JEAN-BAPTISTE NINI (1717-1786): ATTRIBUES, ATELIER, ATELIER TARDIF ET D'APRES

Jean-Baptiste Nini, graveur et sculpteur d'origine italienne, est né à Urbino en 1717 et mort à Chaumont-sur-Loire en 1786. Dès son plus jeune âge, il étudia la technique de la gravure avec ses frères, Vincent et Mathieu, sous la direction de son père Domenico, lui même graveur professionnel. Il poursuit ensuite son apprentissage artistique en intégrant en 1730 l'académie Clémentine de Bologne où il étudie la sculpture et estt récompensé en 1735 par le prix Marsili, probablement pour la réalisation d'un bas-relief à thème religieux tiré de l'Ancien Testament. La présence à Bologne du Collège d'Espagne garantissant la vitalité des échanges culturels italo-espagnols offre la possibilité à Nini d'entreprendre un autre voyage, cette fois-ci à Madrid. Il y épouse Isidora Lauros et travaille à la Manufacture de Cristal en donnant le soir des leçons de dessin aux apprentis et ouvriers. Après avoir dénoncé la faible motivation de ses élèves, ceux-ci l'accusent de vol de quelques livres de mercure puis de 'propos hérétiques'. Il est arrêté le 16 août 1755 et emprisonné pendant deux ans avant de quitter l'Espagne.
Paris, pleine de vie et d'effervescence sous le règne de Louis XV, encourage Nini à venir s'y installer où il commence à sculpter ses célèbres portraits en médaillon en terre cuite représentant les visages qu'il aperçoit dans les salons de la bourgeoisie et de la petite noblesse qu'il fréquente. C'est à cette même époque qu'il rencontre Jacques Donatien Leray de Chaumont, Grand maître des Eaux et forêts, intendant de l'hôtel royal des Invalides et propriétaire du château de Chaumont-sur-Loire qui lui commande son effigie en 1771. Un contrat est rapidement conclu entre les deux hommes le 1er octobre 1772 et Nini part s'installer jusqu'à sa mort à Chaumont-sur-Loire. L'artiste est ainsi chargé de diriger les manufactures de cristal, de tuilerie et de poterie et de former les ouvriers à tailler le cristal. Il crée par la suite un atelier de production de médaillons en terre cuite avec l'aide de quelques apprentis. Ces médaillons inspirés de l'Antique et des médailles du XVIème siècle font vite l'objet de l'admiration de ses contemporains et deviennent la spécialité de Nini.

Nini produit entre 1762 et 1785 soixante-dix-huit modèles. Son choix des personnages était très varié et son oeuvre peut être divisée en quatre groupes de portraits :
- Les portraits officiels réalisés pour certains pour des commandes royales, réalisés d'après des dessins, gravures ou médailles : Louis XV, les deux versions de Catherine II, Charles III d'Espagne, le comte de Caylus, le prince de Beauvau et l'abbé de Bernis
- Le groupe des portraits de Benjamin Franklin, venu en France à partir de 1776 avec la mission d'obtenir l'aide financière et militaire de la France pour les indépendantistes américains. Il est reçu et soutenu financièrement à Paris par Leray de Chaumont. Nini n'a certainement jamais rencontré Franklin. Il réalise ses portraits d'après des modèles fournis par d'autres artistes mais totalement repensés par Nini en plusieurs images. Ces modèles sont représentés sous forme de buste à l'antique ou bien de façon plus intime tel le portrait de Benjamin Franklin coiffé d'un bonnet de fourrure qui est d'ailleurs la représentation la plus répandue dans l'oeuvre de Nini.
- Le groupe des portraits des célébrités et originaux parisiens : le vicomte de Vaudreuil, le marquis de Paroy, Suzanne de Jarente de La Reynière et son oncle l'évêque d'Orléans et Albertine de Nivenheim.
- Les portraits familiers de la famille Leray et de l'entourage de Nini à Chaumont : Leray de Chaumont, son épouse Thérèse Jogues des Ormeaux, James-Donatien Leray de Chaumont, le chevalier Michel Foucault, Orien Marais pour n'en citer que quelques-uns. Ce groupe est empreint d'une belle homogénéité et s'illustre par un style plus néoclassique où Nini y montre toute l'affection qu'il porte à ses modèles.

Nini est l'un des plus grands artistes de sont temps, dépassant le caractère formel des médaillons pour exceller dans des portraits empreints d'humanité, d'un sobre réalisme et d'une finesse exemplaire.