JOSÉ MARÍA SERT Y BADIA (BARCELONE 1874/76-1945)
Peintre décorateur ayant développé un style baroque moderne à la fois extravagant et très personnel, José Maria Sert naît à Barcelone au sein d’une famille d’industriels textiles de grande renommée. Élève de Pere Borrell et Alexandre de Riquer, il fréquente, pendant ses années de jeunesse à Barcelone, les milieux artistiques et intellectuels d’avant-garde, en particulier les artistes Miguel Utrillo, Ramón Casas et Santiago Rusiñol.Après un voyage en Italie au cours duquel il découvre les maîtres de la Renaissance, il s’installe à Paris en 1898. Dans la capitale cosmopolite il fréquente les artistes et écrivains, les mécènes et toute l’élite qui anime la vie artistique et culturelle de l’époque. Lyrisme et virtuosité caractérisent ses productions, les commandes affluent et le jeune artiste, dont la renommée croît rapidement, s’impose désormais en tant qu’héritier moderne de la grande tradition du décor monumental. Les effets de lumière contrastés et la maîtrise des perspectives, qu’il sait adapter à l’architecture de chacun des lieux où il intervient, donnent forme à des compositions complexes qui mettent en scène une multitude de personnages évoluant au sein de scénographies grandioses, à la théâtralité assumée et aux multiples références. Sa méthode de travail est aussi précise que singulière, il construit ses mises en scène dans l’atelier en faisant poser des modèles ou bien à partir de mannequins et de personnages en modèle réduit qu’il photographie.Sert travaille alors pour les élites économiques et politiques du monde entier. Son style immédiatement reconnaissable, au fort impact visuel, lui permet d’obtenir des commandes pour des lieux prestigieux. Après avoir décoré la salle à manger du Pavillon de l’Art Nouveau pour Siegfried Bing à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris, il s’attelle à partir de 1906 à la décoration de la cathédrale de Vic en Catalogne. Premier projet d’envergure exceptionnelle pour Sert, le chantier dure des décennies, interrompu par les guerres ainsi que par les évolutions politiques en Espagne, et il contribue à donner une forte identité à l’image publique de l’artiste. Son aura lui donne alors accès à des commandes prestigieuses qui ne font qu’appuyer sa réputation internationale. Il décore l’Hôtel de Ville de Barcelone en 1929, le RCA Building du Rockefeller Center et le Waldorf Astoria Hotel à New York au cours de la décennie 1930, le Palais des Nations à Genève en 1935, sans compter les très nombreuses commandes privées. La démesure de la formidable production de Sert permet à Paul Claudel de le qualifier de « dernier représentant de la grande Peinture » dans l’hommage qu’il lui rend à sa mort en 1945.
JOSÉ MARÍA SERT Y BADIA (BARCELONE 1874/76-1945)

Etude pour La Leçon de Salamanca

Details
JOSÉ MARÍA SERT Y BADIA (BARCELONE 1874/76-1945)
Etude pour La Leçon de Salamanca
fond doré et huile sur toile marouflée sur panneau
74,3 x 79,6 cm. (29 ¼ x 31 3/8 in.)
Further details
J. M. SERT Y BADIA, STUDY FOR THE SALAMANCA LESSON, GILT GROUND AND OIL ON CANVAS LAID DOWN ON PANEL

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Adelaide Queau
Adelaide Queau

Lot Essay

Les lots 128, 129, 130 et 131 sont préparatoires pour le décor de la salle du Conseil « Francisco de Vitoria » du Palais des Nations à Genève.
Fondée en 1919, la Société des Nations s’établit dans le parc de l’Ariana à Genève où le Palais des Nations est érigé entre 1929 et 1937. En 1933, José-Maria Sert est proposé par le gouvernement espagnol pour réaliser un ensemble de peintures décoratives. Lui est alors attribué le décor de la salle du Conseil et Sert annonce l’année suivante le thème choisi, qui s’articule autour de Ce qui sépare et ce qui unit les hommes.


Sujet du plafond central, La Leçon de Salamanca est une synthèse du discours pictural de Sert au sein de la salle du Conseil. Cinq colosses qui symbolisent les cinq continents unissent leurs mains pour former la clé de voûte de la salle. Leur union incarne l’espoir d’arriver à un état de paix et de concorde. La Leçon de Salamanca dont les continents doivent s'inspirer est figurée par un groupe de sages espagnols, dont Francisco de Vitoria fait partie, qui dispensent leur enseignement à un groupe d’étudiants de l’Université de Salamanque où ont été posées, lors du développement de l'humanisme, les bases des droits des hommes.

Les lots 129, 130 et 131 correspondent, plus spécifiquement au sein de la salle du Conseil, aux quatre thèmes que Sert traite sur les murs latéraux et qui représentent la victoire des hommes sur les maux du monde dans sa lutte pour une vie meilleure : Le Progrès social, Le Progrès technique, Le Progrès de la Science, L’Espérance, L’Allégorie de la guerre. Le peintre aborde des sujets symboliquement complexes avec l’intention de définir une mythologie moderne qu’il donne à voir à travers un rendu qui associe les sujets principaux peints sur des rideaux en trompe-l’œil à des figures en grisaille - bas-reliefs fictifs -, qui figurent La Justice, La Force, La Loi, LIntelligence, La Paix morte, La Paix ressuscitée et LEvocation de la Paix.

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