Lot Essay
L’auteur de ce remarquable objet d’art reste encore à identifier. La qualité du travail, que ce soit celui de l’ivoire, du métal ou du maroquin, évoque celui des ateliers parisiens. On ne peut néanmoins exclure qu’il s’agisse d’un travail étranger.
Un certain nombre d’éléments permettent de rapprocher le présent miroir du travail de Martin-Guillaume Biennais (1764-1843). Dans une de ses études sur Biennais, Anne Dion-Tenebaum le décrit comme « un homme entreprenant, qui sut exploiter avec habilité les opportunités offertes par la suppression des corporations, puis par la renaissance du luxe sous le Premier Empire, et passer de la tabletterie à la petite ébénisterie et à l’orfèvrerie » (Anne Dion-Tenebaum, "Martin Guillaume Biennais : une carrière exceptionnelle" in Annales historiques de la Révolution française, 2005, p. 48). L’importance du travail de Biennais pour la famille impériale s’explique notamment par son habileté commerciale ; Taillandier rapporte, dans le discours prononcé lors de ses funérailles en 1843 : « Le général Bonaparte, à son retour d’Egypte, voulut aussi monter sa maison. Il ne possédait encore d’autre fortune que sa gloire ; aussi les négociants auxquels il s’adressa d’abord refusèrent de lui vendre à crédit. Biennais eut plus de confiance dans l’étoile du jeune général, et il lui fit des fournitures considérables sans s’occuper de l’époque où elles lui seraient remboursées. Napoléon fut reconnaissant de cette marque de confiance et, devenu empereur, il prit Biennais pour son orfèvre » (Moniteur universel, 30 mars 1843, rapporté par Anne Dion-Tenebaum, op. cit., p. 52).
Le seul autre nom que l’on puisse évoquer est celui de Maire dont Anne Dion-Tenenbaum a souligné l’importance et dit qu’il semble, avec Biennais, se partager le marché des nécessaires de campagne des généraux et maréchaux (Cat. expo, Indispensables nécessaires, Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, oct. 2007 - jan. 2008, p. 27). Le rapport du jury de l’exposition des produits de l’industrie nationale de l’an X décerne à Maire une médaille d’argent pour ses "beaux nécessaires, genre d’industrie où nous avions des rivaux difficiles à surpasser" (Anne Dion-Tenenbaum, op. cit., p. 27).
L’élégante et belle Maria Annunziata, connue sous le nom de Caroline Bonaparte (1782-1839), est la cadette des sœurs de Napoléon. Après plusieurs refus de son frère, elle épouse enfin en 1800 le brillant Joachim Murat. Le couple réside à Paris successivement à l’hôtel de Thélusson, l’hôtel de Neuilly puis au palais de l’Elysée que Caroline rénove avec faste. Elle demande et obtient de son frère en mai 1804 le titre de princesse impériale pour ensuite recevoir celui de grande-duchesse de Berg et de Clève en 1806. Deux ans plus tard, Murat est nommé roi de Naples et de Sicile sous le nom de Joachim-Napoléon Ier. Le règne du couple sera court (1808-1815) compte tenu du dénouement de l’Empire, cependant son empreinte est toujours présente dans la ville de Naples. La reine assure à trois reprises la régence (1812, 1813 et 1814) lors de l’absence de son époux alors appelé sur le champ de bataille. Dotée d’un fort caractère, Caroline résiste à son frère - Empereur autoritaire ayant toujours laissé peu de marge de manœuvre à ses frères et sœurs formant « les premiers degrés intermédiaires entre le monarque et le peuple » (Louis de Fontanes, Cat. expo., Les Sœurs de Napoléon. Trois destins italiens, Editions Hazan, Paris, 2013, p. 37) - et s’associe à la coalition de l’Autriche contre la France en 1813 dans l’espoir de conserver, en vain, les Etats de Naples - en effet, l’Angleterre ne reconnaitra jamais les Murat comme souverains. Elle se voit donc obligée de quitter Naples en mai 1815 - son époux, Joachim Murat, est exécuté le 13 octobre de la même année par l’armée du roi des Deux-Siciles – puis séjourne quelques temps en Autriche, pour ensuite s’installer à Trieste et enfin à Florence.
L’importance du rôle de Caroline Murat dans les arts est incontestable, que ce soit à travers les demeures, notamment le palais de l’Elysée ou le Palazzo Reale de Naples, qu’elle a su meubler et décorer avec goût, que dans les peintres qui l’ont portraiturée (Ingres, Madame Vigée Le Brun), dans sa vigilance concernant les sites archéologiques de Pompéi et Herculanum ou encore dans ses achats (à l’exemple de La Grande Odalisque d’Ingres en 1814).
