Masque Ges
Ges mask
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Masque GesGes mask

Nord de la Nouvelle-Irlande, Tabar ou Lavongai

Details
Masque Ges
Ges mask
Nord de la Nouvelle-Irlande, Tabar ou Lavongai
Bois, fibre, turbo petholatus opercula
Hauteur : 86 cm. (33 3/4 in.)
Provenance
Collection Alain Schoffel
Monsieur et Madame Philippe Solvit, Paris
Vente Ricqles, Collection de Monsieur et Madame
Solvit, Paris, 7 juin 1998, lot 43
Collection privée
Special notice
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Chloé Beauvais
Chloé Beauvais

Lot Essay

La vie rituelle du Nord de la Nouvelle Irlande s’organisait autour de longues et complexes cérémonies funéraires que l’on appelle Malagan. Une grande diversité de masques avec des fonctions bien spécifiques était utilisée lors des différents rituels. Probablement les plus connus sont les heaumes Tatanua et les lourds masques en bois a la sculpture extravagante flanquée de superstructures d’oiseaux et poissons enchevêtrés que l’on appelle Matua.

Le masque présente aujourd’hui par Christie’s est connu sous le nom de Kepong en Nouvelle-Irlande et Lavongai, ou Vanis dans les iles Tabar. Il représente un Ges, une créature humanoïde sombre et mauvaise, vivant au plus profond des forets, dans des grottes ou les arbres. On peut voir les Ges comme une contrepartie duale des humains, des esprits puissants et mauvais vivants dans un monde voisin et décale avec lesquels ils interagissent parfois lors de rencontres impromptues ou par les rêves. Ces masques marquent le début de la dernière étape d’une cérémonie Malagan, chassant les esprits errants des morts et préparant ainsi l’espace rituel. Richard Parkinson, dans son ouvrage « trente ans dans les mers du sud » publié en 1909, a commenté sur l’usage de ces masques. « Les membres de la famille du défunt les portent lors de la cérémonie funéraire. Ils marchent silencieusement de maison en maison dans le village. Dans une main ils portent une lance et de l’autre ils agitent une crécelle faite de coquillages, annonçant ainsi leur approche. Ils s’arrêtent alors devant chaque maison et collectent de la monnaie de coquillage ». Puis, « quand les masques apparaissent sur le site cérémoniel, des sanglots montent de l’assemblée. Les noms des morts qui vont être commémorés durant cette cérémonie sont lancés parmi les pleurs et les cris de détresse. » En 2006, la phase finale du Malagan organisée pour le chef Joel Picia sur l’ile de Tatau avait débute avec l'arrivée de porteurs de masques Ges au soleil levant dans le village, exactement comme la scène décrite par Parkinson 100 ans auparavant. Les masques sont désormais réalisés en écorce et Tapa.

Ce masque est imposant, probablement sculpté dans de l’Astonia Scholaris. Le visage est anguleux, orne d’une peinture très délicate, autour de l'œil en opercule de coquillage Turbo Petholatus. Le cimier est composé de fibres et d'étoffe rouge. La bouche révèle des dents pointues au-dessus d’un rameau de betel. Le nez apparait comme l'enchevêtrement d’un oiseau, probablement une frégate dévorant un serpent. Les deux longues planches latérales se terminent en poisson, ornée au milieu d’un opercule de Turbo Petholatus.

Les différents masques de ce type que l’on trouve dans les musées ou les collections privés ont des dates de collecte essentiellement entre 1875 et 1899. Des masques très semblables ont été collectés de l’ile de Nusa jusqu’à Lemau sur la cote Ouest de la Nouvelle-Irlande, mais aussi dans les iles Tabar. Par exemple, Meyer et Parkinson ont publié en 1895 sur la planche II un masque très semblable collecté sur l’ile de Simberi, archipel Tabar (voir photo). Une photo en 1886-1887 probablement sur l’ile de Lavongai par Paul Schneider montre onze porteurs de masques, dont quatre du même type que celui proposé par Christie’s.

On citera comme exemple voisin le masque de la collection du musée de Leipzig ME10259, collecté en 1878 par le consul Theodor Weber, collection Teel.

Par Jean-Philippe Beaulieu

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