Lot Essay
Notre luxueuse table témoigne d’un riche héritage de l’utilisation du matériau rare et exotique qu’est l’ivoire d’éléphant dans la réalisation de chefs-d’œuvre des meilleurs artisans qui y déploient toute leur virtuosité depuis le XVIIe siècle.
Le mobilier plaqué d’ivoire trouve son origine dans les années 1630 à Augsbourg dans les ateliers de Melchior Baumgartner (1621-1686). Souvent des cabinets, ces meubles d’apparat parfois incrustés de pierres dures, sont le fait de commandes royales ou princières. Les cabinets de curiosités les plus prestigieux d’Europe reflètent cette vogue, à l’instar des Médicis dès les années 1650. Citons les deux impressionnants cabinets d’ivoire montés d’argent et de lapis-lazuli réalisés par Baumgartner pour le duc Maximilien Ier de Bavière et aujourd’hui conservés au Bayerisches Nationalmuseum, Munich qui ne sont pas sans rappeler notre table de milieu.
Suivant cette tendance, Monsieur, duc d’Orléans et frère de Louis XIV, commande dans les années 1660 à Pierre Gole (1620-1684) un des premiers cabinets entièrement plaqué d’ivoire à décor de marqueterie florale, pour meubler son Cabinet Blanc au Palais Royal.
Il est également intéressant de faire un parallèle entre notre table et le goût des porcelaines chinoises blanc bleu à la fin du XVIIe siècle, à l’exemple de la table à écrire plaquée d’ivoire à incrustations de corne teintée bleu commandée par Louis XIV vers 1670 pour le Trianon de porcelaine, aujourd’hui conservée au Getty Museum, Los Angeles.
Si l’âme de chêne et de résineux peut faire penser à un travail allemand, dans la suite des ébénistes d’Augsbourg, la table pourrait également être d’origine anglo-indienne. En effet, la facilité d’accès à d’importantes quantités d’ivoire ainsi qu’à du lapis-lazuli de grande qualité par les ateliers indiens pourrait expliquer l’origine de ce meuble. En outre, la largeur des plaques d’ivoire couvrant notre meuble pourrait être expliquée par l’utilisation de défenses d’éléphants d’Asie, plus courtes mais d’un diamètre plus important que celles des éléphants d’Afrique.
Soulignons enfin que la ceinture et les pieds de la table sont amovibles, afin d’en faciliter le transport. Ce système évoque les meubles à système conçus par David Roentgen (1743-1807), reçu mécanicien-ébéniste du roi de France en 1780, dont certains sont pourvus d’un piètement pouvant se dévisser.
Si elle évoque le mobilier plaqué d’ivoire en vogue sous Louis XIV, cette magnifique table préfigure également, par sa grande simplicité et ses lignes épurées, les productions du XXe siècle et notamment le travail de Jean-Michel Frank (1895-1941). En effet, la table basse plaquée d’ivoire réalisée par Frank vers 1929 (collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, vente Christie’s, Paris, 23-25 février 2009, lot 344) semble être dans la continuité directe de notre table qui lie ainsi la grande tradition du meuble d’ivoire et une étonnante modernité.
Le mobilier plaqué d’ivoire trouve son origine dans les années 1630 à Augsbourg dans les ateliers de Melchior Baumgartner (1621-1686). Souvent des cabinets, ces meubles d’apparat parfois incrustés de pierres dures, sont le fait de commandes royales ou princières. Les cabinets de curiosités les plus prestigieux d’Europe reflètent cette vogue, à l’instar des Médicis dès les années 1650. Citons les deux impressionnants cabinets d’ivoire montés d’argent et de lapis-lazuli réalisés par Baumgartner pour le duc Maximilien Ier de Bavière et aujourd’hui conservés au Bayerisches Nationalmuseum, Munich qui ne sont pas sans rappeler notre table de milieu.
Suivant cette tendance, Monsieur, duc d’Orléans et frère de Louis XIV, commande dans les années 1660 à Pierre Gole (1620-1684) un des premiers cabinets entièrement plaqué d’ivoire à décor de marqueterie florale, pour meubler son Cabinet Blanc au Palais Royal.
Il est également intéressant de faire un parallèle entre notre table et le goût des porcelaines chinoises blanc bleu à la fin du XVIIe siècle, à l’exemple de la table à écrire plaquée d’ivoire à incrustations de corne teintée bleu commandée par Louis XIV vers 1670 pour le Trianon de porcelaine, aujourd’hui conservée au Getty Museum, Los Angeles.
Si l’âme de chêne et de résineux peut faire penser à un travail allemand, dans la suite des ébénistes d’Augsbourg, la table pourrait également être d’origine anglo-indienne. En effet, la facilité d’accès à d’importantes quantités d’ivoire ainsi qu’à du lapis-lazuli de grande qualité par les ateliers indiens pourrait expliquer l’origine de ce meuble. En outre, la largeur des plaques d’ivoire couvrant notre meuble pourrait être expliquée par l’utilisation de défenses d’éléphants d’Asie, plus courtes mais d’un diamètre plus important que celles des éléphants d’Afrique.
Soulignons enfin que la ceinture et les pieds de la table sont amovibles, afin d’en faciliter le transport. Ce système évoque les meubles à système conçus par David Roentgen (1743-1807), reçu mécanicien-ébéniste du roi de France en 1780, dont certains sont pourvus d’un piètement pouvant se dévisser.
Si elle évoque le mobilier plaqué d’ivoire en vogue sous Louis XIV, cette magnifique table préfigure également, par sa grande simplicité et ses lignes épurées, les productions du XXe siècle et notamment le travail de Jean-Michel Frank (1895-1941). En effet, la table basse plaquée d’ivoire réalisée par Frank vers 1929 (collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, vente Christie’s, Paris, 23-25 février 2009, lot 344) semble être dans la continuité directe de notre table qui lie ainsi la grande tradition du meuble d’ivoire et une étonnante modernité.