VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
Prospective purchasers are advised that several co… Read more
VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE

PREMIERE MOITIE DU XIXe SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE

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VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
PREMIERE MOITIE DU XIXe SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE
En ivoire d’éléphant tourné, sculpté et ajouré, ornementation de bronze ciselé et doré, le couvercle non amovible muni d’une prise, le corps à décor en quatre registres de cordelettes, frise d’entrelacs rythmés de fleurons, de cannelures torses et de perles, les anses à la grecque, le piédouche cannelé reposant sur un socle à section circulaire en treillage ceint d’une frise de feuillage, les patins en boule aplatie cannelée
H.: 45,5 cm. (18 in.) ; D.: 14,5 cm. (5 ¾ in.)
Provenance
Galerie Hagnauer, Paris, 1974.
Literature
Bibliographie comparative:
H. Ottomeyer, P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Munich, 1986, p. 224.
J.-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau. Catalogue des collections de mobilier. 1. Pendules et bronzes d'ameublement entrés sous le Premier Empire, Paris, 1989, p. 32 et 93.
P. Kjellberg, Objets montés du Moyen Age à nos jours, Paris, 2000, p. 148.
D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d'ameublement du Louvre, Dijon, 2004, n. 77, p.154.

Special notice
Prospective purchasers are advised that several countries prohibit the importation of property containing materials from endangered species, including but not limited to coral, ivory and tortoiseshell. Accordingly, prospective purchasers should familiarize themselves with relevant customs regulations prior to bidding if they intend to import this lot into another country.
Further details
A NEOCLASSICAL ORMOLU-MOUNTED ELEPHANT IVORY ORNEMENTAL VASE, FIRST HALF 19TH CENTURY, PROBABLY RUSSIAN

