![Honoré de BALZAC (1799-1850). Scènes de la vie privée. Paris : Mame et Delaunay-Vallée, Levavasseur, 1830. 2 volumes in-8 (212 x 132 mm). [Avec:] - Scènes de la vie privée. Paris: Mame-Delaunay, 1832. Tome III & 4. Reliure homogène avec tomaison continue, demi-maroquin rouge à long grain de l'époque, plats frappés au chiffre couronné de l'impératrice Marie-Louise, dos lisses ornés de filets dorés.](https://www.christies.com/img/LotImages/2015/PAR/2015_PAR_04039_0047_000(honore_de_balzac_scenes_de_la_vie_privee_paris_mame_et_delaunay-vallee060543).jpg?w=1)
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Honoré de BALZAC (1799-1850). Scènes de la vie privée. Paris : Mame et Delaunay-Vallée, Levavasseur, 1830. 2 volumes in-8 (212 x 132 mm). [Avec:] - Scènes de la vie privée. Paris: Mame-Delaunay, 1832. Tome III & 4. Reliure homogène avec tomaison continue, demi-maroquin rouge à long grain de l'époque, plats frappés au chiffre couronné de l'impératrice Marie-Louise, dos lisses ornés de filets dorés.
Provenance: Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, impératrice des Français puis duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla (chiffre doré sur les plats) -- Roland Saucier.
ÉDITION ORIGINALE.
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE MARIE-LOUISE AVEC SON CHIFFRE COURONNÉ. Carteret Romantique I, 60 & 66. Clouzot 11 et 12. Stéphane Vachon, Les travaux et les jours d'Honoré de Balzac, chronologie de la création balzacienne, Paris, Montréal, 1992, pp. 96 et 121.
Quelques rousseurs éparses, usures d'usage à la reliure.
Provenance: Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, impératrice des Français puis duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla (chiffre doré sur les plats) -- Roland Saucier.
ÉDITION ORIGINALE.
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE MARIE-LOUISE AVEC SON CHIFFRE COURONNÉ. Carteret Romantique I, 60 & 66. Clouzot 11 et 12. Stéphane Vachon, Les travaux et les jours d'Honoré de Balzac, chronologie de la création balzacienne, Paris, Montréal, 1992, pp. 96 et 121.
Quelques rousseurs éparses, usures d'usage à la reliure.
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Roland SAUCIER (1899-1994).
"Plus loin encore vers l'ouest, en bas du boulevard Raspail, se trouve la librairie Gallimard, fille de la N.R.F., ce qui n’empêche point son directeur, Roland Saucier, de faire preuve d’un bel éclectisme en matière littéraire. Saucier n’avait que vingt-deux ans lorsqu’il prit [en 1921] la charge de cette maison qui comptait alors une année d’existence. Proustien fervent, bibliophile et très homme du monde, il réunissait toutes les qualités que réclamaient la proximité du faubourg Saint-Germain et l’esprit de la N.R.F. En un cadre un peu froid mais dont on se prend vite à aimer la véritable élégance, il sut attirer à lui les esprits les plus divers, de Vandérem qui le conseilla, à Aragon qui lui confia la direction de sa revue, de Cocteau qui qui fut une de ses premières admirations, à Lacretelle dont il aime le classicisme » (Louis Chéronnet, « Libraires, tableau de la librairie à Paris », dans L'Ami du lettré, IV, Paris, Bernard Grasset, 1926, p. 406).
De ce balancement entre classicisme et littérature de son temps, Roland Saucier ne se départira jamais, ni en tant que directeur de la librairie Gallimard du boulevard Raspail, où il offrit de septembre 1921 à mars 1964 des éditions originales littéraires de toutes époques, ni en tant qu’amateur raffiné et exigeant. Pour le quatrième catalogue de la « Bouquinerie librairie Gallimard », publié en décembre 1923 (le mois de la mort de Raymond Radiguet), à la couverture ornée comme tous les numéros depuis le premier d’une vignette de Laboureur VERIF, il demande une préface à Fernand Vandérem (1864-1939), le hérault de la bibliophilie moderne.
