![Maxime DU CAMP (1822-1894). Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp, chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’instruction publique. Paris : [imprimé par J. Claye et Cie pour] Gide et Baudry, 1852. In-folio (428 x 310 mm). 61 pages de texte et explications des planches, 125 épreuves sur papier salé (procédé Blanquart-Evrard) contrecollées sur vélin fort et 3 plans (Karnak, Medinet Habou et Philæ) dont un sur double page, serpentes dont trois légendées. (Rousseurs affectant le texte et les marges sans presque aucune atteinte aux épreuves.) Reliure de l’époque, demi-chagrin brun à coins, dos à nerfs orné de fers dorés, étiquette du libraire-papetier Prudhomme au contreplat (usures d’usage, coins](https://www.christies.com/img/LotImages/2016/PAR/2016_PAR_12686_0073_000(maxime_du_camp_egypte_nubie_palestine_et_syrie_dessins_photographiques083252).jpg?w=1)
L'incunable de la photographie
Maxime DU CAMP (1822-1894). Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp, chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’instruction publique. Paris : [imprimé par J. Claye et Cie pour] Gide et Baudry, 1852. In-folio (428 x 310 mm). 61 pages de texte et explications des planches, 125 épreuves sur papier salé (procédé Blanquart-Evrard) contrecollées sur vélin fort et 3 plans (Karnak, Medinet Habou et Philæ) dont un sur double page, serpentes dont trois légendées. (Rousseurs affectant le texte et les marges sans presque aucune atteinte aux épreuves.) Reliure de l’époque, demi-chagrin brun à coins, dos à nerfs orné de fers dorés, étiquette du libraire-papetier Prudhomme au contreplat (usures d’usage, coins un peu émoussés, accident à la coiffe inférieure).
Details
Maxime DU CAMP (1822-1894). Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction par Maxime Du Camp, chargé d’une mission archéologique en Orient par le ministère de l’instruction publique. Paris : [imprimé par J. Claye et Cie pour] Gide et Baudry, 1852. In-folio (428 x 310 mm). 61 pages de texte et explications des planches, 125 épreuves sur papier salé (procédé Blanquart-Evrard) contrecollées sur vélin fort et 3 plans (Karnak, Medinet Habou et Philæ) dont un sur double page, serpentes dont trois légendées. (Rousseurs affectant le texte et les marges sans presque aucune atteinte aux épreuves.) Reliure de l’époque, demi-chagrin brun à coins, dos à nerfs orné de fers dorés, étiquette du libraire-papetier Prudhomme au contreplat (usures d’usage, coins un peu émoussés, accident à la coiffe inférieure).
ÉDITION ORIGINALE D’UNE INSIGNE RARETÉ. ÉBLOUISSANT TÉMOIGNAGE D’UN VOYAGE EN ORIENT.
Entreprise en octobre 1849, cette expédition orientale sur les pas de Lamartine et de Chateaubriand, conduit Maxime Du Camp, accompagné de Gustave Flaubert, d’Alexandrie à Baalbek dont la colonnade « a l’air d’être en vermeil ciselé, à cause de la couleur des pierres et du soleil » (Flaubert, lettre à sa mère du 7 octobre 1850).
Maxime Du Camp a vingt-huit ans, Flaubert, qui vient d’achever La Tentation de saint Antoine, un de moins. Le premier sollicite une mission archéologique auprès du ministère de l'Instruction publique ; le second réussit habilement à être commandité par le ministère du Commerce pour une collecte d'informations sur les importations et les exportations égyptiennes. Mais ces missions semblent n’être qu’un prétexte pour les deux écrivains et cette expédition prend vite des allures de voyage d’agrément.
Avant son départ, Maxime Du Camp s’initia aux rudiments du papier ciré auprès de Gustave Le Gray. Cette technique du calotype, inventée par William Henry Fox Talbot en 1841, est l’ancêtre de la pellicule. La « feuille de papier rendue translucide par une substance grasse, permettait le tirage d'épreuves positives. Le temps de pose était long, les détails les plus fins se perdaient parfois dans la texture du papier, mais le portefeuille pesait moins lourd que la caisse de plaques" (A. Jammes).
