COUPE A OMBILIC EN EMAIL PEINT POLYCHROME PARTIELLEMENT DORE
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Bien qu'une grande majorité de verreries vénitiennes date de la Renaissance, vestiges et documents anciens permettent d'établir les origines de celles-ci vers le VIIème siècle après. J.-C., sur l'île de Torcello. D'importants incendies détruisirent les fours en 1291, obligeant le Sénat de Venise à réimplanter les verreries sur l'île de Murano, où elles se trouvent encore à ce jour. Ces verreries produisaient tout un éventail d'objets, destinés tant à l'usage domestique qu'au marché du luxe, et c'est dans ce contexte que les objets émaillés furent produits aux XVème et XVIème siècles. Bien que ces émaux traduisent un goût très européen, on ne peut nier l'influence que les relations établies entre Venise et l'Orient eurent sur ceux-ci. Les courants d'idées, l'iconographie et les motifs décoratifs islamiques se propagèrent dans tous les aspects de la vie vénitienne à la Renaissance sans exception: l'architecture, la mode, la philosophie, les sciences, les arts, témoignent tous de ces échanges culturels tout comme les émaux de la collection ici présente. Bien que ces échanges culturels entre les deux civilisations furent en place dès le IXème siècle après J.-C., le voyage de Gentile Bellini à Constantinople vers 1479-81 fut sans doute le plus déterminant, réinterprété par des peintres tels qu'Andrea Mantegna, de sorte que les motifs orientaux devinrent coutumiers du paysage pictural occidental. Citons, par exemple, le brûle-parfum turc peint par Mantegna dans son "Adoration des Mages" (J. P. Getty Museum, Los Angeles), ou encore le groupe d'hommes en turban figurant dans "l'Arrestation de Saint-Marc" par Giovanni Mansueti (Collection Liechtenstein, à Vaduz) ou bien la robe damassée richement brodée portée par le doge Loredan dans son portrait par Giovanni Bellini (National Gallery, London). A chacune de ces nouvelles oeuvres, les décors gagnent en exotisme et en extravagance par rapport aux représentations classiques vénitiennes. Ainsi, conséquence de cet essaimage culturel fertile et réciproque, les artistes vénitiens produisirent à tour de bras de riches tissus, des pièces en métal liturgiques et domestiques, des cabinets et surtout des émaux dont le ciboire, les coupes, et les pique-cierges présents ici. Ces oeuvres illustrent la richesse de la production vénitienne pour de tels objets, raffinés et luxueux. Leur influence orientale est clairement visible comme par exemple avec le motif en arabesque ornant la panse du vase lustré à glaçure bleue datant du XIIIème siècle dans la collection Al-Sabah, (National Museum, au Koweit; Watson, op. cit., no. R.1.). Les arabesques sophistiquées et symétriques, rehaussées de feuilles stylisées, constituent la trame des décors de la plupart des émaux présents ici. Il en va ainsi du type de décor ornant d'autres céramiques d'origine syrienne datant du XVème siècle, telle que la coupe à motifs rayonnants de la Collection Madina, à New York (Atil, op. cit., nos. 74-5). Celle-ci marie le motif à feuillage classique que l'on retrouve sur tous les émaux vénitiens et celui, moins fréquent, des lobes à point central. Si l'on considère la verrerie égyptienne ou syrienne dès le XIIIème siècle, on peut là aussi remarquer ces arabesques à feuilles dorées, mais également le recours à une palette rudimentaire de rouges, bleus et blancs. Citons par exemple la lampe de mosquée du XIVème siècle ou la gourde de la fin du XIIIème siècle conservées toutes deux au British Museum à Londres (Glass of the Sultans, nos. 117 and 123, respectivement). Les similitudes ne se limitent pas au type de décoration. En termes de forme et de configuration, on peut également faire un parallèle, par exemple, avec la cruche médiévale à long col d'Ar-Raqqa conservée au Metropolitan Museum of Art à New York (Jenkins-Madina, op. cit., no. MMA23) ainsi qu'avec l'aiguière émaillée provenant de la collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé vendue en 2009 (lot 610). De toute évidence, les émailleurs vénitiens furent éminemment inspirés par les prototypes islamiques. Comme nous l'avons dit précédemment, un essaimage culturel fertile et réciproque y est pour beaucoup; le fait que l'Antiquité ne leur ait pas, contrairement aux Romains ou aux Florentins, légué de patrimoine conséquent les a conduit à puiser leur inspiration dans le patrimoine culturel musulman, auquel ils étaient plus exposés. D'autres facteurs ont également pu intervenir pour expliquer la profusion d'objets d'inspiration islamique produits à Venise, et la portée de l'influence exercée par les prototypes islamiques. Le début du XVème siècle marqua le déclin de la domination du monde islamique sur la production verrière. L'invasion de la Syrie par Tamerlan en 1400 conduisit au massacre d'une grande partie de la population à Damas, à l'exception des artisans qui s'exilèrent à Samarcande. Il se peut également que les persécutions que subirent les Chrétiens en Syrie à cette époque aient poussé ces derniers et/ou les artisans verriers syriens à émigrer à Venise, apportant avec eux les techniques de décoration de l'émail et des dorures qu'ils tenaient d'une tradition verrière héritée de l'empire Byzantin.
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VENISE, VERS 1500

Details
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VENISE, VERS 1500
De forme circulaire, à décors de godrons enserrant un médaillon cloisonné d'époque postérieure; le revers en émail bleu à motif de semis de fleurettes dorées; reposant sur un petit pied circulaire; portant deux étiquettes en papier inscrites "G/H 108." et "28"
Diamètre: 30 cm. (11¾ in.)
Literature
BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE:
P. Verdier, The Walters Art Gallery - Catalogue of the Painted Enamels of the Renaissance, Baltimore, 1963.
Further details
A PARCEL-GILT POLYCHROME ENAMEL UMBILICUS CUP, VENETIAN, CIRCA 1500

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