Lot Essay
UN DESTIN TRAGIQUE
Napoléon François Charles Joseph Bonaparte est né à Paris le 20 mars 1811. Il est dès sa naissance proclamé roi de Rome par son père Napoléon Ier. Après l’abdication du 6 avril 1814, l’Empereur d’Autriche, François Ier, par ailleurs grand-père du roi de Rome, l’envoie à Vienne. A la suite des Cent-Jours et de la seconde abdication de l’Empereur le 22 juin 1815, l’enfant est reconnu comme le successeur de l’Empereur sous le nom de Napoléon II alors même qu’il est toujours à Vienne. Son « règne » durera environ deux semaines. A Vienne, « l’Aiglon » vit en liberté surveillée et reçoit de François Ier le titre de duc de Reichstadt, petite ville de Bohême. En France, les nostalgiques de l’Empire fondent de grands espoirs dans le jeune homme mais celui-ci meurt prématurément le 22 juillet 1832 d’une tuberculose. Le destin tragique du fils de Napoléon Ier qui n’a côtoyé son père qu’à de très courts intervalles a rapidement été intégré à la légende napoléonienne. Par déférence envers son cousin, en 1852 Louis-Napoléon Bonaparte choisira Napoléon III comme nom de règne. En 1940 la dépouille de Napoléon II, duc de Reichstadt, est ramenée à Paris et placée près de celle de son père dans la crypte des Invalides.
Le roi de Rome, héritier tant espéré de Napoléon Ier, a fait l’objet de nombreuses représentations artistiques à la hauteur des espérances placées en lui : Pierre-Paul Prud’hon peint Le roi de Rome endormi (musée du Louvre, n° inv. R.F. 1982-19), Gérard plusieurs portraits dont l’un en 1812 (château de Versailles, n° inv. MV 4707) et le peintre viennois Moritz Daffinger (1790-1849) réalise également plusieurs portraits. On connait aussi un biscuit de la manufacture de Sèvres d’après Henri Joseph Ruxthiel le représentant à l’âge de deux ans (musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, n° inv. M.M.71.7.1) et plusieurs bustes en marbre.
LES PORTRAITS SCULPTES
Parmi ces bustes connus, l’un est de Pietro Tenerani (1789-1869), (musée national du château de Fontainebleau) et daté de 1830-1835, un second est de Pompeo Marchesi (1783-1858) (conservé dans une collection privée). Les deux représentent le duc de Reichstadt dans son uniforme et âgé d’environ 20 ans. Ces deux marbres ont été présentés dans l’exposition La Pourpre et l’exil. L’Aiglon et le Prince impérial, de novembre à mars 2005 au Palais de Compiègne.
Une version identique de notre buste signée Domenico Menconi (1762- ?) se trouve au château de Fontainebleau (n° inv. N3108). Il semblerait que cette version réalisée à Florence en 1852, c’est-à-dire l’année de la proclamation du Second Empire, soit une copie d’après notre buste produit autour des années précédant ou plus vraisemblablement suivant la mort de l’Aiglon en 1832. De plus, l’inscription « roi de Rome » sur la version de Fontainebleau laisse supposer une commande française.
