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Details
BRETON, André
[Mont de piété].
S.l., [1913-1919]
LE MANUSCRIT COMPLET DES QUINZE POÈMES AUTOGRAPHES DU PREMIER LIVRE D’ANDRÉ BRETON : MONT DE PIÉTÉ, DONT HUIT SONT SIGNÉS.
LE SEUL ENSEMBLE COMPLET DE CES POÈMES AUJOURD’HUI CONNU, QUE CE SOIT DANS LES COLLECTIONS PUBLIQUES OU PRIVÉES.
AVEC LE SEUL MANUSCRIT AUJOURD’HUI CONNU DU “CORSET MYSTÈRE”.
CES POÈMES SONT ICI SUIVIS PAR TREIZE AUTRES POÈMES AUTOGRAPHES, DONT DEUX SIGNÉS, ÉCRITS AUSSI ENTRE 1913 ET 1916.
SOIT EN TOUT 27 POÈMES AUTOGRAPHES MARQUANT LES PREMIERS PAS D’ANDRÉ BRETON
Les Quinze poèmes autographes de Mont de Piété, dans leur ordre d’apparition dans le recueil :
1. Façon. “L’attachement vous sème en taffetas”. POÈME MANUSCRIT AUTOGRAPHE, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l.n.d. (Nantes, juin 1916), 1 p. in-4 (270 x 205 mm)
PIÈCE JOINTE : monté sur onglet à la suite Les Trois Roses (3 feuillets imprimés et bande de titre) avec la prépublication de Façon à la p. 57
Prépublication dans une revue grenobloise appelée Les Trois Roses, fondée par Justin-Frantz Simon, à laquelle collaborèrent Valéry, Reverdy, Royère, Aragon, Jacob, Soupault et Éluard (n° 3 et 4, août-septembre 1918, avec un bois de Gabriel Fournier). Dans ce poème, André Breton se livre à une véritable expérience poétique qui conservera pour lui, sa vie durant, une aura bien particulière. L’impression en italiques, en ouverture de Mont de piété, souligne encore l’importance que le jeune poète conférait à ce poème :
“La disposition du texte pourrait laisser croire qu’il s’agit de vers libres. Ce sont en réalité des alexandrins (première strophe), puis des vers de onze syllabes (deuxième strophe), enfin des vers de treize syllabes (troisième strophe), que le poète a brisés de manière à effacer la rime en l’intégrant dans le vers et à casser le rythme. Cette tentative vise à détraquer l’instrument poétique traditionnel afin de trouver des éléments de réponse à la question que Breton ne cesse alors de se poser : qu’est-ce que la poésie ?” (M. Bonnet, O. C., I, p. 1072)
Breton adresse son poème le 9 juin à Paul Valéry : “Ayez, Monsieur, le soin de châtier ce poème”. Valéry lui répond avec enthousiasme qu’il ne comprend pas le procédé poétique du jeune Breton : “Thème, langage, visée, métrique, tout est neuf, mode future, façon”.
2. Rieuse. “Et si peut-être imprudemment laurée”. POÈME MANUSCRIT AUTOGRAPHE à l'encre noire sur papier de cahier d'écolier à lignes, dédié “À Paul Valéry”, s.l. (Nantes ?), daté “février 1914”, 1 p. in-4 (200 x 154 mm), petite déchirure marginale restaurée
L’un des trois premiers poèmes publiés par André Breton, avec Le Saxe fin et Hommage, dans la revue La Phalange (n° 93, 20 mars 1914). Ce manuscrit comprend encore la dédicace À Paul Valéry et le quinzième et dernier vers (“Ce charme indéfini qu'un regard nous l'emprunte !”) qui seront supprimés dans Mont de Piété. L’exemplaire de tête de Mont de piété, dans la collection Paul Destribats, présente une autre version de ce même poème, datée d’avril 1914, sans le quinzième et derniers vers et sans la dédicace.
3. D'or vert. “D’or vert les raisins mûrs et mes fertiles vœux”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ à l'encre, sur papier d'écolier quadrillé, s.l.n.d. (sans doute écrit en 1914), 1 p. in-8 (150 x 142 mm)
Correction importante au second vers du dernier quatrain. Le texte publié dans Mont de Piété comporte une modification au dernier vers. Prépublication dans Les Écrits Nouveaux (n° 9, juillet 1918).
