un bonnet (on notera également les plis du coussin similaires sur les deux oeuvres) apparaîssent fort comparables. Le dessin de Hambourg, auquel il faut peut-être associer la Scène domestique à l'intérieur d'une pièce du Louvre (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 274) où la figure de l'homme couché à l'arrière-plan a la main gauche levéé comme dans le présent dessin, date selon Rosenberg et Prat de 1644 environ.
Au verso du dessin, Poussin a esquissé à la pierre noire une jambe repliée. Il s'agit de l'une des rares études anatomiques que l'on connaisse de l'artiste.
Poussin a réalisé au moins deux autres dessins sur le thème de la Mort de Germanicus datant également d'après l'exécution du tableau de Minneapolis. Le premier, aujourd'hui au muséee Condé à Chantilly (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 146), à la plume et au lavis brun, est une étude d'ensemble de la composition, tandis que le second, de l'ancienne collection Lebel (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 145), uniquement à la plume, montre uniquement la partie gauche de la scène (on n'aperçoit du corps de Germanicus que ses jambes).
Le dessin Lebel figurait, tout comme celui-ci, dans la collection Chennevières et l'éminent amateur considérait même que les deux formaient une seule et même oeuvre (Chennevières, op. cit., p. 91). Pourtant, le présent dessin est dans le sens opposé de la composition du dessin Lebel et, bien sûr, du tableau de Minneapolis. Tacite dans le passage de ses Annales (II, LXXI et LXXII) consacré à la vie de Germanicus dont Poussin tira le sujet de sa composition, indique qu'avant de mourir le général s'adressa à ses amis 'qui jurèrent en touchant la main droite du mourant, qu'ils renonceraient plutôt à la vie qu'à la vengeance'. Le tableau de Minneapolis et les dessins Lebel et du musée Condé respectent cette spécification tandis que dans la présente feuille c'est la main gauche du mourant que tient la figure à ses côtés. D'autre part, comparé aux dessins Lebel et de Chantilly datés par Rosenberg et Prat des années 1636-38, le style de la présente feuille paraît un peu plus tardif et s'apparente plus aux oeuvres des années 1643-5, soit après le retour de Poussin de son séjour parisien.
Le thème de l'homme mourrant apparaît ailleurs dans l'oeuvre de Poussin, bien sûr dans L'extrême onction des deux séries des Sacrements, mais aussi dans le Testament d'Eudamidas, tableau aujourd'hui au Statens Museum for Kunst de Copenhague (fig.2; cat. expo. Nicolas Poussin, op. cit., no. 139). Le sujet, rarement traité et tiré de Lucien (Dialogues: Toxaris ou de l'Amitié, XXII), met en scène Eudamidas, un Corinthien ruiné qui laisse en mourrant à ses deux amis la charge de veiller sur sa vieille mère et de doter sa fille. Plus que du tableau lui-même, le présent dessin peut être rapproché d'une feuille de la Hamburger Kunsthalle (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 277) où la figure d'Eudamidas et en particulier sa tête comme coiffée d'un bonnet (on notera également les plis du coussin similaires sur les deux oeuvres) apparaîssent fort comparables. Le dessin de Hambourg, auquel il faut peut-être associer la Scène domestique à l'intérieur d'une pièce du Louvre (Rosenberg et Prat, op. cit., no. 274) où la figure de l'homme couché à l'arrière-plan a la main gauche levéé comme dans le présent dessin, date selon Rosenberg et Prat de 1644 environ.
Au verso du dessin, Poussin a esquissé à la pierre noire une jambe repliée. Il s'agit de l'une des rares études anatomiques que l'on connaisse de l'artiste.