Le grand libraire parisien Jean Viardot, dont Roland Saucier fut le maître en librairie, raconte la révolution intervenue en 1922, au moment où Fernand Vandérem prend la tête du Bulletin du bibliophile, et Saucier celle de la librairie Gallimard : Vandérem, « romancier sans succès et chroniqueur littéraire apprécié…s’est taillé la réputation d’un amateur fin mais paradoxal…Le titre même qu’il va bientôt donner au recueil de ses premières chroniques, la Bibliopilie nouvelle, postule bien une ancienne bibliophilie et l’intention de la déclasser. La bibliophilie est la pointe suprême d’un art de vivre raffiné, celui de l’homme du monde accompli…un dandysme au sens noble du mot». Aux deux pôles autour desquels s’organise en 1920 le marché du livre ancien et rare, « la haute bibliophilie dominée par la puissante et patriarcale figure du libraire Edouard Rahir… et le clan des béraldistes pour qui la bibliophilie n’est qu’un bibelotage comme un autre », Vandérem va opposer sa conception nouvelle. « La bibliothèque du vrai bibliophile est exclusivement d’éditions originales littéraires, étroitement anthologique et résolument moderne…C’est à l’aune de la sensibilité nouvelle que le vrai bibliophile entreprend de réévaluer et de réapprécier le patrimoine littéraire français…Comment convenait-il d’avoir les éditions originales si convoitées : brochées, en reliure de l’époque, rhabillées postérieurement ? …La condition optimale, bibliophiliquement parlant, est la reliure de l’époque, même modeste…Ce sont les libraires de sa mouvance, Ronald Davis, Maurice Chalvet, Marc Loliée, Roland Saucier, etc. qui ont appris à la fine fleur de la bibliophilie française à juger et apprécier si finement les exemplaires, se montrant capables de décider à dix ans près, et quelquefois moins, la date d’exécution de toute demi-reliure du XIXe siècle » (Jean Viardot, « Les nouvelles bibliophilies », dans Histoire de l’édition française, Tome III, Le temps des éditeurs, du Romantisme à la Belle Époque, dir. H.-J. Martin et R. Chartier, Paris, 1985, p. 343-363).
Pour sa propre collection, Roland Saucier met en pratique au plus haut niveau les principes Vandérem, comme en témoignent notamment parmi les volumes offerts à la vente son Molière relié par Boyet en veau fauve à tranche dorée (lot 63) ou les 4 volumes des Scènes de la vie privée de Balzac, 1830-1832, reliés pour l’ex-Impératrice Marie-Louise, duchesse de Parme (lot 47).
Sa position dans la maison Gallimard, mais aussi des affinités électives, donnent à Roland Saucier une place discrète d’éminence grise dans le milieu littéraire contemporain. Auprès entre autres de Gide, Claudel, Breton, Max Jacob, Aragon, Céline, Jouhandeau (lot 61), Queneau, Jean Genêt qu’il présentera au printemps 1947 à Jacques Guérin.
Et auprès de Jean Cocteau, tôt rencontré, qu’il défend en 1926 lors de la ténébreuse affaire de la disparition de ses livres et manuscrits. « Cher ami,... Je voulais en venir aux livres. Vous devinez qu’ils traînent partout... Les livres s’empilent, s’écroulent, et, souvent, n’ayant pas de papier sous la main je travaille sur leurs pages de garde….Bref je n’accuse personne (on ne vole pas les livres, on les emprunte, on les chipe), mais les livres de ma chambre s’envolent ». La Lettre plainte de Cocteau adressée à Roland Saucier, parfaite illustration des précises définitions de Vandérem, figure en édition pré-originale aux pages 1 à 3 du huitième Catalogue d’éditions originales et de livres illustrés modernes de la librairie Gallimard (mai 1926). L’édition originale « a été tirée à 25 exemplaires sur papier vergé d’arches hors-commerce par les soins de Roland Saucier et achevée d’imprimer le 22 mai 1926 ». Roland Saucier a connu Radiguet, son quasi-contemporain, mais c’est plus probablement à Cocteau qu’il doit le manuscrit inédit du Diable au corps (lot 65) qui constitue le clou (le trésor) de l’ensemble (du groupe) de livres et manuscrits de l’ancienne collection Roland Saucier qui seront dispersés le 2 décembre (lots 47 à 71).
"Plus loin encore vers l'ouest, en bas du boulevard Raspail, se trouve la librairie Gallimard, fille de la N.R.F., ce qui n’empêche point son directeur, Roland Saucier, de faire preuve d’un bel éclectisme en matière littéraire. Saucier n’avait que vingt-deux ans lorsqu’il prit [en 1921] la charge de cette maison qui comptait alors une année d’existence. Proustien fervent, bibliophile et très homme du monde, il réunissait toutes les qualités que réclamaient la proximité du faubourg Saint-Germain et l’esprit de la N.R.F. En un cadre un peu froid mais dont on se prend vite à aimer la véritable élégance, il sut attirer à lui les esprits les plus divers, de Vandérem qui le conseilla, à Aragon qui lui confia la direction de sa revue, de Cocteau qui qui fut une de ses premières admirations, à Lacretelle dont il aime le classicisme » (Louis Chéronnet, « Libraires, tableau de la librairie à Paris », dans L'Ami du lettré, IV, Paris, Bernard Grasset, 1926, p. 406).
