SHIRO KURAMATA (1934-1991)
Cette chaise dont le processus de création s'apparente à un 'happening', est conçue par Kuramata le 1er janvier 1985. Il est alors dans son bureau. Il prend ce qui très probablement est une édition d'un fauteuil dessiné par Josef Hoffmann - architecte qu'il admire - pour Thonet, au dessin minimaliste, dont il a déjà fait usage à plusieurs reprises dans ses aménagements intérieurs, notamment pour la maison Esprit, 1983, et décide d'en entourer de fils d'acier la structure en bois courbé, puis d'y mettre le feu, afin d'obtenir une simple trace du siège initial. Cette performance s'appuie sur le travail inconscient de la mémoire, des souvenirs - auquel Kuramata attache une importance essentielle, et qui marque nombre de ses oeuvres - en l'occurence ceux de son enfance durant la guerre. Il se remémore des images de ruines enflammées dans sa ville de Tokyo après les raids aériens, alors qu'il joue près du bureau de son père. La matérialité du siège disparaît, sa fonction est annulée puisqu'il est trop fragile pour que l'on puisse s'y assoir, lui conférent un statut incertain, qui n'est pas celui d'une pièce de mobilier même s'il en a encore les contours, et qui s'apparente d'avantage à l'objet où à une intervention artistique. Création majeure et singulière dans son oeuvre, elle témoigne de la richesse et de la complexité de la pensée de Kuramata. This chair conceived by Kuramata on New Year's Day 1985, is the consequence of a creative process akin to that of a 'Happening'. Taking an example of a classic Josef Hoffmann Thonet bentwood chair - a model that the designer is known to have appreciated, as he already used examples of this minimalist design in previous interior shemes, most notably the Esprit House of 1983 - Kuramata decided to wrap the frame in steel wire to then combust the entire structure, an action intended to remove all trace of the initial bentwood template. This process was duly invoke impressions of memory, impermanence - consistent and important characteristics of Kuramata's expression - and ones that were no doubt shaped by his exposure, as an impressionable child, to the devastating and ruinous wartime bombing wreaked uopn his home city of Tokyo. As the physicality of the chair dissolved in the flames, yielding only a hesistant, redundant; expression of memory, only the silhouette of what once had been now remained. This masterpiece of conception is unique amongst Kuramata's creativity, and bears witness to the profoundly complex attitudes that guided the designer.
SHIRO KURAMATA (1934-1991)

'HOMAGE TO JOSEF HOFFMANN, BEGIN THE BEGUINE', CHAISE, PIÈCE UNIQUE, EN COLLABORATION AVEC TERADA TEKKOJO LTD., 1985

Details
SHIRO KURAMATA (1934-1991)
'HOMAGE TO JOSEF HOFFMANN, BEGIN THE BEGUINE', CHAISE, PIÈCE UNIQUE, EN COLLABORATION AVEC TERADA TEKKOJO LTD., 1985
En bois courbé partiellement brûlé et fils de métal; accompagné de son emballage d'origine en papier argenté
Hauteur : 83 cm. (32 5/8 in.) ; Largeur : 50 cm. (19 5/8 in.) ; Profondeur : 54 cm. (21¼ in.)

Provenance
Collection Zeev Aram, Londres.
Literature
A. Isozaki, Shiro Kuramata 1967-1987, éditions Paro Co. Ltd., Tokyo, 1988, p. 90 pour l'autre exemplaire du modèle.
Shiro Kuramata 1934-1941, catalogue d'exposition, Hara Museum of Contemporary Art, Tokyo, éditions Kuramata Design Office, Tokyo, 2000, p. 174, pl. 2
Exhibited
Shiro Kuramata, Aram Designs Ltd., Londres, 14 octobre 1981.
Exposition non commerciale, Shiro Kuramata, Aram Designs Ltd., Londres, 27 juin - 10 juillet 2013, à l'occasion de la signature de l'ouvrage de D. Sudjic dédié à l'artiste.
Further details
'HOMAGE TO JOSEF HOFFMANN, BEGIN THE BEGUINE', A PARTLY BURNT BENTWOOD AND STEEL MESH CHAIR BY SHIRO KURAMATA, DESIGNED IN 1985, UNIQUE PIECE, WITH THE COLLABORATION OF TERADA TEKKOJO Ltd.

Only two versions of this design were executed, each unique through their shared process of creation. The chair offered was the first to have been executed - an event recorded in a film that documented the immolation of the wire-wrapped chair. The second version, now in the collection of Mister Issey Miyake, bears no remaining trace of the original carbonized bentwood structure, and contrary to the raw metal finish preserved on the first chair, the scorched metal wire was subsequently cleaned, polished and then varnished. The subtitle of this work -'Begin the Beguine' - draws reference to the American jazz tune composed by Cole Porter in 1935. Significantly, this dreamy eulogy to love, loss, memory and rebirth, no doubt frequently played upon American Forces Radio during the post-war occupation of Japan, underlines the transient, fleeting memory of the chair's one-time existence.

And last one could also see in this title, based on Kuramata's taste for playing with words, a reference to the concept of origine. The Phonetic resonnance of these words -'begin the begin' - may also refer to the importance of Josef Hofmann among the Modernity that developed at the tun of the late century, promess of a new world and consequently a rebirth.

Brought to you by

Emmanuelle Fabre
Emmanuelle Fabre

Lot Essay

Cf. : M. Dietz & M. Mönninger, Japanese Design, Taschen, 1988, p. 71
C. & P. Fiell, Modern Chairs, éditions Taschen, Köln, 1993, p. 122
C. & P. Fiell, 1000 chairs, éditions Taschen, Köln, 1997, p. 575
D. Sudjic, Shiro Kuramata, Catalogue of works, Phaidon, Londres, 2013, p. 334 n. 413
D. Sudjic, Shiro Kuramata, Essays & Writings, Phaidon, Londres, 2013, p. 101

Il n'existe que deux versions de cette chaise, chacune pièce unique de par le processus même de fabrication. La chaise présentée ici est la première réalisée, laquelle fait également l'objet du film témoignant de la performance et du processus de fabrication. La seconde version, qui ne comporte plus aucune trace de la structure en bois courbé du fauteuil de Josef Hoffmann fait partie des collections de Mr Issey Miyake. La surface du métal de ce dernier est polie et vernie contrairement au nôtre dont le métal est resté non poli et non traité.
Si la seconde partie du titre de l'oeuvre 'Begin the Beguine' est un hommage au Jazz et plus particulièrement à la célèbre chanson composée par Cole Porter en 1935 - éloge rêveur de l'amour, de la perte, du souvenir et de la renaissance - diffusé fréquemment sur la radio des Forces Américaines durant la période d'occupation d'après-guerre au Japon, et qui d'une certaine manière fait au souvenir transitoire, fugace de l'existence de cette chaise à un moment donné.

Enfin il est également permis d'imaginer qu'il renvoie, par un jeu de mots apprécié de Kuramata, à la notion d'origine. Sa simple résonance phonétique - le début du début - semble une évocation de la place de Josef Hoffmann dans l'émergence de la modernité au tournant du siècle dernier, symbole d'un nouveau monde à venir et là encore d'une renaissance.

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