Lot Essay
Il existe deux types de figurines en ivoire Hungaan : les personnages tridimensionnels, agenouillés de profil, et les plaques représentant des personnages de face. Cet ivoire, en rond-bosse, se rattache au premier groupe. On notera la belle patine générale de l'objet et l'usure de l'orifice de suspension – indiquant une période d’utilisation prolongée. La bouche ronde ouverte de cet exemplaire est unique, et, renforcée par la position des mains sur les joues, donne à cette petite figure une expression très puissante. Christine Valluet a écrit une très bonne étude sur les ivoires hungaan dans White Gold, Black Hands (Vol. 3, 2012, pp.128-189). Elle précise qu’il « n’existe malheureusement que des informations très fragmentaires quant à leur signification et leurs lieux de collecte ». En 1905, Leo Frobenius arriva dans la région Kwango-Kwilu et observa ces pendentifs en ivoire appelés kitekki, pendus autour du cou des femmes, notamment un exemplaire comparable à celui-ci (op. cit., ill.13). Il mentionne que ces sculptures en ivoire, autrefois hautement considérées, se faisaient de plus en plus rares et n’étaient plus considérées que comme des bijoux. A ce moment, leur signification était déjà oubliée, ce qui montre que la tradition de ces sculptures est immémoriale. Cet exemplaire se rapproche particulièrement de celui de Frobenius et également d'un pendentif dans la collection du Völkerkundemuseum der Universität Zürich (10258), provenant de Han Coray.