Lot Essay
HISTOIRE DES MEDAILLES SOUS LOUIS XIV
A partir du XVIe siècle, les souverains successifs développent l’usage de la médaille afin de mettre en avant leurs effigies, à l’image des empereurs antiques, voire d’immortaliser certains événements marquants de leurs règnes. Cependant, le règne de Louis XIV marque une accélération de l’usage politique de la médaille par une démarche cohérente et planifiée sous l’égide de Colbert. Dès le règne personnel de Louis XIV en 1661, le ministre présente au Roi son projet d’Histoire métallique. Si tous les arts sont mobilisés dans la politique fastueuse du Roi, les médailles permettent de développer un discours structuré, en lien avec la Petite Académie créée en février 1663. Cette dernière, future Académie royale des inscriptions et Belles Lettres, a notamment pour charge dans le cadre de l’élaboration de l’Histoire métallique, de créer les devises des diverses médailles frappées sous le règne de Louis XIV.
Les différentes facettes du roi sont commémorées, qu’il s’agisse du roi bâtisseur (projet de la façade orientale du Louvre du Bernin en 1665, projet du canal des Deux-Mers en 1667), du roi guerrier (commémoration de la paix d’Aix-la-Chapelle en 1668, prise de Tortose en 1643), du roi diplomate (rappel du Renouvellement de l’Alliance avec les Suisses le 9 novembre 1663), ou encore du roi bienfaiteur (instauration à Saint-Cyr d’une communauté pour Demoiselles de bonne naissance dans le besoin en 1687) (de Turckheim-Pey, loc. cit.). Cependant, sous le ministériat de Colbert l’Histoire métallique n’a que peu progressée et seules 37 médailles ont été frappées (Milovanovic, op. cit., p. 189). Ainsi, à partir de 1691, le roi déjà âgé, soucieux de dresser une histoire cohérente de son règne par le biais des médailles, confie au ministre Pontchartrain la charge de réviser l’ensemble des médailles frappées depuis 1663 et d’en éditer de nouvelles. Les devises de 59 médailles seront révisées et 15 nouvelles médailles seront créées (de Turckheim-Pey, loc. cit.). Débutent alors les « séries uniformes » avec des devises révisées et des diamètres (modules) homogènes. En 1702 un ouvrage est remis au Roi, les Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand, avec des explications historiques par l’Académie royale des Inscriptions et Médailles, résumant le projet d’Histoire métallique souhaité et réalisé par Louis XIV.
En parallèle des médailles commémoratives à vocation historique et politique, Louis XIV est également un collectionneur passionné de médailles modernes et antiques avec près de vingt et un mille médailles en 1691. L’ensemble de sa collection est placé en 1722 dans la Bibliothèque Royale et constituera le cœur de la collection du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale de France (Milovanovic, op. cit., p. 190).
JEAN WARIN
Jean Warin (1607-1672), né à Liège en 1607, travaille avec son père pour différentes principautés battant monnaie. A la suite de plusieurs mésaventures et des accusations de faux-monnayeur, Jean Warin s’installe à Paris. Il y réalise ses premiers travaux à la monnaie du Moulin avant d’en prendre la direction en 1629. Il supervise la frappe de médailles mettant en avant le règne de Louis XIII et s’accorde à cette occasion les bonnes grâces de Richelieu. En 1646 il est nommé tailleur général des monnaies de France puis graveur des sceaux du roi dès 1647. Dans ce cadre et jusqu’à sa mort en 1672, Jean Warin participe à la frappe et la fonte de médailles commémorant le règne de Louis XIV. La renommée de Jean Warin dépassera le cadre du royaume et reposera sur la grande précision technique de ses médailles frappées et fondues, sur leur esthétique sobre ainsi que sur la véracité des portraits des souverains représentés.
Après la mort de Jean Warin en 1672, le nombre de graveurs sollicités augmente largement avec des artistes tels que Jean-Baptiste Dufour, Thomas Bernard, Hercule le Breton, Jacques Nilis, François Chéron mais aussi des graveurs étrangers comme le flamand Joseph Roëttiers, le hollandais Johannes Smeltzing, ou encore le suédois Raymond Faltz.