4. L'An Suave. “Un châle méchamment qui lèse ta frileuse”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ dédié à Marie Laurencin, à l'encre, s.l., daté “janvier 1915”, 1 p. in-12 (152 x 96 mm)
Marie Laurencin en reçut copie à Barcelone où elle s'était réfugiée avec son mari, un peintre allemand. Prépublication dans Nord-Sud (n° 6-7, août-septembre 1917).
5. Hymne. “Hymne, à peine d’une eau mourante sur le sable”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l., “août 1914”, 1 p. in-4 (270 x 270 mm)
Écrit pendant les vacances d'été de 1914 que Breton passa à Lorient. Dans l'édition de Mont de Piété, les deux derniers vers et l'exergue de Paul Valéry seront supprimés selon la version de cette copie manuscrite. Prépublication dans Les Solstices (n° 2, 1er juillet 1917). Ce manuscrit, titré, ne comprend plus l'exergue de Paul Valéry et les deux derniers vers. Pour une autre copie manuscrite de ce poème, différente, voir la copie manuscrite insérée dans l’exemplaire imprimé de Mont de Piété qui suit.
6. Poème. “Aube, adieu ! Je sors du bois hanté”. POÈME AUTOGRAPHE dédié à Léon-Paul Fargue, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l., “19 février 1916”, 1 p. in-4 (270 x 206 mm)
Premier poème en prose, “cette illumination d’accent tout rimbaldien” (M. Bonnet) a été écrite le 19 février 1916, jour du vingtième anniversaire d'André Breton et composé par le jeune poète quelques jours auparavant. La prépublication figure dans Les Trois Roses (n° 2, juillet 1918). Le poème y est titré Âge, comme dans Mont de Piété où la dédicace à Léon-Paul Fargue disparaît. Âge fut l’un des poèmes de Breton préféré d’Apollinaire. Ce dernier lui écrit le 14 février :
“Pour en venir à mes pièces qui vont des Fenêtres à mes poèmes actuels en passant par Lundi rue Christine et les poèmes idéographiques, j’y trouve pour ma part (mais je suis orfèvre) la suite naturelle de mes premiers vers ou du moins de ceux qui sont dans Alcools. La forme rompue des poèmes dont vous parlez rend à mon sens ce que je puis rendre de la vie infiniment variée. Je la sens ainsi (...) J’ai beaucoup aimé votre poème en prose dédié à mon ami Fargue ; vous le connaissez donc ! et avez-vous son adresse ?” (lettre insérée dans l’exemplaire des Calligrammes offert à André Beton, Trésors de la bibliothèque d’André Breton, 2016, n° 1)
7. Coqs de bruyère. “Coqs de bruyère... et seront-ce coquetteries”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (268 x 206 mm)
Ce poème, écrit par Breton à Chaumont à l’été 1916, fut composé, selon une note de 1930, “sur une belle route un dimanche”. Il parut en préoriginale dans Nord-Sud (n° 3, 15 mai 1917).
8. Décembre. “Au 25 est l’auberge et son bouchon de gui”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, dédié à Guillaume Apollinaire, à l'encre brune sur papier beige, s.l.n.d., [décembre 1915], 1 p. 1/2 in-8 (1 feuillet plié, 182 x 136 mm)
EXPOSITION : Centre Pompidou Metz (1997)
Décembre, daté de décembre 1915 par Marguerite Bonnet (O.C., t. I, p. 1080), a été prépublié à Genève dans la revue L'Éventail (n° 2, 15 février 1919). “Le poème accompagne en décembre 1915 la première lettre que Breton adresse à Apollinaire, de Nantes (...) cette pièce marque pour Breton la fin d’un assez long silence poétique lié au désarroi de ses premiers mois de vie militaire et à la découverte véritable qu’il fait de Rimbaud” (M. Bonnet, pp. 1080-1081). Ce poème a été acquis par Paul Destribats après la publication des Œuvres complètes en 1988.
9. André Derain. “chante-pinson-dressoir et pots écrus en poète”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (268 x 206 mm)
Seul poème écrit en 1917, André Derain, achevé le 23 mars, sera prépublié dans le second numéro de Nord-Sud (février 1918). Une lettre à Guillaume Apollinaire du 24 mars 1917 permet de dater le poème. Ces alexandrins cassés témoignent des recherches subtiles d’André Breton et surtout de sa passion pour l’œuvre de quelques peintres dont André Derain. Il illustrera l’édition originale de Mont de piété, comme pour rendre plus éloquente encore une poésie placée dès sa naissance à l’écoute de la peinture.
