Lot Essay
Exemple remarquable de la production de mobilier en laque du Japon de Joseph Baumhauer, cette table à écrire provient des collections des Loménie de Brienne, puis par descendance des Caulaincourt.
Loménie de Brienne et la duchesse de Vicence
Athanase Louis Marie de Loménie, comte de Brienne (1730-1794), est un officier et homme politique français issu de la branche cadette de la famille Loménie de Flavignac en Limousin. Il est le frère du Cardinal Etienne-Charles de Loménie de Bienne, ministre de Louis XVI et chevalier de l’Ordre et du Saint Esprit. Lieutenant général des armées de Louis XV, il commande de 1747 à 1762 le régiment Royal Artois et occupe le poste de secrétaire d’Etat à la Guerre de 1787 à 1788, avant d’être guillotiné le 10 mai 1794.
Après avoir reconstruit avec faste le château de Brienne, il fait l’acquisition d’un remarquable hôtel particulier rue Saint Dominique à Paris, aujourd’hui renommé Hôtel de Brienne.
Sa fille, Anne-Marie Charlotte de Loménie de Brienne (1765-1794), épouse François René Hervé de Carbonnel de Canisy, marquis de Canisy (1754-1824).
De cette union naît Marie Adrienne Hervé Louis de Carbonnel de Canisy, duchesse de Vicence. Elle devient dame de compagnie de l’impératrice Joséphine et sera considérée comme l’une des plus belles femmes de la cour impériale. Elle épouse dans un premier temps son oncle Louis Emmanuel de Canisy, écuyer de Napoléon Bonaparte, dont elle finira par divorcer à la Révolution Française. Puis un second mariage est célébré en 1814 avec Armand Augustin Louis de Caulaincourt (1773-1827). Officier militaire et membre de la noblesse d’Empire, il est nommé duc de Vicence, le 7 juin 1808.
Joseph Baumhauer et la laque
L’ébénisterie française est largement influencée par l’arrivée d’ébénistes étrangers qui introduisent en France de nombreux procédés, notamment la marqueterie. Vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, beaucoup d’entre eux affluent du Nord et du Sud des Pays-Bas parmi lesquels Pierre Gole, André-Charles Boulle et Bernard van Risen Burgh.
Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreux ébénistes allemands tels que Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener s’installent à Paris. Joseph Baumhauer, plus connu sous le nom de Joseph, marque le début de cette vague vers 1745. Il dispose dès 1749 du statut particulier d’ébéniste privilégié du roi, succédant à Jean-Pierre Latz. Fort de nombreux avantages, il pratique alors plusieurs commerces au sein d’un même atelier (J.-D. Augarde, L’Estampille-L’Objet d’Art, "Joseph Baumhauer, ébéniste privilégier du Roi", juin 1987, no. 204, pp. 15-16).
Tout au long de sa carrière, Joseph travaille presque uniquement pour les marchands-mercier qui œuvrent sur le marché du mobilier et des bronzes d’ameublement. Lazare Duvaux, Charles Darnault ou encore Simon-Philippe Poirier sont autant de grands noms de marchands pour lesquels l’ébéniste réalise des pièces remarquables en marqueterie, laque, pierre dure et porcelaine de Sèvres. Certaines de ses œuvres peuvent par ailleurs être identifiées dans le Livre-Journal de Duvaux, tenu de 1749 à 1758, comme ce très beau pupitre à écrire debout acquis en 1758 par Charles Jean Philippe de Cobenzl. Par la suite ce pupitre fera partie de la collection d’Hubert de Givenchy avant la dispersion de celle-ci (vente Christie’s Monaco, 4 décembre 1993, lot 84).
L’un des matériaux précieux utilisés par Joseph pour ses pièces les plus remarquables est la laque du Japon, provenant généralement de coffres ou de paravents. Notre table provient certainement du marchand Simon-Philippe Poirier. Le mobilier en laque était le domaine de prédilection de Joseph Baumhauer. Une commode en laque du Japon lui étant attribuée, et se trouvant aujourd’hui dans les collections du J.-Paul Getty Museum, constitue un exemple remarquable de son travail et incarne le savoir-faire de l’ébéniste dans ce domaine (T. Wolvesperges, Le Meuble Français en Laque au XVIIIème Siècle, Paris, 1999, p. 171, fig. 78).