TECHNIQUE
Jean Warin a fait triompher la frappe au balancier pour les monnaies et les médailles au détriment de la frappe au marteau, moins précise. Sa renommée est en partie basée sur sa maîtrise parfaite de la technique de la gravure en taille directe. La Monnaie de Paris conserve de nombreux outillages de frappe correspondant aux médailles éditées sous Louis XIV et notamment des variantes de coins et de poinçons d'avers et de revers de notre médaille. Du point de vue technique, deux options s'offrent à l'artiste pour la gravure des outillages de frappe. La première consiste à graver entièrement les compositions d'avers et de revers en creux et à l'envers sur un bloc d'acier doux (exemples : Ill. OUTMED 001775, 001777, 001776). La seconde permet de graver en relief et à l'endroit des poinçons dits "partiels" illustrant un motif particulier (exemples : le portrait de Louis XIV (ill. OUTMED 001774), un globe terrestre (ill. OUTMED 001767) sur une barre d'acier doux. Puis, les poinçons sont enfoncés un à un à la surface d'un bloc d'acier doux. Le coin ainsi obtenu sert ensuite à frapper les médailles. Cette seconde technique offre un important gain de temps et permet de fabriquer un nouveau coin, à partir des poinçons en relief, si celui-ci s'est brisé sous les coups répétés du balancier. A côté des médailles frappées, Jean Warin a aussi pratiqué la fonte avec un extrême savoir-faire. Notre médaille est coulée comme l’attestent l'épiderme de son champ légèrement granuleux et l'irrégularité de sa tranche.
HISTOIRE DE NOTRE MEDAILLE
Sous Louis XIV, les médailles constituent fréquemment des cadeaux diplomatiques à des souverains étrangers ou des ambassadeurs, à l’image des « boîtes à portrait » constituées de portraits émaillés du roi entourés de diamants alors offerts en grand nombre (Cf. l’exemplaire du Musée du Louvre inv. OA 12280 acquis lors de la vente Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, Christie’s Paris, 2009).
Les médailles en or sont moins nombreuses que les médailles de bronze et d’argent. Elles représentent des cadeaux particulièrement prestigieux et sont parfois accompagnées de chaînes en or, l’ensemble ayant vocation à être porté en bandoulière. A titre d’illustration, à l’occasion du renouvellement de l’Alliance avec les Suisses le 9 novembre 1663, les participants reçurent des médailles d’or avec au revers la prestation de serment avec la devise Nulla dies subme natoque haec foedera rumpet / Fœdre Helvetico instaurato. Selon le rang des participants la chaîne accompagnant la médaille avait six rangs (pour le chef de l’ambassade), quatre rangs (pour les ambassadeurs des treize cantons suisses), trois rangs (pour les envoyés des villes de Saint-Gall, Mulhouse et Bienne, le secrétaire de Baden et celui des villes évangéliques), un rang (pour certains attachés à l’ambassade), voire la médaille était offerte sans chaîne (T. Borel, loc. cit.).
Notre médaille est ornée de la devise « NEC PLURIBUS IMPAR », devise choisie à l’issue du Carrousel de 1662 sur proposition de Louis Douvrier (de Turckheim-Pey, loc. cit.). La traduction et la signification exactes de cette devise restent confuses, « Egal même à plusieurs » ou « Car il égale les autres [princes] ». A partir de 1689 des médailles satiriques se développent en Europe contre le souverain et une médaille conservée à la Bibliothèque Nationale de France illustre le naufrage du bâtiment naval de Louis XIV le Soleil royal avec la devise tronquée « NUNC PLURIBUS IMPAR », « Maintenant inégale aux autres [princes] » (Milovanovic, op. cit., p. 55).
Plusieurs médailles avec de nombreuses variantes figurant le masque solaire émergeant de rayons sont attribuées à Jean Warin, deux exemplaires en argent sont conservés au Cabinet des médailles monnaies et antiques de la Bibliothèque nationale de France (Cf. Méd. S.r.602, argent, 32mm., datée 1662 et Méd.S.r.635, argent, 55mm., datée 1664) tandis que le British Museum dispose d’un exemplaire en or identique au nôtre. Ces trois exemplaires ne sont pas signés. Si Jean Warin veille à sa carrière en signant de nombreuses médailles, 23 autres, non signées, lui sont attribuées.
Notre chaîne dispose de deux rangs et est composée d’anneaux alternant des cannelures droites et des cannelures torses. La médaille, attachée à la chaîne grâce à la bélière peut se porter en bandoulière. La présence de la chaîne atteste que notre médaille constitue un cadeau diplomatique à un personnage de marque à honorer.
