Lot Essay
L'oeuf d'autruche exerce depuis très longtemps une grande fascination en raison de sa rareté et du mystère de son origine qui ont contribués à lui donner une valeur mystique et religieuse. En France, dès 1286, deux oeufs d'autruche à garniture d'argent utilisés pour les fêtes de Pâques sont mentionnés dans un inventaire de la cathédrale d'Angers et ils apparaissent dès le Moyen Age dans l'orfèvrerie civile. Victor Gay dans Le Glossaire Archéologique et Léon de Laborde dans Le glossaire Français du Moyen Age relèvent des coupes en oeuf d'autruche avec ou sans couvercle dans les inventaires des rois Charles V et Charles VI, mais aussi du duc de Berry et du duc de Bourgogne.
Cette mode perdure au XVIème et XVIIème siècles stimulée par le goût pour l'histoire naturelle et l'exotisme, et l'apparition des cabinets de curiosités. Les orfèvres allemands vont exceller dans la fabrication de ces pièces montées grâce au soutien d'une riche clientèle désireuse de meubler leur kunst-und-wunderkammers.
Au XIXème siècle, c'est le retour du goût Renaissance qui va remettre ces objets à la mode. Cependant leur rareté va entraîner la création de nouveaux objets inspirés ou copiés sur ces modèles allemands du XVIème et XVIIème siècle. Ainsi cet oeuf d'autruche s'apparente aux exemplaires faits à Nuremberg vers 1590 et notamment à une coupe d'Elias Lencker datée 1562-1591, aujourd'hui au Historisches Museum de Bâle et illustrée dans C. Hernmarck, The art of the European silversmiths 1430-1830, Londres et New York, 1977, No 154, p.58, dont les trois supports en caryatides et le fût sont très similaires; de même une autre d'Hans Kellner datée 1592-1594 illustrée au No 586, p. 897 du Nürnberger Golschmiedkunst, Band I, Teil I, Nürnberger, 2007, est gravée sur le col d'une scène de chasse d'autruche très semblable.
Cet objet extraordinaire par la qualité d'éxécution est l'oeuvre de Reinhold Vasters. Né à Aix la Chapelle en 1827, il inscrit son premier poinçon d'orfèvre en 1853. Il travaille aussi comme restaurateur au trésor d'Aix la Chapelle où il se forme sans doute à la fabrication d'objets gothique et Renaissance. Pourtant dès les années 1860, il semble se concentrer sur la fabrication de pièces d'orfèvrerie essentiellement civiles et de style Renaissance. C'est sans doute sa rencontre avec le chanoine Franz Bock et le marchand Fréderic Spitzer vers 1855 qui infuencera ce changement de production. Tous deux vont capitaliser sur le talent inné de ce jeune orfèvre et l'encourager à non seulement fabriquer mais aussi copier des pièces de style qui feront la renommée et la fortune de Vasters. Il cesse dès lors de frapper son poinçon sur ses objets comme c'est le cas ici. Les archives de ses dessins aujourd'hui conservées au Victoria & Albert Museum à Londres et publiées par Miriam Krautwurst dans sa thèse de doctorat intitulée Reinhold Vasters-ein niederrheinischer Goldschmied des 19.Jahrhunderts in der Tradition alter Meister. Sein Zeichnungskonvolut im Victoria und Albert Muzeum zu London révèlent ainsi la quantité d'objets réalisés par Vasters, et un dessin de notre oeuf y figure au numéro P38, p.348. Pourtant la nature ébauchée de certains éléments laisse penser qu'en l'occurence Vasters a probablement réutilisé des parties d'un objet du XVIIème siècle, notamment les supports en caryatide, pour réparer ou recréer un objet ancien authentique.
Cet objet va intégrer la collection d'Alfred Pringsheim, sans que l'on sache s'il l'achète directement à Spitzer, lors de sa vente après décès en avril 1893 ou postérieurement.
Alfred Pringsheim est né à Ohlau en Pologne en 1850 d'un père industriel. Grand mathématicien qui enseigna à l'université de Munich jusqu'à sa retraite en 1922, Pringsheim était aussi un très grand amateur d'art, membre du comité d'achat d'oeuvres d'art du musée national de Bavière. Dès 1880, il acquiert ses premières pièces de majolique et d'orfèvrerie de la période Renaissance et Baroque, qu'il présente dans son magnifique hôtel particulier néo-renaissance sur la Arcisstrasse. Cet ensemble qui deviendra la plus grande collection d'orfèvrerie en république de Weimar est présenté dans de grands buffets organisés par période et par pays ou régions. Ainsi l'oeuf est visible, dans une photo datant du début du XXème siècle, parmi des coupes allemandes du XVIème et XVIIème siècles de la région de Nuremberg et d'Augsbourg, véritable preuve de reconnaissance du talent de Reinhold Vasters.