L’attribution ferme de notre buste à un artiste en particulier est difficile. Cependant, plusieurs artistes néo-classiques proches d’Antonio Canova ou de Bertel Thorvaldsen ont travaillé pour la famille napoléonienne ou à la cour de Vienne. Tout d’abord Lorenzo Bartolini (1777-1850), lequel a réalisé les bustes d’un grand nombre de membres de la famille impériale : Lucien, Charles, Madame Letizia, Joseph, Louis, Jérôme… Après la chute de l’Empire, il reste le sculpteur attitré des Bonaparte en exil : tombeau de la Reine Hortense à Rueil, bustes de Charlotte Bonaparte et de Louis Bonaparte, etc. Pietro Tenerani (1789-1869), l’auteur d’un des bustes du duc de Reichstadt, possédait un atelier important à Rome et répondait à des commandes venues de toute l’Europe. Enfin, Pompeo Marchesi (1783-1858) semble une piste particulièrement intéressante pour l’attribution de notre buste. Effectivement Marchesi a réalisé de nombreuses commandes importantes à Vienne dont le monument de François II. D’autres œuvres de Pompeo Marchesi de la même période que notre buste apparaissent stylistiquement proches, comme le buste de Giulio Mylius, fils du banquier Enrico Mylus mort en 1830 en pleine jeunesse comme Napoléon II. Le buste, daté de 1830 est conservé à la Villa Vigoni à Loveno di Menaggio. Enfin, le catalogue de l’exposition La Pourpre et l’exil laisse entendre selon une liste des legs de la duchesse de Parme la possibilité que Marchesi ait réalisé deux bustes en marbre du duc (op. cit., p. 269, cat. 136). La différence dans les deux représentations pourrait se comprendre dans la dualité de la charge mémorielle liée au défunt : d’un côté son lien avec Vienne, le duc de Reichstadt étant représenté dans son uniforme de lieutenant-colonel du régiment Gustave-Prince-de-Wasa et de l’autre côté, la mort tragique d’un potentiel héritier impérial, l’Aiglon étant représenté de façon plus idéalisée, nu et avec une troncature à l’antique.
LA MAISON HOHENLOHE: UNE FAMILLE PRINCIERE ALLEMANDE
La maison Hohenlohe est une famille de la haute-noblesse germanique dont les membres ont le titre de prince. Elle se divise en plusieurs branches au fil des siècles, notamment en 1551 avec la branche Hohenlohe-Neuenstein protestante et la branche Hohenlohe-Waldebourg catholique. Les Hohenlohe-Schillingsfürt sont issus de cette branche catholique. A la suite des victoires napoléoniennes, et comme la plupart des nombreuses principautés allemandes, les Hohenlohe-Schillingsfürst perdent leur indépendance, leurs terres étant rattachées au royaume de Bavière.
La famille comptera plusieurs personnages de premier plan dans l’histoire politique des nations allemande et autrichienne tels le chancelier allemand Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en fonction de 1894 à 1900, le général et diplomate austro-hongrois Gottfried von Hohenlohe-Schillingsfürst ou encore Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst député de la circonscription de Haguenau-Wissembourg alors attachée à l’Empire allemand.
Napoléon François Charles Joseph Bonaparte est né à Paris le 20 mars 1811. Il est dès sa naissance proclamé roi de Rome par son père Napoléon Ier. Après l’abdication du 6 avril 1814, l’Empereur d’Autriche, François Ier, par ailleurs grand-père du roi de Rome, l’envoie à Vienne. A la suite des Cent-Jours et de la seconde abdication de l’Empereur le 22 juin 1815, l’enfant est reconnu comme le successeur de l’Empereur sous le nom de Napoléon II alors même qu’il est toujours à Vienne. Son « règne » durera environ deux semaines. A Vienne, « l’Aiglon » vit en liberté surveillée et reçoit de François Ier le titre de duc de Reichstadt, petite ville de Bohême. En France, les nostalgiques de l’Empire fondent de grands espoirs dans le jeune homme mais celui-ci meurt prématurément le 22 juillet 1832 d’une tuberculose. Le destin tragique du fils de Napoléon Ier qui n’a côtoyé son père qu’à de très courts intervalles a rapidement été intégré à la légende napoléonienne. Par déférence envers son cousin, en 1852 Louis-Napoléon Bonaparte choisira Napoléon III comme nom de règne. En 1940 la dépouille de Napoléon II, duc de Reichstadt, est ramenée à Paris et placée près de celle de son père dans la crypte des Invalides.
Le roi de Rome, héritier tant espéré de Napoléon Ier, a fait l’objet de nombreuses représentations artistiques à la hauteur des espérances placées en lui : Pierre-Paul Prud’hon peint Le roi de Rome endormi (musée du Louvre, n° inv. R.F. 1982-19), Gérard plusieurs portraits dont l’un en 1812 (château de Versailles, n° inv. MV 4707) et le peintre viennois Moritz Daffinger (1790-1849) réalise également plusieurs portraits. On connait aussi un biscuit de la manufacture de Sèvres d’après Henri Joseph Ruxthiel le représentant à l’âge de deux ans (musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, n° inv. M.M.71.7.1) et plusieurs bustes en marbre.