HISTOIRE DE LA FAMILLE
Depuis le début du XVe siècle, les Reinach avaient des biens et des droits dans le Sundgau, la partie sud de l’Alsace, qui appartenait aux Habsbourg d’Autriche. Pour les remercier de leurs services, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Ferdinand II titre trois frères de cette famille barons du Saint-Empire en 1635. A l’issue de la guerre de Trente Ans (1618-1648), les Reinach se mettent alors au service des rois de France.
Par tradition familiale, la médaille et la chaîne ont été données par Louis XIV à Jean-Théobald de Reinach-Hirtzbach (1625-1678) lors de la réunion de l’Alsace à la France. Cet événement se situe à la suite du traité de Westphalie de 1648 mettant fin à la guerre de Trente Ans par lequel l'Autriche cède au royaume de France une partie de l'Alsace. A la mort de Jean-Théobald de Reinach-Hirtzbach la médaille est transmise à son fils Jean-Baptiste, ce dernier lieutenant au régiment Alsace Infanterie puis coadjuteur de son frère le Prince-Evêque de Bâle, fait son testament sous forme de fidéicommis dans lequel figure la chaîne et la médaille en or, avec François Hamann, son neveu comme héritier universel. Après le décès de François Harmann en 1776, la médaille passe à Antoine de Reinach-Hirtzbach (1741-1815), à Charles de Reinach-Hirtzbach (1785-1871) puis à Hesso de Reinach-Hirtzbach (1819-1894) et reste dans la famille jusqu’à nos jours.
COMPARABLE
Un exemplaire identique est conservé au British Museum mais sans bélière, numéro d’inventaire : G3,FrM.28 . Cette médaille a été présentée lors de l’exposition Triumph and Disaster: Medals of the Sun King, du 4 juin au 15 novembre 2015 au British Museum.
Nous remercions Madame Béatrice Coullaré, chargée de conservation à la Monnaie de Paris, pour son aide dans la rédaction de la notice et les clichés appartenant aux collections patrimoniales de la Monnaie de Paris qu'elle a mis à notre disposition.
A partir du XVIe siècle, les souverains successifs développent l’usage de la médaille afin de mettre en avant leurs effigies, à l’image des empereurs antiques, voire d’immortaliser certains événements marquants de leurs règnes. Cependant, le règne de Louis XIV marque une accélération de l’usage politique de la médaille par une démarche cohérente et planifiée sous l’égide de Colbert. Dès le règne personnel de Louis XIV en 1661, le ministre présente au Roi son projet d’Histoire métallique. Si tous les arts sont mobilisés dans la politique fastueuse du Roi, les médailles permettent de développer un discours structuré, en lien avec la Petite Académie créée en février 1663. Cette dernière, future Académie royale des inscriptions et Belles Lettres, a notamment pour charge dans le cadre de l’élaboration de l’Histoire métallique, de créer les devises des diverses médailles frappées sous le règne de Louis XIV.
Les différentes facettes du roi sont commémorées, qu’il s’agisse du roi bâtisseur (projet de la façade orientale du Louvre du Bernin en 1665, projet du canal des Deux-Mers en 1667), du roi guerrier (commémoration de la paix d’Aix-la-Chapelle en 1668, prise de Tortose en 1643), du roi diplomate (rappel du Renouvellement de l’Alliance avec les Suisses le 9 novembre 1663), ou encore du roi bienfaiteur (instauration à Saint-Cyr d’une communauté pour Demoiselles de bonne naissance dans le besoin en 1687) (de Turckheim-Pey, loc. cit.). Cependant, sous le ministériat de Colbert l’Histoire métallique n’a que peu progressée et seules 37 médailles ont été frappées (Milovanovic, op. cit., p. 189). Ainsi, à partir de 1691, le roi déjà âgé, soucieux de dresser une histoire cohérente de son règne par le biais des médailles, confie au ministre Pontchartrain la charge de réviser l’ensemble des médailles frappées depuis 1663 et d’en éditer de nouvelles. Les devises de 59 médailles seront révisées et 15 nouvelles médailles seront créées (de Turckheim-Pey, loc. cit.). Débutent alors les « séries uniformes » avec des devises révisées et des diamètres (modules) homogènes. En 1702 un ouvrage est remis au Roi, les Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand, avec des explications historiques par l’Académie royale des Inscriptions et Médailles, résumant le projet d’Histoire métallique souhaité et réalisé par Louis XIV.