Cette mode perdure au XVIème et XVIIème siècles stimulée par le goût pour l'histoire naturelle et l'exotisme, et l'apparition des cabinets de curiosités. Les orfèvres allemands vont exceller dans la fabrication de ces pièces montées grâce au soutien d'une riche clientèle désireuse de meubler leur kunst-und-wunderkammers.
Au XIXème siècle, c'est le retour du goût Renaissance qui va remettre ces objets à la mode. Cependant leur rareté va entraîner la création de nouveaux objets inspirés ou copiés sur ces modèles allemands du XVIème et XVIIème siècle. Ainsi cet oeuf d'autruche s'apparente aux exemplaires faits à Nuremberg vers 1590 et notamment à une coupe d'Elias Lencker datée 1562-1591, aujourd'hui au Historisches Museum de Bâle et illustrée dans C. Hernmarck, The art of the European silversmiths 1430-1830, Londres et New York, 1977, No 154, p.58, dont les trois supports en caryatides et le fût sont très similaires; de même une autre d'Hans Kellner datée 1592-1594 illustrée au No 586, p. 897 du Nürnberger Golschmiedkunst, Band I, Teil I, Nürnberger, 2007, est gravée sur le col d'une scène de chasse d'autruche très semblable.
Cet objet extraordinaire par la qualité d'éxécution est l'oeuvre de Reinhold Vasters. Né à Aix la Chapelle en 1827, il inscrit son premier poinçon d'orfèvre en 1853. Il travaille aussi comme restaurateur au trésor d'Aix la Chapelle où il se forme sans doute à la fabrication d'objets gothique et Renaissance. Pourtant dès les années 1860, il semble se concentrer sur la fabrication de pièces d'orfèvrerie essentiellement civiles et de style Renaissance. C'est sans doute sa rencontre avec le chanoine Franz Bock et le marchand Fréderic Spitzer vers 1855 qui infuencera ce changement de production. Tous deux vont capitaliser sur le talent inné de ce jeune orfèvre et l'encourager à non seulement fabriquer mais aussi copier des pièces de style qui feront la renommée et la fortune de Vasters. Il cesse dès lors de frapper son poinçon sur ses objets comme c'est le cas ici. Les archives de ses dessins aujourd'hui conservées au Victoria & Albert Museum à Londres et publiées par Miriam Krautwurst dans sa thèse de doctorat intitulée Reinhold Vasters-ein niederrheinischer Goldschmied des 19.Jahrhunderts in der Tradition alter Meister. Sein Zeichnungskonvolut im Victoria und Albert Muzeum zu London révèlent ainsi la quantité d'objets réalisés par Vasters, et un dessin de notre oeuf y figure au numéro P38, p.348. Pourtant la nature ébauchée de certains éléments laisse penser qu'en l'occurence Vasters a probablement réutilisé des parties d'un objet du XVIIème siècle, notamment les supports en caryatide, pour réparer ou recréer un objet ancien authentique.
Cet objet va intégrer la collection d'Alfred Pringsheim, sans que l'on sache s'il l'achète directement à Spitzer, lors de sa vente après décès en avril 1893 ou postérieurement.
Alfred Pringsheim est né à Ohlau en Pologne en 1850 d'un père industriel. Grand mathématicien qui enseigna à l'université de Munich jusqu'à sa retraite en 1922, Pringsheim était aussi un très grand amateur d'art, membre du comité d'achat d'oeuvres d'art du musée national de Bavière. Dès 1880, il acquiert ses premières pièces de majolique et d'orfèvrerie de la période Renaissance et Baroque, qu'il présente dans son magnifique hôtel particulier néo-renaissance sur la Arcisstrasse. Cet ensemble qui deviendra la plus grande collection d'orfèvrerie en république de Weimar est présenté dans de grands buffets organisés par période et par pays ou régions. Ainsi l'oeuf est visible, dans une photo datant du début du XXème siècle, parmi des coupes allemandes du XVIème et XVIIème siècles de la région de Nuremberg et d'Augsbourg, véritable preuve de reconnaissance du talent de Reinhold Vasters.