10. Forêt-Noire. “Out / tendre capsule etc melon”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (269 x 206 mm)
Ce poème, écrit en avril 1918 à Moret-sur-Loing et prépublié dans Nord-Sud (n° 16, octobre 1918), met en scène la rupture entre Rimbaud et Verlaine survenue à Stuttgart en février 1875, en pleine “Forêt-Noire”.
11. Pour Lafcadio. “L’avenue en même temps le Gulf Stream”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre bleue sur papier blanc, s.l. [Moret-sur-Loing vraisemblablement], [juin-juillet] “1918”, 1 p. in-8 (176 x 136 mm)
Première version très différente de celle publiée dans Mont de piété, tant au plan de la ponctuation (v. 1, 2, 8, 9, 10, 12, 13) qui disparaîtra dans la version finale, que du texte (v. 1, 2, 12). Publié pour la première fois dans Dada (n° 4-5, mai 1919, paru à Zurich), puis dans l'unique numéro d'Aujourd'hui (juin 1919). Cette première version est datée de 1918.
12. Monsieur V. “À la place de l’Étoile / L’arc de triomphe”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, s.l.n.d. (1918), 1 p. in-4 (209 x 133 mm)
Portrait de Paul Valéry au sujet duquel le modèle avouera ne pas avoir tout compris. Prépublication dans Valori plastici (Rome, 1ère année, n° 2-3, mars 1919)
13. Clé de sol. “On peut suivre sur le rideau”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, dédié à Pierre Reverdy, s.l.n.d., 1 p. in-8 (124 x 130 mm), quelques piqûres
Écrit fin janvier 1919, en réaction au décès de Jacques Vaché qui avait eu lieu le 6 du même mois. Ce poème a été publié pour la première fois dans Littérature (n° 1, mars 1919). Le vers 8 de la version publiée est un ajout par rapport à ce manuscrit. De la même manière, le vers 7 présente une variante.
14. Une maison peu solide. “Le gardien des travaux est victime de son dévouement”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier bleu pâle à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (270 x 210 mm)
Texte en forme de faux fait divers consacré à la mort de Guillaume Apollinaire. Dans Mont de Piété, le poème sera dédié à Tristan Tzara, à qui Breton l'avait envoyé le 20 avril 1919, soit plus de six mois après la mort du poète, pour le publier dans Dada 5. Publié pour la première fois dans Mont de Piété.
15. Le Corset mystère. “Mes belles lectrices, à force d’en voir toutes les couleurs”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, s.l. 1 p. in-4 (211 x 132 mm), (Paris), “1er mai 1919”
LE SEUL MANUSCRIT AUJOURD’HUI CONNU DU CORSET MYSTÈRE
En 1930, André Breton écrira que le “corset mystère” était une “très belle enseigne qu’on peut encore voir au balcon d’un premier étage de la rue de la Paix”. Il s’inspirera de cette rencontre hasardeuse pour construire ce premier grand poème-collage où la calligraphie annonce la typographie. Ce poème de Mont de piété anticipe sur cette forme poétique qui trouvera son apothéose avec le Manifeste et Poisson soluble. Breton “ne se contente pas de jouer sur la surprise et les ruptures ; il s’efforce de donner aux éléments apportés par le hasard, par leur regroupement, une vie plus profonde et plus mystérieuse” (O. C., t. I, p. 1098).
Poème prépublié dans Littérature (n° 4, juin 1919)
Poèmes autographes, inédits ou non, écrits entre 1913 et 1916
16. Comme une châsse d'or où de saintes reliques. POÈME AUTOGRAPHE, sonnet, à l'encre brune sur papier beige à ligne, s.l.n.d. (août 1913), 1 p. in-8 (161 x 149 mm)
Publié dans Œuvres complètes (t. I, p. 34, qui ne cite qu’une copie conservée en mains publiques).
17. Couleur d'Heure. “Avant qu’au seul éclat du rêve qui la dore”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé, s.l., octobre 1913, 2 p. in-8 (187 x 160 mm)
Une note de Marguerite Bonnet indique que ce poème aurait été l'objet d'un éventail à une certaine “Mlle Manon L.G”. Outre celle-ci (“coll. X”), une seule autre copie citée par M. Bonnet (O.C., t.1, p. 1111).
