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Lot Essay
Oeuvre majeure et inédite d'un artiste fascinant, Le Départ du fils prodigue fait sans nul doute partie des plus importantes redécouvertes sur l'art de Francesco Cairo ces dernières années, et est l'une des rares oeuvres de sa période la plus intéressante.
Artiste lombard marqué la fois par la tradition de sa région natale (il est formé par Morazzone) mais également par le mouvement caravagesque, Cairo va développer, jusque dans les années 1640, un art singulier. Ses images surprenantes, sa palette au chromatisme et au luminisme encore très lombards, son interprétation toute personnelle du caravagisme ou son goût prononcé pour une forme de morbidité et de sensualité le situent en marge des mouvements artistiques contemporains et en font un des peintres les plus intrigants de son époque, avant qu'il n'évolue vers un art plus modéré, sous l'influence du baroque romain et du vénétianisme.
Le Départ du fils prodigue, daté par Francesco Frangi du milieu des années 1630, reprend la célèbre parabole relatée dans l'Evangile de Luc (15 ; 11-32). Coiffé d'un couvre-chef orné d'un superbe panache jaune et rouge, le jeune homme (peut-être un autoportrait de l'artiste, selon Frangi), appuyé sur le pommeau de son épée, tient dans sa main la bourse qui constitue son héritage, et prend congé de son père, dont l'attitude et le regard trahissent toute l'inquiétude.
Cairo parvient ici à créer une image d'une intensité particulière, à la tonalité très moderne, par l'étrange interaction entre les deux protagonistes. Son cadrage resserré à l'extrême, sa composition qui laisse peu de place à la narration superflue, l'usage savant et délicat du clair-obscur tout autant que la magistrale qualité picturale de l'ensemble sont autant d'éléments qui font que cette oeuvre touche encore aujourd'hui notre sensibilité contemporaine.
L'historique du tableau jusqu'à son entrée dans la collection Boissy d'Anglas au XIXe siècle est mal connu. Dans sa monographie, Francesco Frangi considérait qu'une autre version du Départ du fils prodigue était sans doute celle mentionnée dans l'inventaire après-décès de l'artiste en 1665, sous le no. 79 (" un figliol prodigo originale del Cavagl. e largo 1 alto Br. 1 on. 2 " [soit environ 72,5 x 60 cm.]), mais il ne connaissait alors pas la présente oeuvre, qui pourrait tout aussi bien être rapprochée de cette mention, malgré la différence de dimensions, qui s'applique aux deux exemplaires.
Une autre version autographe est répertoriée par Francesco Frangi dans sa monographie sur l'artiste (Francesco Cairo, Turin, 1998, no. 29 p. 245, repr. fig. 33, collection privée). De dimensions proches de celle-ci, elle ne présente pas de variantes majeures.
Une copie d'assez faible qualité et qui ne reprend que la figure du fils, est passée en vente publique sous une attribution à Bartolomeo Manfredi (vente Finarte Milan, 13 mai 1998, lot 108, repr. ; puis vente Finarte Milan, 9 juin 1999, lot 127, repr.)
Nous remercions M. Francesco Frangi, spécialiste de l'artiste, qui a confirmé l'attribution à Francesco Cairo sur la base d'une photographie.
Artiste lombard marqué la fois par la tradition de sa région natale (il est formé par Morazzone) mais également par le mouvement caravagesque, Cairo va développer, jusque dans les années 1640, un art singulier. Ses images surprenantes, sa palette au chromatisme et au luminisme encore très lombards, son interprétation toute personnelle du caravagisme ou son goût prononcé pour une forme de morbidité et de sensualité le situent en marge des mouvements artistiques contemporains et en font un des peintres les plus intrigants de son époque, avant qu'il n'évolue vers un art plus modéré, sous l'influence du baroque romain et du vénétianisme.
Le Départ du fils prodigue, daté par Francesco Frangi du milieu des années 1630, reprend la célèbre parabole relatée dans l'Evangile de Luc (15 ; 11-32). Coiffé d'un couvre-chef orné d'un superbe panache jaune et rouge, le jeune homme (peut-être un autoportrait de l'artiste, selon Frangi), appuyé sur le pommeau de son épée, tient dans sa main la bourse qui constitue son héritage, et prend congé de son père, dont l'attitude et le regard trahissent toute l'inquiétude.
Cairo parvient ici à créer une image d'une intensité particulière, à la tonalité très moderne, par l'étrange interaction entre les deux protagonistes. Son cadrage resserré à l'extrême, sa composition qui laisse peu de place à la narration superflue, l'usage savant et délicat du clair-obscur tout autant que la magistrale qualité picturale de l'ensemble sont autant d'éléments qui font que cette oeuvre touche encore aujourd'hui notre sensibilité contemporaine.
L'historique du tableau jusqu'à son entrée dans la collection Boissy d'Anglas au XIXe siècle est mal connu. Dans sa monographie, Francesco Frangi considérait qu'une autre version du Départ du fils prodigue était sans doute celle mentionnée dans l'inventaire après-décès de l'artiste en 1665, sous le no. 79 (" un figliol prodigo originale del Cavagl. e largo 1 alto Br. 1 on. 2 " [soit environ 72,5 x 60 cm.]), mais il ne connaissait alors pas la présente oeuvre, qui pourrait tout aussi bien être rapprochée de cette mention, malgré la différence de dimensions, qui s'applique aux deux exemplaires.
Une autre version autographe est répertoriée par Francesco Frangi dans sa monographie sur l'artiste (Francesco Cairo, Turin, 1998, no. 29 p. 245, repr. fig. 33, collection privée). De dimensions proches de celle-ci, elle ne présente pas de variantes majeures.
Une copie d'assez faible qualité et qui ne reprend que la figure du fils, est passée en vente publique sous une attribution à Bartolomeo Manfredi (vente Finarte Milan, 13 mai 1998, lot 108, repr. ; puis vente Finarte Milan, 9 juin 1999, lot 127, repr.)
Nous remercions M. Francesco Frangi, spécialiste de l'artiste, qui a confirmé l'attribution à Francesco Cairo sur la base d'une photographie.