Annam, projet pour le bas-relief du musée des colonies, vers 1930

Prix de Rome de 1919, élève de l'École des Beaux-Arts de Paris, Alfred Janniot (1889-1969) est l'auteur d'un œuvre monumental considérable. Ami de Jacques-Émile Ruhlmann, il s’impose lors de l'Exposition des arts décoratifs de 1925 avec un hommage à Jean Goujon, comme l’un des maîtres du classicisme français au côté de Jean Dupas. Son œuvre la plus ambitieuse est le grand bas-relief de la façade du Palais de la Porte Dorée, construit par Albert Laprade pour l’Exposition coloniale de 1931. S’étendant sur plus de 1.000 m², il illustre les grands ports maritimes et des aéroports de l'Afrique, de Madagascar, des Antilles, de l'Asie et de l'Océanie, témoignant des richesses économiques et humaines des colonies françaises. Son œuvre est également présente à New York au Rockefeller Center avec un grand bas-relief illustrant La rencontre des continents américains et européens, mais aussi à Nice avec le grand monument aux morts, Puteaux avec une grande fresque ornant le fronton de la poste, ou encore Bordeaux avec la Bourse du travail.
Exécuté en 1931, notre bas-relief figure une partie de la gigantesque fresque exécutée pour le Palais de la Porte Dorée. Illustrant le Protectorat d’Annam, hommes, faunes et flores sont représentés au milieu d’une végétation luxuriante évoquant la forêt tropicale asiatique. Réalisé en plâtre, notre panneau montre la composition définitive à demi-grandeur et servira pour la mise au point du bas-relief en pierre. Le succès de cette composition que Janniot considérait comme son chef d’œuvre fut considérable. S’enthousiasmant pour cette œuvre colossale, Gaston Varenne écrit : 'Travail gigantesque […] qui fait songer aux puissantes décorations en relief des palais assyriens. Je ne vois, en effet, depuis les bas-reliefs d’albâtre à Ninive, ou depuis les frises persanes des palais de Suse et de Persépolis, d’œuvre à laquelle puisse se comparer cette formidable composition'.