Un certain nombre d’éléments permettent de rapprocher le présent miroir du travail de Martin-Guillaume Biennais (1764-1843). Dans une de ses études sur Biennais, Anne Dion-Tenebaum le décrit comme « un homme entreprenant, qui sut exploiter avec habilité les opportunités offertes par la suppression des corporations, puis par la renaissance du luxe sous le Premier Empire, et passer de la tabletterie à la petite ébénisterie et à l’orfèvrerie » (Anne Dion-Tenebaum, "Martin Guillaume Biennais : une carrière exceptionnelle" in Annales historiques de la Révolution française, 2005, p. 48). L’importance du travail de Biennais pour la famille impériale s’explique notamment par son habileté commerciale ; Taillandier rapporte, dans le discours prononcé lors de ses funérailles en 1843 : « Le général Bonaparte, à son retour d’Egypte, voulut aussi monter sa maison. Il ne possédait encore d’autre fortune que sa gloire ; aussi les négociants auxquels il s’adressa d’abord refusèrent de lui vendre à crédit. Biennais eut plus de confiance dans l’étoile du jeune général, et il lui fit des fournitures considérables sans s’occuper de l’époque où elles lui seraient remboursées. Napoléon fut reconnaissant de cette marque de confiance et, devenu empereur, il prit Biennais pour son orfèvre » (Moniteur universel, 30 mars 1843, rapporté par Anne Dion-Tenebaum, op. cit., p. 52).
Le seul autre nom que l’on puisse évoquer est celui de Maire dont Anne Dion-Tenenbaum a souligné l’importance et dit qu’il semble, avec Biennais, se partager le marché des nécessaires de campagne des généraux et maréchaux (Cat. expo, Indispensables nécessaires, Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, oct. 2007 - jan. 2008, p. 27). Le rapport du jury de l’exposition des produits de l’industrie nationale de l’an X décerne à Maire une médaille d’argent pour ses "beaux nécessaires, genre d’industrie où nous avions des rivaux difficiles à surpasser" (Anne Dion-Tenenbaum, op. cit., p. 27).
L’élégante et belle Maria Annunziata, connue sous le nom de Caroline Bonaparte (1782-1839), est la cadette des sœurs de Napoléon. Après plusieurs refus de son frère, elle épouse enfin en 1800 le brillant Joachim Murat. Le couple réside à Paris successivement à l’hôtel de Thélusson, l’hôtel de Neuilly puis au palais de l’Elysée que Caroline rénove avec faste. Elle demande et obtient de son frère en mai 1804 le titre de princesse impériale pour ensuite recevoir celui de grande-duchesse de Berg et de Clève en 1806. Deux ans plus tard, Murat est nommé roi de Naples et de Sicile sous le nom de Joachim-Napoléon Ier. Le règne du couple sera court (1808-1815) compte tenu du dénouement de l’Empire, cependant son empreinte est toujours présente dans la ville de Naples. La reine assure à trois reprises la régence (1812, 1813 et 1814) lors de l’absence de son époux alors appelé sur le champ de bataille. Dotée d’un fort caractère, Caroline résiste à son frère - Empereur autoritaire ayant toujours laissé peu de marge de manœuvre à ses frères et sœurs formant « les premiers degrés intermédiaires entre le monarque et le peuple » (Louis de Fontanes, Cat. expo., Les Sœurs de Napoléon. Trois destins italiens, Editions Hazan, Paris, 2013, p. 37) - et s’associe à la coalition de l’Autriche contre la France en 1813 dans l’espoir de conserver, en vain, les Etats de Naples - en effet, l’Angleterre ne reconnaitra jamais les Murat comme souverains. Elle se voit donc obligée de quitter Naples en mai 1815 - son époux, Joachim Murat, est exécuté le 13 octobre de la même année par l’armée du roi des Deux-Siciles – puis séjourne quelques temps en Autriche, pour ensuite s’installer à Trieste et enfin à Florence.
L’importance du rôle de Caroline Murat dans les arts est incontestable, que ce soit à travers les demeures, notamment le palais de l’Elysée ou le Palazzo Reale de Naples, qu’elle a su meubler et décorer avec goût, que dans les peintres qui l’ont portraiturée (Ingres, Madame Vigée Le Brun), dans sa vigilance concernant les sites archéologiques de Pompéi et Herculanum ou encore dans ses achats (à l’exemple de La Grande Odalisque d’Ingres en 1814).