Lot Essay
Les statuettes bulenga des Luluwa mesurent généralement entre 10 et 25 centimètres de hauteur et ont une petite coupe dans leur main gauche. Elles sont censées porter chance à leurs propriétaires et sont également employées lors de rituels en l’honneur des esprits protecteurs ou de cérémonies de fécondité. Ces statuettes étaient frottées de pigments naturels afin d’activer leurs pouvoirs inhérents, d’ou la présence d’une couche de kaolin. La tête surdimensionnée de cet exemple exceptionnel est très naturaliste. L’extension au sommet de la coiffure était connue sous le nom de disungu. On notera les tatouages en motifs curvilignes et géométriques en relief (nsalu), décorant tant le visage que le corps. Ces tatouages, disparaissant déjà au début du XXe siècle, étaient avant tout considères comme des signes de beauté ; ils se referaient plus particulièrement au concept de bulenga, beauté de la création humaine. Ils illustrent l'idée d’une peau saine et parfaite et symbolisent des qualités morales et physiques exceptionnelles. La plupart des motifs décoratifs ont une signification plus profonde : le nombril entouré de tatouages concentriques, montrant ici une hernie ombilicale, est ainsi une métaphore de la connexion étroite avec les ancêtres et la continuité des générations. La qualité exceptionnelle de la sculpture de statuette laisse supposer que son sculpteur en réalisa de plus grandes. Son style peut-être lié à plusieurs maternités de la collection du Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren que Paul Timmermans a attribué au sous-style de Bakwa Mushilu de Ndemba (Petridis, Costa in Treasures from the Africa-Museum Tervuren, Tervuren, 1995, p. 332).