Lot Essay
Notre remarquable commode aux proportions élégantes estampillée par Poix est issue des prestigieuses collections Rothschild-Rosebery du château de Mentmore, Buckinghamshire, dispersées en 1977. Elle fut vendue aux côtés d’une autre commode non estampillée mais similaire en tout point, à l’exception de l’aspect de ses colonnes de marbre aux cannelures ornées de bronze (Sotheby’s, 18-27 mai 1977, lots 498 et 499). Toutes deux sont illustrées dans D. Ledoux-Lebard, Les ébénistes du XIXe siècle, Paris, 1984, pp.528-529.
Le château de Mentmore
Le domaine de Mentmore fut acheté par le baron Mayer de Rothschild en 1850. Il y fit bâtir un château entre 1852 et 1854 dont les plans, conçus pas le fameux Joseph Paxton qui réalisa le Crystal Palace, s'inspirèrent notamment de Wollaton Hall à Nottingham.
C'est la fille du baron, Hannah, future Comtesse de Rosebery, qui hérita à sa mort de ce château néo-Renaissance. La propriété passa en 1890 aux mains de son mari Archibald Philippe Primrose, cinquième Comte de Rosebery, qui fut plus tard Premier Ministre.
Dans les années 1910, le cinquième Comte développa aux côtés de son fils Harry, Lord Dalmeny et futur sixième Comte de Rosebery, des haras qui acquirent une renommée internationale. A la mort de Harry en 1973, le contenu du château de Mentmore fut dispersé aux enchères en 1977 dans une vente devenue mythique; notre commode y figurait sous le lot 498.
Le marchand-ébéniste Poix et l’ornementation de marbre
Etabli dès 1796 à l’enseigne « Au Goût du Jour », rue Saint Denis, à Paris, puis rue Jean-Jacques Rousseau l’année suivante, Poix s’est d’abord spécialisé dans le commerce de mobilier de luxe et fantaisie en acajou et bois jaune. Puis, en 1796, il transforme sa boutique en salle des ventes. Il semblerait que Poix ait également réalisé des meubles pour certains de ses clients (cf. P. Kjellberg, Le Mobilier Français du XVIIIe siècle, Paris, 1989, p.665), comme l’atteste notre commode estampillée.
Avec son ornementation raffinée de marbre blanc, ce modèle se distingue de la production de mobilier de la fin du XVIIIe siècle en France. En effet, Poix fait partie des rares ébénistes de cette époque qui utilisent ce matériau à des fins d’ornements, au même titre que Jean-Jacques Pafrat (reçu maître en 1785). On retrouve sur une commode à vantaux par cet ébéniste les colonnes engagées, cannelées et ornées de bronze sur les montants, et dont la façade est également décorée d’une frise à motif de thyrses de Bacchus, de sarments de vigne et de palmiers stylisés (illustrée dans A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p.424). De telles exceptions dans l’ébénisterie française à cette époque laissent supposer que de tels meubles, dont notre commode, étaient réalisés pour des commandes.
La marque Mercier Ainé se trouvant au revers des colonnes de notre commode est certainement celle de la fabrique fondée par Claude Mercier à Paris en 1828, et a probablement été réalisée lors du passage du meuble pour restauration chez cet artisan.
Le château de Mentmore
Le domaine de Mentmore fut acheté par le baron Mayer de Rothschild en 1850. Il y fit bâtir un château entre 1852 et 1854 dont les plans, conçus pas le fameux Joseph Paxton qui réalisa le Crystal Palace, s'inspirèrent notamment de Wollaton Hall à Nottingham.
C'est la fille du baron, Hannah, future Comtesse de Rosebery, qui hérita à sa mort de ce château néo-Renaissance. La propriété passa en 1890 aux mains de son mari Archibald Philippe Primrose, cinquième Comte de Rosebery, qui fut plus tard Premier Ministre.
Dans les années 1910, le cinquième Comte développa aux côtés de son fils Harry, Lord Dalmeny et futur sixième Comte de Rosebery, des haras qui acquirent une renommée internationale. A la mort de Harry en 1973, le contenu du château de Mentmore fut dispersé aux enchères en 1977 dans une vente devenue mythique; notre commode y figurait sous le lot 498.
Le marchand-ébéniste Poix et l’ornementation de marbre
Etabli dès 1796 à l’enseigne « Au Goût du Jour », rue Saint Denis, à Paris, puis rue Jean-Jacques Rousseau l’année suivante, Poix s’est d’abord spécialisé dans le commerce de mobilier de luxe et fantaisie en acajou et bois jaune. Puis, en 1796, il transforme sa boutique en salle des ventes. Il semblerait que Poix ait également réalisé des meubles pour certains de ses clients (cf. P. Kjellberg, Le Mobilier Français du XVIIIe siècle, Paris, 1989, p.665), comme l’atteste notre commode estampillée.
Avec son ornementation raffinée de marbre blanc, ce modèle se distingue de la production de mobilier de la fin du XVIIIe siècle en France. En effet, Poix fait partie des rares ébénistes de cette époque qui utilisent ce matériau à des fins d’ornements, au même titre que Jean-Jacques Pafrat (reçu maître en 1785). On retrouve sur une commode à vantaux par cet ébéniste les colonnes engagées, cannelées et ornées de bronze sur les montants, et dont la façade est également décorée d’une frise à motif de thyrses de Bacchus, de sarments de vigne et de palmiers stylisés (illustrée dans A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p.424). De telles exceptions dans l’ébénisterie française à cette époque laissent supposer que de tels meubles, dont notre commode, étaient réalisés pour des commandes.
La marque Mercier Ainé se trouvant au revers des colonnes de notre commode est certainement celle de la fabrique fondée par Claude Mercier à Paris en 1828, et a probablement été réalisée lors du passage du meuble pour restauration chez cet artisan.