DEUX GOURDES EN FAIENCE DE NEVERS DE LA SECONDE MOITIE DU XVIIEME SIECLE
Anciennes Collections Desurmont et Prouvost. A l'image des Etats-Unis, sont constituées en France, à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, de grandes collections encyclopédiques. L'économie est florissante et de nombreuses familles industrielles apparaissent et développent un goût pour l'Art. Souvent signe tangible de cette ascension sociale, certaines de ces collections portent un intérêt particulier pour la céramique, témoin d'un véritable art de vivre. La famille Desurmont, originaire du Nord de la France, et précisément de Tourcoing, en est une bonne illustration. Cette lignée d'industriels en filature, débute avec Gaspard Desurmont (1791-1842), marchand de coton et négociant; il épouse en 1819 à Tourcoing Marie Motte et fait construire un hôtel particulier de style Empire, 9 rue de Tournai. Cette activité familiale se développe, et finalement en 1896 Jules Desurmont (dit Jules II) crée, toujours à Tourcoing, la "Filature de laine et usine de bonneterie Jules Desurmont et Fils". La progression de cette entreprise sera fulgurante puisque son activité est multipliée par plus de six sur une période de 30 ans environ. C'est dans ce contexte que Jules Desurmont (1863-1919) et son épouse Thérèse Motte (1868-1963) développent une passion commune pour les céramiques européennes; certainement influencés par leurs origines du Nord de la France, ils vont particulièrement s'intéresser aux productions delftoises et tournaisiennes. Ainsi, ils vont constituer une très importante collection qui va réunir plus de 500 lots, dans laquelle seront présents tous les grands centres et grandes manufactures: Delft, Rouen, Moustiers, Marseille, Niderviller, Tournai, Chantilly, Saint-Cloud. Ils sont alors "propulsés" dans le monde du marché de l'art et rencontrent de nombreux acteurs du marché: les salles de ventes, et bien entendu certains des grands marchands de l'époque dont Gilbert Lévy, Jansen, Allain, Delaporte, Madame de Bue, Delplace, Vandermeersch. Ce dernier, également d'une lignée de grands marchands parisiens (maison créee en 1880), nous confie ses souvenirs: "Dès mon entrée dans la maison familiale, mon père Pierre Vandermeersch me parlait de madame Desurmont, appelée "Tante Thérèse" dans sa famille et pour qui elle avait une grande admiration et beaucoup d'amitié. Cette femme au caractère bien trempé a su réunir une des plus importantes collections sur le sujet. A la mort de son mari, en 1922, elle n'a eu de cesse que d'enrichir cet ensemble. Deux grands moments dans cette quête ont sûrement été les deux grandes manifestations parisiennes: l'exposition La Porcelaine Française de 1673 à 1914, La Porcelaine Contemporaine de Limoges en 1929 dans le Pavillon de Marsan au Louvre, et en 1932 dans le même lieu, celle sur La Faïence Française de 1525 à 1820. Nombreuses sont d'ailleurs les pièces dans cette collection qui ont fait partie de ces expositions. En consultant les livres de mon grand-père Auguste et de mon père, je retrouve de nombreuses pièces vendues à Thérèse Desurmont. Par ailleurs, la famille Desurmont étant alliée à toutes les grandes familles du Nord de la France telles les Motte, Masurel, Prouvost, et même Gillet à Lyon, il n'est donc pas rare de trouver dans ces familles des pièces portant l'étiquette de la Collection Jules Desurmont. La lecture de l'inventaire rédigé par Thérèse Desurmont en 1921 est très instructive et illustre sa personnalité pleine d'aplomb. Y figurent de nombreuses annotations anecdotiques sur la qualité des pièces, sur les bonnes affaires, comme les moins bonnes, et tout cela avec des commentaires parfois peu flatteurs pour certains marchands. Cette passion, couplée d'une vraie pertinence dans ses choix, trouvent leur illustration dans la qualité et la rareté des nombreux modèles réunis. Malgré des ventes et de nombreux partages, ce catalogue est un témoignage de la qualité et de la diversité de son goût." En effet, même si de nombreuses pièces ne sont pas présentes dans cette vente, la diversité des manufactures est bien représentée, avec des ensembles cohérents et de grande qualité. Cette sélection à elle seule permet d'ailleurs de créer des "passerelles" entre les fabriques. Nous ne prendrons comme exemples que les décors Kakiémon et de chinoiseries, qui à eux seuls résument une grande partie de l'Histoire de la Céramique européenne, inspirée par l'Asie, et commune à de nombreux centres ou manufactures tels que Delft, Rouen, Tournai, Chantilly et Saint- Cloud. Elle permet en outre un voyage dans le temps et à travers les plus grandes collections dans ce domaine comme celles de Jean Bloch, Thédore Clainpanain, L. Arnavon, Donat-Agache, Marius Bernard, le comte Coustant d'Yanville, Eugène Soil, Chevet, P. Blancan, Tumin et tant d'autres. C'est aujourd'hui une grande opportunité pour une nouvelle génération de collectionneurs d'acquérir des pièces de qualité, rares et de grandes provenances. Michel Vandermeersch Hervé de La Verrie
DEUX GOURDES EN FAIENCE DE NEVERS DE LA SECONDE MOITIE DU XVIIEME SIECLE

CIRCA 1680-1700

Details
DEUX GOURDES EN FAIENCE DE NEVERS DE LA SECONDE MOITIE DU XVIIEME SIECLE
CIRCA 1680-1700
De forme ovoïde aplatie, reposant sur un piédouche circulaire pincé à bourrelet, la panse flanquée de têtes de béliers et grappes de fruits en relief, à décor bleu, ocre, vert et manganèse sur chaque face de personnages marins mythologiques se détachant sur un fond ondé, frises de feuilles d'acanthes, galon et filet sur les bords, quelques restaurations aux cols, égrenures
Hauteur: 34 cm. (13½ in.)
Provenance
Etiquette pour la collection Tumin.
Collection M.J.M de F..., vente Paris Drouot, 15 décembre 1937, lot 75.
Etiquette pour la collection Jules Desurmont.
Literature
Camille Leprince, La faïence baroque française et les jardins de Le Nôtre, Paris, 2014, pp.208-209.
Further details
TWO SECOND HALF OF THE 17TH CENTURY NEVERS FAIENCE "FONDS ONDES" MYTHOLOGICAL FLASKS

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Mélanie Lebret
Mélanie Lebret

Lot Essay

Pour une paire de gourdes représentant un décor similaire voir le Répertoire de la Faïence Française, Paris, 1933, tome II, pl.8, n.A et C.

Pour une paire de gourdes de même forme conservée au Musée national de Sèvres - Cité de la Céramique, en dépôt au Musée Cluny (Inv. CL 1 112) voir par Antoinette Faÿ-Hallé (sous la direction de), La faïence européenne au XVIIème siècle, le triomphe de Delft, Paris, 2003, p. 265, n.228.

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