Lot Essay
Sans doute destinées à être disposées devant les entrées de magasins, ces créatures fantastiques et diaboliques se sont certainement très bien acquittées de leur rôle, captant l’attention des passants grâce aux cartes de visite qu’elles tiennent dans leurs mains.
Ces personnages sont représentatifs du renouveau des figures décoratives « Blackamoor » au cours du XIXème siècle. Cette tradition remonte à la période de la Renaissance italienne, où les sculpteurs et les fabricants de meubles élaborèrent le genre en produisant des torchères baroques et des meubles comportant des figures de Maures dans les rôles et postures subalternes. La demande pour ce type de meuble atteignit son apogée à la fin du XIXème siècle, au moment de la renaissance de l’industrie italienne, étant donné que la nature opulente des figures Blackamoor coïncidait avec l’esthétique luxueuse de l’époque.
L’artiste Francesco Toso suivit cette tradition. Il est présumé être né à Venise dans une famille de verriers, de laquelle il se distingua rapidement en rencontrant un grand succès tant pour ses miroirs manufacturés que pour les sculptures en ébonite. Ses miroirs comme ses personnages sculptés ont furent présentés au pavillon de l’Italie lors de l’exposition universelle de 1893 à Chicago, où Toso mourut subitement alors qu’il « s’efforçait sincèrement de rendre l’exposition entière digne de l’art et de l’artisanat italiens » ” (H. Bancroft, The Book of the Fair, v. 1, 1893, p. 215). Malgré sa disparition, les œuvres de Toso restèrent enregistrées à l’exposition ; l’on écrivit que ses figures exposées « en bois sombre à foncé » étaient dans un style que l’on « n’oublie[rait] pas de sitôt ». (op. cit., p. 215). Son œuvre la plus appréciée lors de l’exposition était une paire de figures évoquant le présent lot tout en étant inspirées par les personnages de Marguerite et de Méphistophélès dans Faust, « gravés de part et d’autre du même morceau de bois, leurs formes semblables à la vie se réfléchissant dans un miroir si bien qu’ils semblent marcher côte à côte. » Ses autres sculptures gravées incluaient des « joueurs de guitare, gondoliers, polichinelles, etc., illustrant l’enjoué et le grotesque. » (op. cit., p. 215). Quant à la paire de personnages présentée ici, elles représentent de toute évidence un motif populaire : une paire quasiment identique se trouve au Musée des Arts et des Sciences de Floride, affilié à la Smithsonian Institution (inv. A5121), tandis qu’une autre paire se trouvant une collection privée est illustrée avec des piédestaux d’où pendent des draperies à franges dans l’ouvrage de référence de Philippe Jullian intitulé Le Style Second Empire (P. Jullian, Le Style Second Empire, Paris, 1975, p. 43, fig. 1 et 2).
Most likely originally designed to be placed in front of store entrance, these fantastical and diabolical creatures most assuredly would have served their purpose well, capturing the attention of passersby as they proffered calling cards balanced between their fingers.
The figures are illustrative of a 19th century revival of the ‘Blackamoor’ decorative figure –
a tradition dating from the Italian Renaissance period when sculptors and furniture makers developed the genre, producing elaborate baroque torchères and furniture which incorporated Moorish figures in subservient roles and gestures. The demand for this kind of furniture reached its peak in the late 19th century when the Italian industry enjoyed a renaissance, as the opulent nature of the blackamoor figures coincided with luxurious aesthetic of the day.
The artist Francesco Toso followed in this tradition. It is believed to have been born in Venice to a family of glass-makers, but soon differentiated himself, finding great acclaim as much for his manufactured mirrors as for his ebonised sculptures. The mirrors and figures alike were championed at the Italian stand of the 1893 World’s Fair in Chicago, where Toso suddenly died while “earnestly striving to make the entire exhibit worthy of Italian art and workmanship” (H. Bancroft, The Book of the Fair, v. 1, 1893, pp. 215). Despite this loss, Toso’s work was still recorded at the fair, where it was noted that as “partial to dark-hued woods,” displaying figures in this style which “[would] not be soon forgotten” (op. cit., p. 215). His most lauded work at the fair was a pair of figures which recall the present lot but were inspired by the Faustian characters Marguerite and Mephistopheles “…carved from opposite sides of the same block of wood, their life-like forms reflected in a mirror, so that they seem to be walking together.” His other carved sculptures included “guitar players, gondoliers, punchinellos, etc., illustrative of the gay and the grotesque” (op. cit., p. 215). However, the present pair of figures were also evidently a popular combination; a nearly identical pair can be found in the Smithsonian affiliated Museum of Arts and Sciences in Florida (inv. A5121), and another pair from a Private Collection were illustrated with pedestals hung with fringed drapery in Philippe Jullian’s seminal reference book Le Style Second Empire (P. Jullian, Le Style Second Empire, Paris, 1975, p. 43, figs. 1 et 2).
