Lot Essay
La Rentrée périlleuse est le chef-d'oeuvre de jeunesse de Sigisbert Chrétien Bosch Reitz, le tableau par lequel il s'est fait connaître du public en l'exposant au prestigieux Salon de la Société des Artistes français, où il fut remarqué, notamment par Bouguereau et Robert-Fleury. C'est également une toile majeure d'un artiste dont les oeuvres sont rares sur le marché, car quasiment toutes conservées depuis l'origine dans la collection Six à Amsterdam. Celle-ci fut acquise, un an après son exécution et sa présentation au Salon de la Société des Artistes français, par le docteur Jan C. J. Bierens de Haan (1867-1951), figure notoire du monde des arts en Hollande, collectionneur de renom qui contribua, par un legs capital, à la formation du cabinet des estampes du musée Boymans de Rotterdam (devenu Boymans-Van Beuningen). La Rentrée périlleuse, dont il fit l'acquisition lors d'une visite à Paris en 1888, devait certainement faire partie des premières oeuvres achetées par ce tout jeune amateur d'art.
Né dans une famille aisée et destiné au commerce, Bosch Reitz décida, à vingt-trois ans, d'abandonner sa carrière pour se tourner vers celle de peintre. Il se forma successivement à Amsterdam, puis à Munich et à Paris, à l'Académie Julian. C'est à l'issue de cette formation, alors qu'il s'est rendu en Angleterre pour quelques mois, que Bosch Reitz entreprend l'exécution de cette oeuvre où l'influence de l'Ecole de La Haye est nettement perceptible, aussi bien par cette volonté affichée d'un certain réalisme social que par le choix des coloris du peintre, restreints avec subtilité à des nuances de gris, de bruns sourds et d'ocre.
L'on connaît précisément les circonstances dans lesquelles l'artiste exécuta La Rentrée périlleuse. Commencée en 1887, alors qu'il séjourne dans le village de Walberswick, dans le Suffolk, la toile est achevée en France, à Etaples, juste à temps pour être présentée au Salon de Paris. Bosch Reitz, désireux de suivre le modèle instauré par les impressionnistes, choisit de travailler en plein-air, dans des conditions météorologiques difficiles, puisqu'il installe son chevalet sous la pluie, dans les bourrasques, afin de rendre au mieux l'effet des éléments déchaînés. Il décrit lui-même dans son journal cet épisode pittoresque :
" Il pleut. J'ai engagé pour m'accompagner à la jetée de Walberswick un pêcheur qui ne pouvait pas aller en mer à cause de la tempête [... ]. Nous avons emmené la peinture jusqu'à la jetée, fixé solidement le chevalet avec des cordes et des clous et, sous l'averse et l'orage avec ma toile battant au vent, j'ai peint une partie de la jetée jusqu'à ce que la pluie tende ma toile comme un tambour. " (Journal de Gijs Bosch Reitz, 9 octobre 1887, cité dans Ferdinandusse et Blokland, 2002, p. 41).
Il résulte de ces efforts une oeuvre forte et poignante, au réalisme nuancé par la figure émouvante de la femme du marin qui, le regard tourné vers le navire en détresse de son époux, serre de toutes ses forces son poing crispé dans l'attente du dénouement.
Malgré une production restreinte et rare, Bosch Reitz est l'un des artistes les plus talentueux des Pays-Bas de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à tel point qu'une rétrospective de son oeuvre a été organisée en 2002 au Singer Museum de Laren, révélant un artiste majeur aux multiples facettes et au talent incontestable.
Né dans une famille aisée et destiné au commerce, Bosch Reitz décida, à vingt-trois ans, d'abandonner sa carrière pour se tourner vers celle de peintre. Il se forma successivement à Amsterdam, puis à Munich et à Paris, à l'Académie Julian. C'est à l'issue de cette formation, alors qu'il s'est rendu en Angleterre pour quelques mois, que Bosch Reitz entreprend l'exécution de cette oeuvre où l'influence de l'Ecole de La Haye est nettement perceptible, aussi bien par cette volonté affichée d'un certain réalisme social que par le choix des coloris du peintre, restreints avec subtilité à des nuances de gris, de bruns sourds et d'ocre.
L'on connaît précisément les circonstances dans lesquelles l'artiste exécuta La Rentrée périlleuse. Commencée en 1887, alors qu'il séjourne dans le village de Walberswick, dans le Suffolk, la toile est achevée en France, à Etaples, juste à temps pour être présentée au Salon de Paris. Bosch Reitz, désireux de suivre le modèle instauré par les impressionnistes, choisit de travailler en plein-air, dans des conditions météorologiques difficiles, puisqu'il installe son chevalet sous la pluie, dans les bourrasques, afin de rendre au mieux l'effet des éléments déchaînés. Il décrit lui-même dans son journal cet épisode pittoresque :
" Il pleut. J'ai engagé pour m'accompagner à la jetée de Walberswick un pêcheur qui ne pouvait pas aller en mer à cause de la tempête [... ]. Nous avons emmené la peinture jusqu'à la jetée, fixé solidement le chevalet avec des cordes et des clous et, sous l'averse et l'orage avec ma toile battant au vent, j'ai peint une partie de la jetée jusqu'à ce que la pluie tende ma toile comme un tambour. " (Journal de Gijs Bosch Reitz, 9 octobre 1887, cité dans Ferdinandusse et Blokland, 2002, p. 41).
Il résulte de ces efforts une oeuvre forte et poignante, au réalisme nuancé par la figure émouvante de la femme du marin qui, le regard tourné vers le navire en détresse de son époux, serre de toutes ses forces son poing crispé dans l'attente du dénouement.
Malgré une production restreinte et rare, Bosch Reitz est l'un des artistes les plus talentueux des Pays-Bas de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à tel point qu'une rétrospective de son oeuvre a été organisée en 2002 au Singer Museum de Laren, révélant un artiste majeur aux multiples facettes et au talent incontestable.