Mais au fil du temps il connaît quelques déceptions. « Ce papier qui donnait de forts beaux résultats à M. Le Gray, n’en obtint aucun entre mes mains […] Mes première épreuves furent mauvaises, et je désespérais d’en obtenir de bonnes, lorsque le hasard me fit rencontrer M. de Lagrange […] Il employait le procédé tout nouveau alors de M. Blanquart-Evrard ; il voulut bien me le communiquer, et je me résolus à l’employer […] » (La Lumière, 28 août 1852, p. 144. Cité par Isabelle Jammes dans Blanquart-Evrard et les origines de l’édition photographique française, p. 83). « Je prends des épreuves photographiques de toute ruine, de tout monument, de tout paysage que je trouve intéressants » écrit-il à Théophile Gautier (extrait repris dans ses Souvenirs littéraires, Paris, 1882, tome I, p. 484).
Du Caire, le 5 janvier 1850, Flaubert décrit à sa mère l’acharnement de son compagnon de voyage : « La photographie absorbe et consume les jours de Max[ime]. Il réussit, mais se désespère chaque fois que rate une épreuve ou qu’un plateau est mal nettoyé. Vraiment s’il ne se calme il en crèvera. Il a du reste obtenu des résultats superbes aussi depuis quelques jours son moral est-il remonté […] je vis comme une plante, je me pénètre de soleil et de lumière, de couleurs et de grand air ». Quelques mois plus tard, le 3 mai, il lui confie « avoir les doigts noircis de nitrate d’argent pour avoir aidé [son] associé, hier, à Herment […] » Le 13 mars de la même année, il écrit à Louis Bouilhet : « le jeune Du Camp est parti faire une épreuve ; il réussit assez bien ; nous aurons, je crois, un album assez gentil […] »
À force de ténacité Du Camp réussit à réaliser des clichés propres à un tirage de très haute définition, d'une précision exceptionnelle. « Les tirages effectués dans les ateliers de l'imprimeur lillois Blanquart-Évrard sont d'une qualité extraordinaire : après cent cinquante ans, leurs tonalités noir et blanc sont toujours aussi soutenues » (Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Voyage en Orient. Paris : BnF, 1999, page 27).
Du Camp et Flaubert quittèrent Paris le 29 octobre 1849, accompagnés de leur domestique corse Sasseti. Ils arrivèrent à Alexandrie « tous en bon état » le 15 novembre 1849 (Lettre de Flaubert à sa mère du 17 novembre). Du delta du Nil à Beyrouth, aucun trésor archéologique ne leur échappe et les « rages photographiques » de Du Camp ponctuent leur « vie de fainéantise et de rêvasserie » (lettres de Flaubert à sa mère des 3 et 12 mars 1850). Maxime Du Camp réalise ainsi un admirable inventaire photographique où se mêlent l’architecture et la nature. La présence discrète de l’homme (Louis Sasseti ou un indigène) n’est destinée qu’à donner l’échelle.
Du Camp déclarera plus tard : « Les dates sont fort importantes pour une histoire de la photographie : la première épreuve (Alexandrie) est de novembre 1849 ; la dernière (Baalbek) est du 15 septembre 1850. » Cependant, Flaubert, de Rhodes, confie à sa mère que Maxime « a lâché la photographie à Beyrouth. Il l'a cédée à un amateur frénétique : en échange des appareils, nous avons acquis de quoi nous faire à chacun un divan comme les rois n'en ont pas : dix pieds de laine et soie brodée d'or […] » (lettre du 7 octobre 1850).
De retour en Europe, au printemps 1851, Du Camp fait tirer l'intégralité de ses négatifs à Rome, et publie à son arrivée à Paris, les 125 photographies choisies (sur un total de 214) qu’il accompagne d’un texte. « Quel qu'ait pu être le plaisir pris par Maxime Du Camp à ce voyage en Orient, le jeune ambitieux garda la tête froide et exploita systématiquement cette mission photographique, n'ayant de cesse qu'il n'eût trouvé un éditeur et produit autour de son album le battage nécessaire pour obtenir un beau succès mondain et de curiosité, au grand agacement de Flaubert » (Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Op. cit. page 27).
Flaubert, quant à lui, abandonne rapidement son projet de récit. Mais ses nombreuses lettres à sa mère et à ses amis, fourmillent de détails et d’anecdotes.