Ces personnages sont représentatifs du renouveau des figures décoratives « Blackamoor » au cours du XIXème siècle. Cette tradition remonte à la période de la Renaissance italienne, où les sculpteurs et les fabricants de meubles élaborèrent le genre en produisant des torchères baroques et des meubles comportant des figures de Maures dans les rôles et postures subalternes. La demande pour ce type de meuble atteignit son apogée à la fin du XIXème siècle, au moment de la renaissance de l’industrie italienne, étant donné que la nature opulente des figures Blackamoor coïncidait avec l’esthétique luxueuse de l’époque.
L’artiste Francesco Toso suivit cette tradition. Il est présumé être né à Venise dans une famille de verriers, de laquelle il se distingua rapidement en rencontrant un grand succès tant pour ses miroirs manufacturés que pour les sculptures en ébonite. Ses miroirs comme ses personnages sculptés ont furent présentés au pavillon de l’Italie lors de l’exposition universelle de 1893 à Chicago, où Toso mourut subitement alors qu’il « s’efforçait sincèrement de rendre l’exposition entière digne de l’art et de l’artisanat italiens » ” (H. Bancroft, The Book of the Fair, v. 1, 1893, p. 215). Malgré sa disparition, les œuvres de Toso restèrent enregistrées à l’exposition ; l’on écrivit que ses figures exposées « en bois sombre à foncé » étaient dans un style que l’on « n’oublie[rait] pas de sitôt ». (op. cit., p. 215). Son œuvre la plus appréciée lors de l’exposition était une paire de figures évoquant le présent lot tout en étant inspirées par les personnages de Marguerite et de Méphistophélès dans Faust, « gravés de part et d’autre du même morceau de bois, leurs formes semblables à la vie se réfléchissant dans un miroir si bien qu’ils semblent marcher côte à côte. » Ses autres sculptures gravées incluaient des « joueurs de guitare, gondoliers, polichinelles, etc., illustrant l’enjoué et le grotesque. » (op. cit., p. 215). Quant à la paire de personnages présentée ici, elles représentent de toute évidence un motif populaire : une paire quasiment identique se trouve au Musée des Arts et des Sciences de Floride, affilié à la Smithsonian Institution (inv. A5121), tandis qu’une autre paire se trouvant une collection privée est illustrée avec des piédestaux d’où pendent des draperies à franges dans l’ouvrage de référence de Philippe Jullian intitulé Le Style Second Empire (P. Jullian, Le Style Second Empire, Paris, 1975, p. 43, fig. 1 et 2).
Most likely originally designed to be placed in front of store entrance, these fantastical and diabolical creatures most assuredly would have served their purpose well, capturing the attention of passersby as they proffered calling cards balanced between their fingers.
The figures are illustrative of a 19th century revival of the ‘Blackamoor’ decorative figure –
a tradition dating from the Italian Renaissance period when sculptors and furniture makers developed the genre, producing elaborate baroque torchères and furniture which incorporated Moorish figures in subservient roles and gestures. The demand for this kind of furniture reached its peak in the late 19th century when the Italian industry enjoyed a renaissance, as the opulent nature of the blackamoor figures coincided with luxurious aesthetic of the day.
The artist Francesco Toso followed in this tradition. It is believed to have been born in Venice to a family of glass-makers, but soon differentiated himself, finding great acclaim as much for his manufactured mirrors as for his ebonised sculptures. The mirrors and figures alike were championed at the Italian stand of the 1893 World’s Fair in Chicago, where Toso suddenly died while “earnestly striving to make the entire exhibit worthy of Italian art and workmanship” (H. Bancroft, The Book of the Fair, v. 1, 1893, pp. 215). Despite this loss, Toso’s work was still recorded at the fair, where it was noted that as “partial to dark-hued woods,” displaying figures in this style which “[would] not be soon forgotten” (op. cit., p. 215). His most lauded work at the fair was a pair of figures which recall the present lot but were inspired by the Faustian characters Marguerite and Mephistopheles “…carved from opposite sides of the same block of wood, their life-like forms reflected in a mirror, so that they seem to be walking together.” His other carved sculptures included “guitar players, gondoliers, punchinellos, etc., illustrative of the gay and the grotesque” (op. cit., p. 215). However, the present pair of figures were also evidently a popular combination; a nearly identical pair can be found in the Smithsonian affiliated Museum of Arts and Sciences in Florida (inv. A5121), and another pair from a Private Collection were illustrated with pedestals hung with fringed drapery in Philippe Jullian’s seminal reference book Le Style Second Empire (P. Jullian, Le Style Second Empire, Paris, 1975, p. 43, figs. 1 et 2).