En parallèle des médailles commémoratives à vocation historique et politique, Louis XIV est également un collectionneur passionné de médailles modernes et antiques avec près de vingt et un mille médailles en 1691. L’ensemble de sa collection est placé en 1722 dans la Bibliothèque Royale et constituera le cœur de la collection du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale de France (Milovanovic, op. cit., p. 190).
JEAN WARIN
Jean Warin (1607-1672), né à Liège en 1607, travaille avec son père pour différentes principautés battant monnaie. A la suite de plusieurs mésaventures et des accusations de faux-monnayeur, Jean Warin s’installe à Paris. Il y réalise ses premiers travaux à la monnaie du Moulin avant d’en prendre la direction en 1629. Il supervise la frappe de médailles mettant en avant le règne de Louis XIII et s’accorde à cette occasion les bonnes grâces de Richelieu. En 1646 il est nommé tailleur général des monnaies de France puis graveur des sceaux du roi dès 1647. Dans ce cadre et jusqu’à sa mort en 1672, Jean Warin participe à la frappe et la fonte de médailles commémorant le règne de Louis XIV. La renommée de Jean Warin dépassera le cadre du royaume et reposera sur la grande précision technique de ses médailles frappées et fondues, sur leur esthétique sobre ainsi que sur la véracité des portraits des souverains représentés.
Après la mort de Jean Warin en 1672, le nombre de graveurs sollicités augmente largement avec des artistes tels que Jean-Baptiste Dufour, Thomas Bernard, Hercule le Breton, Jacques Nilis, François Chéron mais aussi des graveurs étrangers comme le flamand Joseph Roëttiers, le hollandais Johannes Smeltzing, ou encore le suédois Raymond Faltz.
TECHNIQUE
Jean Warin a fait triompher la frappe au balancier pour les monnaies et les médailles au détriment de la frappe au marteau, moins précise. Sa renommée est en partie basée sur sa maîtrise parfaite de la technique de la gravure en taille directe. La Monnaie de Paris conserve de nombreux outillages de frappe correspondant aux médailles éditées sous Louis XIV et notamment des variantes de coins et de poinçons d'avers et de revers de notre médaille. Du point de vue technique, deux options s'offrent à l'artiste pour la gravure des outillages de frappe. La première consiste à graver entièrement les compositions d'avers et de revers en creux et à l'envers sur un bloc d'acier doux (exemples : Ill. OUTMED 001775, 001777, 001776). La seconde permet de graver en relief et à l'endroit des poinçons dits "partiels" illustrant un motif particulier (exemples : le portrait de Louis XIV (ill. OUTMED 001774), un globe terrestre (ill. OUTMED 001767) sur une barre d'acier doux. Puis, les poinçons sont enfoncés un à un à la surface d'un bloc d'acier doux. Le coin ainsi obtenu sert ensuite à frapper les médailles. Cette seconde technique offre un important gain de temps et permet de fabriquer un nouveau coin, à partir des poinçons en relief, si celui-ci s'est brisé sous les coups répétés du balancier. A côté des médailles frappées, Jean Warin a aussi pratiqué la fonte avec un extrême savoir-faire. Notre médaille est coulée comme l’attestent l'épiderme de son champ légèrement granuleux et l'irrégularité de sa tranche.
HISTOIRE DE NOTRE MEDAILLE
Sous Louis XIV, les médailles constituent fréquemment des cadeaux diplomatiques à des souverains étrangers ou des ambassadeurs, à l’image des « boîtes à portrait » constituées de portraits émaillés du roi entourés de diamants alors offerts en grand nombre (Cf. l’exemplaire du Musée du Louvre inv. OA 12280 acquis lors de la vente Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, Christie’s Paris, 2009).
