Lot Essay
Jean-Baptiste-Nicolas Raguenet, né à Paris en 1715, se spécialisa dans les représentations topographiques de la capitale, qu'il exécuta entre les années 1750 et 1770. Il fut aussi homme de théâtre et poète, et s'il resta toute sa vie en marge du monde académique, il connut sans doute un certain succès, à en juger d'après les reprises autographes de ses meilleures compositions. Ses oeuvres constituent autant de témoignages de l'urbanisme parisien et de la vie quotidienne au XVIIIème siècle. Comme beaucoup de peintres de vues, Raguenet employait sans doute une chambre d'optique, c'est-à-dire un instrument pour tracer et placer tous les bâtiments. Cet usage explique probablement certaines déformations dans les parties extrêmes des tableaux. Cette technique n'était pourtant qu'une étape de la création. Raguenet devait certainement revenir plusieurs fois sur le motif, d'abord pour les rehauts de couleurs mais aussi pour peupler ces paysages de toute l'animation des rues parisiennes. On ne peut qu'imaginer aujourd'hui le peintre occupé à croquer promeneurs élégants, petits métiers et mendiants dont l'opposition constitue une vision si pittoresque.
La fontaine de la Samaritaine et le Pont Neuf est l'un des tableaux les plus précoces de Jean-Baptiste Raguenet. Une autre vue de ces deux monuments, elle aussi datée de 1754 mais prise cette fois depuis les quais au nord de l'île de la Cité, est désormais conservée au Musée Camondo. Cette dernière composition a été reprise, l'année suivante, dans un tableau aujourd'hui au Louvre.
Le Pont Neuf avait été réclamé au roi Henri II par les habitants du faubourg Saint-Germain, soucieux de se rapprocher du Louvre. Les architectes Jean du Cerceau et Guillaume Lemarchand furent chargés du projet, alors jugé très ambitieux et novateur et dont subsistent encore aujourd'hui les imposantes piles. Construite en 1608 par l'ingénieur flamand Jean Lintlaer afin d'alimenter en eau le Louvre et les Tuileries, la pompe de la Samaritaine flanquait le Pont Neuf sur le grand bras de la Seine, du côté ouest. Le bâtiment original comportait deux étages et un grand toit percé de lucarnes. Il devait son nom au groupe sculpté du Christ et de la Samaritaine ornant une fontaine sur la façade. Cette composition était surmontée d'une horloge munie d'un carillon marquant les heures, les jours et les mois. Menaçant ruine, l'édifice fut reconstruit à la fin du règne de Louis XIV, vers 1711-1717, et devint, comme on le voit ici, un élégant pavillon élevé sur les dessins de Robert de Cotte. L'arcade était surmontée d'un campanile en charpente revêtu de plomb doré contenant l'horloge et le carillon. Très populaire, la Samaritaine devint l'un des buts de promenade favoris pour les Parisiens, qu'elle alimentait si généreusement en eau, avant d'être détruite en 1813. La Place Dauphine avait quant à elle été aménagée à l'extrémité ouest de l'île de la Cité sous le règne d'Henri IV. La statue d'Henri IV à cheval, construite d'après des modèles italiens, fut l'oeuvre de Jean de Bologne et de son éléve Pietro Tacca. Il est à noter que sur le tableau peint en 1754, ne figure pas l'hôtel des Monnaies construit par Antoine en 1771 seulement.
Les tableaux de Raguenet sont rares: son catalogue raisonné, établi vers 1950 par Marie-Thérèse Lemoyne de Forges, compte moins d'une centaine d'oeuvres. Cette rareté, jointe au peu d'intérêt porté par les historiens d'art français sur leurs propres vedutiste (peintres de vues topographiques) peuvent expliquer pourquoi cet artiste, pourtant représenté au Louvre et au Musée Carnavalet, est resté méconnu. Son intérêt pour la lumière et la représentation de cieux chargés de nuages, qui couvrent souvent plus de la moitié du tableau, évoque pourtant celui de Bernardo Bellotto. La nonchalance des promeneurs chamarrés rappelle quant à elle l'art d'Antonio Joli. Dans le Pont Neuf et la Samaritaine, à l'image de ces deux grands peintres italiens contemporains, Raguenet parvient, sans aucune sécheresse, à allier vue d'ensemble et détails minutieux, précision et poésie.
La fontaine de la Samaritaine et le Pont Neuf est l'un des tableaux les plus précoces de Jean-Baptiste Raguenet. Une autre vue de ces deux monuments, elle aussi datée de 1754 mais prise cette fois depuis les quais au nord de l'île de la Cité, est désormais conservée au Musée Camondo. Cette dernière composition a été reprise, l'année suivante, dans un tableau aujourd'hui au Louvre.
Le Pont Neuf avait été réclamé au roi Henri II par les habitants du faubourg Saint-Germain, soucieux de se rapprocher du Louvre. Les architectes Jean du Cerceau et Guillaume Lemarchand furent chargés du projet, alors jugé très ambitieux et novateur et dont subsistent encore aujourd'hui les imposantes piles. Construite en 1608 par l'ingénieur flamand Jean Lintlaer afin d'alimenter en eau le Louvre et les Tuileries, la pompe de la Samaritaine flanquait le Pont Neuf sur le grand bras de la Seine, du côté ouest. Le bâtiment original comportait deux étages et un grand toit percé de lucarnes. Il devait son nom au groupe sculpté du Christ et de la Samaritaine ornant une fontaine sur la façade. Cette composition était surmontée d'une horloge munie d'un carillon marquant les heures, les jours et les mois. Menaçant ruine, l'édifice fut reconstruit à la fin du règne de Louis XIV, vers 1711-1717, et devint, comme on le voit ici, un élégant pavillon élevé sur les dessins de Robert de Cotte. L'arcade était surmontée d'un campanile en charpente revêtu de plomb doré contenant l'horloge et le carillon. Très populaire, la Samaritaine devint l'un des buts de promenade favoris pour les Parisiens, qu'elle alimentait si généreusement en eau, avant d'être détruite en 1813. La Place Dauphine avait quant à elle été aménagée à l'extrémité ouest de l'île de la Cité sous le règne d'Henri IV. La statue d'Henri IV à cheval, construite d'après des modèles italiens, fut l'oeuvre de Jean de Bologne et de son éléve Pietro Tacca. Il est à noter que sur le tableau peint en 1754, ne figure pas l'hôtel des Monnaies construit par Antoine en 1771 seulement.
Les tableaux de Raguenet sont rares: son catalogue raisonné, établi vers 1950 par Marie-Thérèse Lemoyne de Forges, compte moins d'une centaine d'oeuvres. Cette rareté, jointe au peu d'intérêt porté par les historiens d'art français sur leurs propres vedutiste (peintres de vues topographiques) peuvent expliquer pourquoi cet artiste, pourtant représenté au Louvre et au Musée Carnavalet, est resté méconnu. Son intérêt pour la lumière et la représentation de cieux chargés de nuages, qui couvrent souvent plus de la moitié du tableau, évoque pourtant celui de Bernardo Bellotto. La nonchalance des promeneurs chamarrés rappelle quant à elle l'art d'Antonio Joli. Dans le Pont Neuf et la Samaritaine, à l'image de ces deux grands peintres italiens contemporains, Raguenet parvient, sans aucune sécheresse, à allier vue d'ensemble et détails minutieux, précision et poésie.