Lot Essay

Cet extraordinaire vase d’ivoire est à rapprocher d’un corpus d’objets qu’ont rendus célèbres une maitrise technique époustouflante et une provenance royale, tantôt présumée tantôt établie.
Le tour du bois et de l’ivoire faisait en effet partie de l’éducation manuelle des enfants royaux. Attestée dès l’enfance de Louis XIII, cette pratique se poursuit chez les souverains et leurs enfants au XVIIIème siècle. Louis XV et ses filles se consacrent à ce passe-temps, formés par Jeanne-Madeleine Maubois, tourneuse officielle du roi. Véritable passion et loisir aristocratique, le travail de l’ivoire fut notamment prisé par Madame Victoire, qui en 1786 possédait neuf vases à Bellevue (Arch. Nat. O1 3379), et par Madame Sophie, la cinquième fille de Louis XV. Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d’œuvre du genre à l’occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd’hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite « ouvrage du roi ».
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offraient leur service aux membres de la famille royale. En effet de nombreux éléments ont incité M. Christian Baulez à penser que ces précieux vases d’ivoire étaient l’ouvrage de professionnels guidant les mains de leurs royaux élèves. Pour Louis XVI et ses frères, les comtes d’Artois et de Provence, ces professeurs furent Michel Voisin (1729-1786) et son fils François, artisans qui furent nommés Maitres de Tour du Roi. C’est donc à eux qu’il faut attribuer les différents exemples de vases en ivoire réalisés sous le règne de Louis XVI et dont nous connaissons quelques exemples :
L’inventaire du château de Bellevue dressé pendant l’An II (1793/1794) fait effectivement référence à « deux vases en ivoire garnis de dorures avec deux cages en cuivre doré garnies de leurs verres ». Sept autres provenant du même endroit passèrent aux enchères l’année suivante ; et six autres, aux provenances diverses, étaient encore stockés à Versailles en 1797. Cinq furent mis de côté pour orner le palais du Luxembourg sous le Directoire. D’autres toutefois furent vendus aux enchères. Certains sont venus enrichir depuis les collections des plus grands musées du monde ; le Louvre (inv. OA7370), l’Hermitage (inv. E-4805/4806) et le Metropolitan Museum (Inv. 41.190.59-60) peuvent s’enorgueillir de posséder un de ces chefs-d’œuvre.
De rares exemplaires demeurent encore en mains privées. Le dessin complexe et l’exécution incroyablement précise de notre vase permettent de le rapprocher de ce corpus prestigieux. S’il n’y a pas deux paires de vases connues qui suivent exactement le même modèle, toutes présentent des analogies avec le vase que nous présentons : l’alternance de motifs décoratifs droits avec d’autres en spirale, la souplesse des fils d’ivoire qui semblent retenus comme des rubans, la finesse des bronzes dorés, le degré de précision dans l’assemblage et la réalisation de cet objet laissent sans voix. Quelques précisions techniques permettent de mesurer la prouesse artistique que constitue une telle pièce. Il faut songer que l’ivoirier part d’un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l’oblige à anticiper la naturelle rétractation de l’ivoire afin que l’ajustement des deux matières ne souffrent pas, le temps passant.
A propos de cette collaboration, on ne sera pas étonné de constater que les maîtres de tour du roi aient associé leurs efforts à ceux des ciseleurs du roi. Les dépenses de Louis XVI faites sur sa cassette personnelle en 1787 mentionnent en effet une somme destinée au bronzier Thomire et à l’orfèvre joaillier Massé pour "pour ouvrages faits à un vase d'ivoire et commandés par Voisin fils en mars 1786".
Illustration parfaite de l’implication du pouvoir dans la perfection atteinte par les arts décoratifs dans les années finales de l'Ancien Régime, ces vases en ivoire furent enviés par toutes les têtes couronnées d’Europe. La fascination qu’ils ont exercée expliquent que des artisans surdoués aient, au début du XIXe siècle -notamment en Russie- veillé à perpétuer cet art.
En effet, on note un intérêt constant de la part de la Russie impériale pour les arts français au XVIIIe siècle. Alors que Pierre le Grand avait rapporté de son voyage diplomatique quantités d’achats faits auprès des manufactures françaises, l’impératrice Elizabeth succombe elle aussi aux charmes des modes à la cour de Louis XV, exerçant même un droit de préemption sur les cargaisons des navires arrivant de France. Catherine II dépensera une fortune considérable pour s’offrir, entre autres, un service en porcelaine de Sèvres de 800 pièces et un service d’orfèvrerie de Jacques-Nicolas Roëttiers pour le comte Orloff.  Mieux, elle fera venir à Saint-Pétersbourg un grand nombre d’artistes et d’artisans français prêts à mettre à son service le savoir-faire inégalable qu’ils avaient acquis lors de leur apprentissage français.
Produire sur les bords de la Neva des objets montés et des bronzes aussi beaux qu’à Paris fut un objectif plusieurs fois affirmé par le régime. Sur l’invitation de Catherine II, Louis Rolland fonde un atelier et beaucoup d’artisans français sont appelés à faire de même, parmi lesquels nous pouvons citer Antoine Simon, Etienne Gastecloux, Pierre-Louis Agy ou encore les Dubut. Le marchand-mercier Daguerre et son successeur Lignereux furent certainement à l’origine de plusieurs livraisons pour le Palais d’Hiver, comme nous l’indique Pierre Verlet dans son ouvrage Les bronzes dorés français du XVIIIe (Paris, 1999, p.243). Sans compter les artisans français qui trouvèrent refuge en Russie lorsqu’éclata la Révolution. La paire de vases royaux conservée au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg (inv. E-4805/4806) prouve bien la présence déterminante des modèles français de Thomire et Voisin, à la base d’une incroyable émulation qui permettra la naissance de chefs-d’œuvre en ivoire dans les premières années du XIXe siècle. Un artisan russe s’est particulièrement distingué et qui répondra aux commandes des Tsars Paul et Alexandre Ier pour leur collection personnelle et les cadeaux diplomatiques : il s’agit de Nikolai Stepanovich Vereshchagin, dont une paire de vases néoclassiques est visible au Metropolitan Museum de New-York (inv.1998.13.1, .2).

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