Loménie de Brienne et la duchesse de Vicence
Athanase Louis Marie de Loménie, comte de Brienne (1730-1794), est un officier et homme politique français issu de la branche cadette de la famille Loménie de Flavignac en Limousin. Il est le frère du Cardinal Etienne-Charles de Loménie de Bienne, ministre de Louis XVI et chevalier de l’Ordre et du Saint Esprit. Lieutenant général des armées de Louis XV, il commande de 1747 à 1762 le régiment Royal Artois et occupe le poste de secrétaire d’Etat à la Guerre de 1787 à 1788, avant d’être guillotiné le 10 mai 1794.
Après avoir reconstruit avec faste le château de Brienne, il fait l’acquisition d’un remarquable hôtel particulier rue Saint Dominique à Paris, aujourd’hui renommé Hôtel de Brienne.
Sa fille, Anne-Marie Charlotte de Loménie de Brienne (1765-1794), épouse François René Hervé de Carbonnel de Canisy, marquis de Canisy (1754-1824).
De cette union naît Marie Adrienne Hervé Louis de Carbonnel de Canisy, duchesse de Vicence. Elle devient dame de compagnie de l’impératrice Joséphine et sera considérée comme l’une des plus belles femmes de la cour impériale. Elle épouse dans un premier temps son oncle Louis Emmanuel de Canisy, écuyer de Napoléon Bonaparte, dont elle finira par divorcer à la Révolution Française. Puis un second mariage est célébré en 1814 avec Armand Augustin Louis de Caulaincourt (1773-1827). Officier militaire et membre de la noblesse d’Empire, il est nommé duc de Vicence, le 7 juin 1808.
Joseph Baumhauer et la laque
L’ébénisterie française est largement influencée par l’arrivée d’ébénistes étrangers qui introduisent en France de nombreux procédés, notamment la marqueterie. Vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, beaucoup d’entre eux affluent du Nord et du Sud des Pays-Bas parmi lesquels Pierre Gole, André-Charles Boulle et Bernard van Risen Burgh.
Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreux ébénistes allemands tels que Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener s’installent à Paris. Joseph Baumhauer, plus connu sous le nom de Joseph, marque le début de cette vague vers 1745. Il dispose dès 1749 du statut particulier d’ébéniste privilégié du roi, succédant à Jean-Pierre Latz. Fort de nombreux avantages, il pratique alors plusieurs commerces au sein d’un même atelier (J.-D. Augarde, L’Estampille-L’Objet d’Art, "Joseph Baumhauer, ébéniste privilégier du Roi", juin 1987, no. 204, pp. 15-16).
Tout au long de sa carrière, Joseph travaille presque uniquement pour les marchands-mercier qui œuvrent sur le marché du mobilier et des bronzes d’ameublement. Lazare Duvaux, Charles Darnault ou encore Simon-Philippe Poirier sont autant de grands noms de marchands pour lesquels l’ébéniste réalise des pièces remarquables en marqueterie, laque, pierre dure et porcelaine de Sèvres. Certaines de ses œuvres peuvent par ailleurs être identifiées dans le Livre-Journal de Duvaux, tenu de 1749 à 1758, comme ce très beau pupitre à écrire debout acquis en 1758 par Charles Jean Philippe de Cobenzl. Par la suite ce pupitre fera partie de la collection d’Hubert de Givenchy avant la dispersion de celle-ci (vente Christie’s Monaco, 4 décembre 1993, lot 84).
L’un des matériaux précieux utilisés par Joseph pour ses pièces les plus remarquables est la laque du Japon, provenant généralement de coffres ou de paravents. Notre table provient certainement du marchand Simon-Philippe Poirier. Le mobilier en laque était le domaine de prédilection de Joseph Baumhauer. Une commode en laque du Japon lui étant attribuée, et se trouvant aujourd’hui dans les collections du J.-Paul Getty Museum, constitue un exemple remarquable de son travail et incarne le savoir-faire de l’ébéniste dans ce domaine (T. Wolvesperges, Le Meuble Français en Laque au XVIIIème Siècle, Paris, 1999, p. 171, fig. 78).