Si Baudelaire, dans son Salon de 1859, cantonne la photographie à un rôle « d’humble servante », il admet qu’elle « enrichisse rapidement l’album du voyageur et rende à ses yeux la précision qui manquerait à sa mémoire […] Qu’elle sauve de l'oubli les ruines pendantes ».
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE CET OUVRAGE QUI MARQUE UNE VÉRITABLE RÉVOLUTION ICONOGRAPHIQUE, COMPLÉMENT « INDISPENSABLE AUX GRANDS OUVRAGES COMME LA DESCRIPTION DE L’ÉGYPTE » (Isabelle Jammes, op. cit.) Les épreuves ont conservé toute leur fraîcheur initiale.
Isabelle Jammes. Blanquart-Evrard et les origines de l’édition photographique française. Catalogue raisonné des albums photographiques édités. 1851-1855. Genève et Paris : Librairie Droz, 1981 ; M.-T. et A. Jammes. En Égypte au temps de Flaubert : les premiers photographes, 1980 ; Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Voyage en Orient. Photographies, 1850-1880. Exposition à la BnF, 2002 ; Gustave Flaubert. Correspondance, La Pléiade, tome I.
ÉDITION ORIGINALE D’UNE INSIGNE RARETÉ. ÉBLOUISSANT TÉMOIGNAGE D’UN VOYAGE EN ORIENT.
Entreprise en octobre 1849, cette expédition orientale sur les pas de Lamartine et de Chateaubriand, conduit Maxime Du Camp, accompagné de Gustave Flaubert, d’Alexandrie à Baalbek dont la colonnade « a l’air d’être en vermeil ciselé, à cause de la couleur des pierres et du soleil » (Flaubert, lettre à sa mère du 7 octobre 1850).
Maxime Du Camp a vingt-huit ans, Flaubert, qui vient d’achever La Tentation de saint Antoine, un de moins. Le premier sollicite une mission archéologique auprès du ministère de l'Instruction publique ; le second réussit habilement à être commandité par le ministère du Commerce pour une collecte d'informations sur les importations et les exportations égyptiennes. Mais ces missions semblent n’être qu’un prétexte pour les deux écrivains et cette expédition prend vite des allures de voyage d’agrément.
Avant son départ, Maxime Du Camp s’initia aux rudiments du papier ciré auprès de Gustave Le Gray. Cette technique du calotype, inventée par William Henry Fox Talbot en 1841, est l’ancêtre de la pellicule. La « feuille de papier rendue translucide par une substance grasse, permettait le tirage d'épreuves positives. Le temps de pose était long, les détails les plus fins se perdaient parfois dans la texture du papier, mais le portefeuille pesait moins lourd que la caisse de plaques" (A. Jammes).
Mais au fil du temps il connaît quelques déceptions. « Ce papier qui donnait de forts beaux résultats à M. Le Gray, n’en obtint aucun entre mes mains […] Mes première épreuves furent mauvaises, et je désespérais d’en obtenir de bonnes, lorsque le hasard me fit rencontrer M. de Lagrange […] Il employait le procédé tout nouveau alors de M. Blanquart-Evrard ; il voulut bien me le communiquer, et je me résolus à l’employer […] » (La Lumière, 28 août 1852, p. 144. Cité par Isabelle Jammes dans Blanquart-Evrard et les origines de l’édition photographique française, p. 83). « Je prends des épreuves photographiques de toute ruine, de tout monument, de tout paysage que je trouve intéressants » écrit-il à Théophile Gautier (extrait repris dans ses Souvenirs littéraires, Paris, 1882, tome I, p. 484).
Du Caire, le 5 janvier 1850, Flaubert décrit à sa mère l’acharnement de son compagnon de voyage : « La photographie absorbe et consume les jours de Max[ime]. Il réussit, mais se désespère chaque fois que rate une épreuve ou qu’un plateau est mal nettoyé. Vraiment s’il ne se calme il en crèvera. Il a du reste obtenu des résultats superbes aussi depuis quelques jours son moral est-il remonté […] je vis comme une plante, je me pénètre de soleil et de lumière, de couleurs et de grand air ». Quelques mois plus tard, le 3 mai, il lui confie « avoir les doigts noircis de nitrate d’argent pour avoir aidé [son] associé, hier, à Herment […] » Le 13 mars de la même année, il écrit à Louis Bouilhet : « le jeune Du Camp est parti faire une épreuve ; il réussit assez bien ; nous aurons, je crois, un album assez gentil […] »
À force de ténacité Du Camp réussit à réaliser des clichés propres à un tirage de très haute définition, d'une précision exceptionnelle. « Les tirages effectués dans les ateliers de l'imprimeur lillois Blanquart-Évrard sont d'une qualité extraordinaire : après cent cinquante ans, leurs tonalités noir et blanc sont toujours aussi soutenues » (Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Voyage en Orient. Paris : BnF, 1999, page 27).