De ce balancement entre classicisme et littérature de son temps, Roland Saucier ne se départira jamais, ni en tant que directeur de la librairie Gallimard du boulevard Raspail, où il offrit de septembre 1921 à mars 1964 des éditions originales littéraires de toutes époques, ni en tant qu’amateur raffiné et exigeant. Pour le quatrième catalogue de la « Bouquinerie librairie Gallimard », publié en décembre 1923 (le mois de la mort de Raymond Radiguet), à la couverture ornée comme tous les numéros depuis le premier d’une vignette de Laboureur VERIF, il demande une préface à Fernand Vandérem (1864-1939), le hérault de la bibliophilie moderne.
Le grand libraire parisien Jean Viardot, dont Roland Saucier fut le maître en librairie, raconte la révolution intervenue en 1922, au moment où Fernand Vandérem prend la tête du Bulletin du bibliophile, et Saucier celle de la librairie Gallimard : Vandérem, « romancier sans succès et chroniqueur littéraire apprécié…s’est taillé la réputation d’un amateur fin mais paradoxal…Le titre même qu’il va bientôt donner au recueil de ses premières chroniques, la Bibliopilie nouvelle, postule bien une ancienne bibliophilie et l’intention de la déclasser. La bibliophilie est la pointe suprême d’un art de vivre raffiné, celui de l’homme du monde accompli…un dandysme au sens noble du mot». Aux deux pôles autour desquels s’organise en 1920 le marché du livre ancien et rare, « la haute bibliophilie dominée par la puissante et patriarcale figure du libraire Edouard Rahir… et le clan des béraldistes pour qui la bibliophilie n’est qu’un bibelotage comme un autre », Vandérem va opposer sa conception nouvelle. « La bibliothèque du vrai bibliophile est exclusivement d’éditions originales littéraires, étroitement anthologique et résolument moderne…C’est à l’aune de la sensibilité nouvelle que le vrai bibliophile entreprend de réévaluer et de réapprécier le patrimoine littéraire français…Comment convenait-il d’avoir les éditions originales si convoitées : brochées, en reliure de l’époque, rhabillées postérieurement ? …La condition optimale, bibliophiliquement parlant, est la reliure de l’époque, même modeste…Ce sont les libraires de sa mouvance, Ronald Davis, Maurice Chalvet, Marc Loliée, Roland Saucier, etc. qui ont appris à la fine fleur de la bibliophilie française à juger et apprécier si finement les exemplaires, se montrant capables de décider à dix ans près, et quelquefois moins, la date d’exécution de toute demi-reliure du XIXe siècle » (Jean Viardot, « Les nouvelles bibliophilies », dans Histoire de l’édition française, Tome III, Le temps des éditeurs, du Romantisme à la Belle Époque, dir. H.-J. Martin et R. Chartier, Paris, 1985, p. 343-363).
Pour sa propre collection, Roland Saucier met en pratique au plus haut niveau les principes Vandérem, comme en témoignent notamment parmi les volumes offerts à la vente son Molière relié par Boyet en veau fauve à tranche dorée (lot 63) ou les 4 volumes des Scènes de la vie privée de Balzac, 1830-1832, reliés pour l’ex-Impératrice Marie-Louise, duchesse de Parme (lot 47).
Sa position dans la maison Gallimard, mais aussi des affinités électives, donnent à Roland Saucier une place discrète d’éminence grise dans le milieu littéraire contemporain. Auprès entre autres de Gide, Claudel, Breton, Max Jacob, Aragon, Céline, Jouhandeau (lot 61), Queneau, Jean Genêt qu’il présentera au printemps 1947 à Jacques Guérin.
Et auprès de Jean Cocteau, tôt rencontré, qu’il défend en 1926 lors de la ténébreuse affaire de la disparition de ses livres et manuscrits. « Cher ami,... Je voulais en venir aux livres. Vous devinez qu’ils traînent partout... Les livres s’empilent, s’écroulent, et, souvent, n’ayant pas de papier sous la main je travaille sur leurs pages de garde….Bref je n’accuse personne (on ne vole pas les livres, on les emprunte, on les chipe), mais les livres de ma chambre s’envolent ». La Lettre plainte de Cocteau adressée à Roland Saucier, parfaite illustration des précises définitions de Vandérem, figure en édition pré-originale aux pages 1 à 3 du huitième Catalogue d’éditions originales et de livres illustrés modernes de la librairie Gallimard (mai 1926). L’édition originale « a été tirée à 25 exemplaires sur papier vergé d’arches hors-commerce par les soins de Roland Saucier et achevée d’imprimer le 22 mai 1926 ». Roland Saucier a connu Radiguet, son quasi-contemporain, mais c’est plus probablement à Cocteau qu’il doit le manuscrit inédit du Diable au corps (lot 65) qui constitue le clou (le trésor) de l’ensemble (du groupe) de livres et manuscrits de l’ancienne collection Roland Saucier qui seront dispersés le 2 décembre (lots 47 à 71).