Les médailles en or sont moins nombreuses que les médailles de bronze et d’argent. Elles représentent des cadeaux particulièrement prestigieux et sont parfois accompagnées de chaînes en or, l’ensemble ayant vocation à être porté en bandoulière. A titre d’illustration, à l’occasion du renouvellement de l’Alliance avec les Suisses le 9 novembre 1663, les participants reçurent des médailles d’or avec au revers la prestation de serment avec la devise Nulla dies subme natoque haec foedera rumpet / Fœdre Helvetico instaurato. Selon le rang des participants la chaîne accompagnant la médaille avait six rangs (pour le chef de l’ambassade), quatre rangs (pour les ambassadeurs des treize cantons suisses), trois rangs (pour les envoyés des villes de Saint-Gall, Mulhouse et Bienne, le secrétaire de Baden et celui des villes évangéliques), un rang (pour certains attachés à l’ambassade), voire la médaille était offerte sans chaîne (T. Borel, loc. cit.).
Notre médaille est ornée de la devise « NEC PLURIBUS IMPAR », devise choisie à l’issue du Carrousel de 1662 sur proposition de Louis Douvrier (de Turckheim-Pey, loc. cit.). La traduction et la signification exactes de cette devise restent confuses, « Egal même à plusieurs » ou « Car il égale les autres [princes] ». A partir de 1689 des médailles satiriques se développent en Europe contre le souverain et une médaille conservée à la Bibliothèque Nationale de France illustre le naufrage du bâtiment naval de Louis XIV le Soleil royal avec la devise tronquée « NUNC PLURIBUS IMPAR », « Maintenant inégale aux autres [princes] » (Milovanovic, op. cit., p. 55).
Plusieurs médailles avec de nombreuses variantes figurant le masque solaire émergeant de rayons sont attribuées à Jean Warin, deux exemplaires en argent sont conservés au Cabinet des médailles monnaies et antiques de la Bibliothèque nationale de France (Cf. Méd. S.r.602, argent, 32mm., datée 1662 et Méd.S.r.635, argent, 55mm., datée 1664) tandis que le British Museum dispose d’un exemplaire en or identique au nôtre. Ces trois exemplaires ne sont pas signés. Si Jean Warin veille à sa carrière en signant de nombreuses médailles, 23 autres, non signées, lui sont attribuées.
Notre chaîne dispose de deux rangs et est composée d’anneaux alternant des cannelures droites et des cannelures torses. La médaille, attachée à la chaîne grâce à la bélière peut se porter en bandoulière. La présence de la chaîne atteste que notre médaille constitue un cadeau diplomatique à un personnage de marque à honorer.
HISTOIRE DE LA FAMILLE
Depuis le début du XVe siècle, les Reinach avaient des biens et des droits dans le Sundgau, la partie sud de l’Alsace, qui appartenait aux Habsbourg d’Autriche. Pour les remercier de leurs services, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Ferdinand II titre trois frères de cette famille barons du Saint-Empire en 1635. A l’issue de la guerre de Trente Ans (1618-1648), les Reinach se mettent alors au service des rois de France.
Par tradition familiale, la médaille et la chaîne ont été données par Louis XIV à Jean-Théobald de Reinach-Hirtzbach (1625-1678) lors de la réunion de l’Alsace à la France. Cet événement se situe à la suite du traité de Westphalie de 1648 mettant fin à la guerre de Trente Ans par lequel l'Autriche cède au royaume de France une partie de l'Alsace. A la mort de Jean-Théobald de Reinach-Hirtzbach la médaille est transmise à son fils Jean-Baptiste, ce dernier lieutenant au régiment Alsace Infanterie puis coadjuteur de son frère le Prince-Evêque de Bâle, fait son testament sous forme de fidéicommis dans lequel figure la chaîne et la médaille en or, avec François Hamann, son neveu comme héritier universel. Après le décès de François Harmann en 1776, la médaille passe à Antoine de Reinach-Hirtzbach (1741-1815), à Charles de Reinach-Hirtzbach (1785-1871) puis à Hesso de Reinach-Hirtzbach (1819-1894) et reste dans la famille jusqu’à nos jours.
COMPARABLE
Un exemplaire identique est conservé au British Museum mais sans bélière, numéro d’inventaire : G3,FrM.28 . Cette médaille a été présentée lors de l’exposition Triumph and Disaster: Medals of the Sun King, du 4 juin au 15 novembre 2015 au British Museum.
Nous remercions Madame Béatrice Coullaré, chargée de conservation à la Monnaie de Paris, pour son aide dans la rédaction de la notice et les clichés appartenant aux collections patrimoniales de la Monnaie de Paris qu'elle a mis à notre disposition.