LES PORTRAITS SCULPTES
Parmi ces bustes connus, l’un est de Pietro Tenerani (1789-1869), (musée national du château de Fontainebleau) et daté de 1830-1835, un second est de Pompeo Marchesi (1783-1858) (conservé dans une collection privée). Les deux représentent le duc de Reichstadt dans son uniforme et âgé d’environ 20 ans. Ces deux marbres ont été présentés dans l’exposition La Pourpre et l’exil. L’Aiglon et le Prince impérial, de novembre à mars 2005 au Palais de Compiègne.
Une version identique de notre buste signée Domenico Menconi (1762- ?) se trouve au château de Fontainebleau (n° inv. N3108). Il semblerait que cette version réalisée à Florence en 1852, c’est-à-dire l’année de la proclamation du Second Empire, soit une copie d’après notre buste produit autour des années précédant ou plus vraisemblablement suivant la mort de l’Aiglon en 1832. De plus, l’inscription « roi de Rome » sur la version de Fontainebleau laisse supposer une commande française.
L’attribution ferme de notre buste à un artiste en particulier est difficile. Cependant, plusieurs artistes néo-classiques proches d’Antonio Canova ou de Bertel Thorvaldsen ont travaillé pour la famille napoléonienne ou à la cour de Vienne. Tout d’abord Lorenzo Bartolini (1777-1850), lequel a réalisé les bustes d’un grand nombre de membres de la famille impériale : Lucien, Charles, Madame Letizia, Joseph, Louis, Jérôme… Après la chute de l’Empire, il reste le sculpteur attitré des Bonaparte en exil : tombeau de la Reine Hortense à Rueil, bustes de Charlotte Bonaparte et de Louis Bonaparte, etc. Pietro Tenerani (1789-1869), l’auteur d’un des bustes du duc de Reichstadt, possédait un atelier important à Rome et répondait à des commandes venues de toute l’Europe. Enfin, Pompeo Marchesi (1783-1858) semble une piste particulièrement intéressante pour l’attribution de notre buste. Effectivement Marchesi a réalisé de nombreuses commandes importantes à Vienne dont le monument de François II. D’autres œuvres de Pompeo Marchesi de la même période que notre buste apparaissent stylistiquement proches, comme le buste de Giulio Mylius, fils du banquier Enrico Mylus mort en 1830 en pleine jeunesse comme Napoléon II. Le buste, daté de 1830 est conservé à la Villa Vigoni à Loveno di Menaggio. Enfin, le catalogue de l’exposition La Pourpre et l’exil laisse entendre selon une liste des legs de la duchesse de Parme la possibilité que Marchesi ait réalisé deux bustes en marbre du duc (op. cit., p. 269, cat. 136). La différence dans les deux représentations pourrait se comprendre dans la dualité de la charge mémorielle liée au défunt : d’un côté son lien avec Vienne, le duc de Reichstadt étant représenté dans son uniforme de lieutenant-colonel du régiment Gustave-Prince-de-Wasa et de l’autre côté, la mort tragique d’un potentiel héritier impérial, l’Aiglon étant représenté de façon plus idéalisée, nu et avec une troncature à l’antique.
LA MAISON HOHENLOHE: UNE FAMILLE PRINCIERE ALLEMANDE
La maison Hohenlohe est une famille de la haute-noblesse germanique dont les membres ont le titre de prince. Elle se divise en plusieurs branches au fil des siècles, notamment en 1551 avec la branche Hohenlohe-Neuenstein protestante et la branche Hohenlohe-Waldebourg catholique. Les Hohenlohe-Schillingsfürt sont issus de cette branche catholique. A la suite des victoires napoléoniennes, et comme la plupart des nombreuses principautés allemandes, les Hohenlohe-Schillingsfürst perdent leur indépendance, leurs terres étant rattachées au royaume de Bavière.
La famille comptera plusieurs personnages de premier plan dans l’histoire politique des nations allemande et autrichienne tels le chancelier allemand Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst, en fonction de 1894 à 1900, le général et diplomate austro-hongrois Gottfried von Hohenlohe-Schillingsfürst ou encore Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst député de la circonscription de Haguenau-Wissembourg alors attachée à l’Empire allemand.