Du Camp et Flaubert quittèrent Paris le 29 octobre 1849, accompagnés de leur domestique corse Sasseti. Ils arrivèrent à Alexandrie « tous en bon état » le 15 novembre 1849 (Lettre de Flaubert à sa mère du 17 novembre). Du delta du Nil à Beyrouth, aucun trésor archéologique ne leur échappe et les « rages photographiques » de Du Camp ponctuent leur « vie de fainéantise et de rêvasserie » (lettres de Flaubert à sa mère des 3 et 12 mars 1850). Maxime Du Camp réalise ainsi un admirable inventaire photographique où se mêlent l’architecture et la nature. La présence discrète de l’homme (Louis Sasseti ou un indigène) n’est destinée qu’à donner l’échelle.
Du Camp déclarera plus tard : « Les dates sont fort importantes pour une histoire de la photographie : la première épreuve (Alexandrie) est de novembre 1849 ; la dernière (Baalbek) est du 15 septembre 1850. » Cependant, Flaubert, de Rhodes, confie à sa mère que Maxime « a lâché la photographie à Beyrouth. Il l'a cédée à un amateur frénétique : en échange des appareils, nous avons acquis de quoi nous faire à chacun un divan comme les rois n'en ont pas : dix pieds de laine et soie brodée d'or […] » (lettre du 7 octobre 1850).
De retour en Europe, au printemps 1851, Du Camp fait tirer l'intégralité de ses négatifs à Rome, et publie à son arrivée à Paris, les 125 photographies choisies (sur un total de 214) qu’il accompagne d’un texte. « Quel qu'ait pu être le plaisir pris par Maxime Du Camp à ce voyage en Orient, le jeune ambitieux garda la tête froide et exploita systématiquement cette mission photographique, n'ayant de cesse qu'il n'eût trouvé un éditeur et produit autour de son album le battage nécessaire pour obtenir un beau succès mondain et de curiosité, au grand agacement de Flaubert » (Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Op. cit. page 27).
Flaubert, quant à lui, abandonne rapidement son projet de récit. Mais ses nombreuses lettres à sa mère et à ses amis, fourmillent de détails et d’anecdotes.
Si Baudelaire, dans son Salon de 1859, cantonne la photographie à un rôle « d’humble servante », il admet qu’elle « enrichisse rapidement l’album du voyageur et rende à ses yeux la précision qui manquerait à sa mémoire […] Qu’elle sauve de l'oubli les ruines pendantes ».
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE CET OUVRAGE QUI MARQUE UNE VÉRITABLE RÉVOLUTION ICONOGRAPHIQUE, COMPLÉMENT « INDISPENSABLE AUX GRANDS OUVRAGES COMME LA DESCRIPTION DE L’ÉGYPTE » (Isabelle Jammes, op. cit.) Les épreuves ont conservé toute leur fraîcheur initiale.
Isabelle Jammes. Blanquart-Evrard et les origines de l’édition photographique française. Catalogue raisonné des albums photographiques édités. 1851-1855. Genève et Paris : Librairie Droz, 1981 ; M.-T. et A. Jammes. En Égypte au temps de Flaubert : les premiers photographes, 1980 ; Sylvie Aubenas et Jacques Lacarrière. Voyage en Orient. Photographies, 1850-1880. Exposition à la BnF, 2002 ; Gustave Flaubert. Correspondance, La Pléiade, tome I.
Further details
Extremely rare first edition complete. Illustrated with 125 salt prints from wet paper negatives (Blanquart-Evrard process) mounted one to a page. Maxime Du Camp’s monumental survey, Égypte, Nubie, Palestine et Syrie, was the first of its kind. He acquired photographic skills with Le Gray and set off in 1849, accompanied by Gustave Flaubert. Fine copy in a contemporary binding, salt prints very well preserved.
Brought to you by
Victorine d'Arcangues