Lot Essay
Cette superbe paire de candélabres créée à la fin du XVIIIe siècle illustre un phénomène particulièrement
intéressant des arts décoratifs russes. On parle en effet d’âge d’or lorsqu’on évoque la production pétersbourgeoise
de bronzes dorés à la fin du XVIIIe siècle, tant à cause de leur qualité que de leur quantité
Depuis Pierre le Grand, un courant continu de visites et d’achats alimente la Russie en artistes et en chefs- d’oeuvre
d’arts décoratifs français. Par le jeu d’une émulation naturelle, produire sur les rives de la Néva des bronzes
aussi beaux que ceux de Paris devient au fil du siècle un objectif politique plusieurs fois affirmé.
A cette fin, on voit s’établir en Russie, dès les années 1750, de nombreux artisans français, allemands et suédois,
mais aussi liégeois et italiens. Les commandes passées à Daguerre et Boulton pour meubler l’Ermitage et Pavlovsk
sont nombreuses. Mais le recours aux artisans russes ou naturalisés se fait à la fin du siècle bien plus fréquent. De
cette diversité va naître à Saint-Pétersbourg, au tournant des années 1800, un néoclassicisme vernaculaire aux
influences étrangères multiples mais possédant une forte et propre identité.
Notre paire de candélabres en est un excellent exemple qui confirme les propos tenus par Igor Sychev dans son
ouvrage consacré au sujet (Russian bronze, Moscou, 2003, pp. 76-79). Pour l’auteur, l’éloignement progressif
des modèles néoclassiques français de Thomire et Gouthière explique la naissance d’un goût particulier. Ce
néoclassicisme russe naissant se caractérise, outre par l’utilisation typique de la malachite, par l’abondance des
motifs décoratifs et la taille des pièces : on voit ainsi mêlés sur la même pièce coqs et femmes ailées, cygnes et figures
d’amours, Victoires et rinceaux feuillagés… Toutefois la légèreté de la composition pallie, avec la qualité de son
exécution, à cette apparente surcharge. Le thyrse autour de laquelle se love un serpent est un élément très apprécié de
ce répertoire ornemental néoclassique revisité en Russie. Nous le retrouvons notamment sur une paire du palais de
l’Ermitage exécutée dans un esprit tout à fait proche de la nôtre. (Ill. Igor Sychev, Russian bronze, Moscou, 2003, p.78)
Un nom de bronzier, familier de ce genre de pièces peut être évoqué : Friedrich Bergenfeldt. Une des principales
figures de ce renouveau de l’art du bronze à Saint-Pétersbourg, il fournira notamment le palais de Pavlovsk.
Considérant la taille de nos candélabres, l’ambition de leur composition et le soin apporté à leur réalisation, il est tout à fait envisageable qu’ils aient été créés pour Pavlovsk. Bâti en dehors de la capitale dans le style palladien en
1782, il fut offert par Catherine II à son fils Paul Ier. Il abrita dès sa naissance les créations russes contemporaines et
notamment des ouvrages de bronze ciselé comparables aux nôtres.
intéressant des arts décoratifs russes. On parle en effet d’âge d’or lorsqu’on évoque la production pétersbourgeoise
de bronzes dorés à la fin du XVIIIe siècle, tant à cause de leur qualité que de leur quantité
Depuis Pierre le Grand, un courant continu de visites et d’achats alimente la Russie en artistes et en chefs- d’oeuvre
d’arts décoratifs français. Par le jeu d’une émulation naturelle, produire sur les rives de la Néva des bronzes
aussi beaux que ceux de Paris devient au fil du siècle un objectif politique plusieurs fois affirmé.
A cette fin, on voit s’établir en Russie, dès les années 1750, de nombreux artisans français, allemands et suédois,
mais aussi liégeois et italiens. Les commandes passées à Daguerre et Boulton pour meubler l’Ermitage et Pavlovsk
sont nombreuses. Mais le recours aux artisans russes ou naturalisés se fait à la fin du siècle bien plus fréquent. De
cette diversité va naître à Saint-Pétersbourg, au tournant des années 1800, un néoclassicisme vernaculaire aux
influences étrangères multiples mais possédant une forte et propre identité.
Notre paire de candélabres en est un excellent exemple qui confirme les propos tenus par Igor Sychev dans son
ouvrage consacré au sujet (Russian bronze, Moscou, 2003, pp. 76-79). Pour l’auteur, l’éloignement progressif
des modèles néoclassiques français de Thomire et Gouthière explique la naissance d’un goût particulier. Ce
néoclassicisme russe naissant se caractérise, outre par l’utilisation typique de la malachite, par l’abondance des
motifs décoratifs et la taille des pièces : on voit ainsi mêlés sur la même pièce coqs et femmes ailées, cygnes et figures
d’amours, Victoires et rinceaux feuillagés… Toutefois la légèreté de la composition pallie, avec la qualité de son
exécution, à cette apparente surcharge. Le thyrse autour de laquelle se love un serpent est un élément très apprécié de
ce répertoire ornemental néoclassique revisité en Russie. Nous le retrouvons notamment sur une paire du palais de
l’Ermitage exécutée dans un esprit tout à fait proche de la nôtre. (Ill. Igor Sychev, Russian bronze, Moscou, 2003, p.78)
Un nom de bronzier, familier de ce genre de pièces peut être évoqué : Friedrich Bergenfeldt. Une des principales
figures de ce renouveau de l’art du bronze à Saint-Pétersbourg, il fournira notamment le palais de Pavlovsk.
Considérant la taille de nos candélabres, l’ambition de leur composition et le soin apporté à leur réalisation, il est tout à fait envisageable qu’ils aient été créés pour Pavlovsk. Bâti en dehors de la capitale dans le style palladien en
1782, il fut offert par Catherine II à son fils Paul Ier. Il abrita dès sa naissance les créations russes contemporaines et
notamment des ouvrages de bronze ciselé comparables aux nôtres.