18. Lingères. “Bous, dentelles, “Auriez / Vous pris la manchette””. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l.n.d. (fin 1913). 1 p. in-4 (215 x 154 mm)
Ce poème a été publié pour la première fois dans son intégralité en 1979. Henri Pastoureau dira qu’il “est remarquable que ces vers déjà soient capables de résonance dans l’occulte”. Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
19. Camaïeu. “Moins de jours aux vitres qu’un tulle.” POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l.n.d. (1er semestre 1914), 1 p. in-8 (161 x 97 mm)
Ce poème est annoncé par Breton dans une lettre à Théodore Fraenkel datée du 22 juin 1914. Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
20. Hommage. “Rais de soleil ou paille blanche”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l., mars 1914, 1 p. in-8 (154 x 141 mm)
Hommage à Francis Vielé-Griffin, il s'agit du PREMIER POÈME PUBLIÉ PAR BRETON avec Le Saxe fin et Rieuse dans La Phalange, (n° 93, 20 mars 1914). Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
21. À vous seule. “À vous seule qui ne fûtes l’étrange poupée”. Suivi, au verso, de : Marie Laurencin. “Vous glissez du toit facile en jeune palissade”. UN POÈME ET UN TEXTE AUTOGRAPHES, à l'encre violette sur papier beige, s.l.n.d., 4 pp. in-4 sur deux feuillets numérotées IX à XI, (207 x 163 mm)
À vous seule, sonnet autographe, fut envoyé à Paul Valéry en janvier 1916. Il figure parmi les inédits publiés à titre posthume dans les O.C. (t. I, p.43). Marie Laurencin, texte autographe de trois pages, s'avère, quant à lui, constituer un premier état de Madame Marie Laurencin, portrait soumis par Breton à Apollinaire en mars 1917 et publié ensuite dans Le Carnet critique (n° 2-3, déc. 1917-janv. 1918). Mais il diffère tellement de la version publiée qu'il faudrait plutôt considérer ce texte comme un inédit. Sa composition et sa structure sont radicalement différentes ; le texte est écrit à la première personne du pluriel, s'adressant directement à l'artiste, et non à la troisième personne. Cette version, non publiée dans les O.C., représente un premier état envoyé par Breton à André Paris en juin 1916. Il sera remanié en profondeur après la lecture du Poète assassiné par Breton fin octobre 1916 et deviendra Madame Marie Laurencin (cf. O.C., t. I, pp. 1102-1103 et 1076).
22. Poème, Coquito et Façon. TROIS POÈMES AUTOGRAPHES, à l'encre bleue sur papier beige, LE DERNIER POÈME EST SIGNÉ, s.l.n.d. (1916), 4 pp. in-8 numérotées XIII à XVI (182 x 144 mm)
Façon et Poème, ce dernier comprenant encore la dédicace à Léon-Paul Fargue qui disparaîtra lorsque le poème sera titré Âge, seront tous deux publiés dans Mont de Piété. Coquito ne paraîtra qu'à titre posthume dans les O.C. (t. I, p. 43). Le titre fait référence à Coco, le chien de Marie Laurencin, désigné ici par un diminutif à consonance espagnole, en clin d'œil au pays où l'artiste s'était réfugiée avec son mari.
23. L'Eau douce. “L’eau douce effleurait ta main, fée !” POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier beige, s.l.n.d., 1 p. in-12 (152 x 96 mm). Joint : feuillet de justification de l'édition pirate de L'An suave, neuf poèmes et une prose de mil-neuf-cent-quatorze. Ce feuillet précise que parmi les exemplaires, tous hors commerce, le numéro 1 est accompagné du manuscrit original de L’eau Douce dont le texte est imprimé au verso
Marguerite Bonnet signale une autre copie manuscrite autographe dans une collection privée.
24. Chaumont. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ du monogramme d’André Breton, de deux vers, sur papier pelure, s.l.n.d. (Chaumont, 24 juillet 1916), 1 p. in-18 (912 x 190 mm).
Poème envoyé à Paul Valéry et André Paris.
25. L.A.S. d’André Breton à André Paris : “Mon cher ami, je vous tiens pour très coupable”... encre noire, suscription, [Chaumont ?], 19 décembre 1916, 1 p. in-8 (150 x 115 mm)
Breton est à cinq cents mètres des lignes de front et s'excuse de ses alexandrins. Il envoie à André Paris, lui aussi sur le front, DEUX POÈMES AUTOGRAPHES de circonstance enchâssés parmi des considérations très amicales : Immeubles démolis (7 lignes) et Soldat (10 lignes). Les poèmes paraîtront à titre posthume dans les inédits des O.C. (t. I, p. 44, à partir de copies non datées)
JOINT : en tête du volume, une photographie sépia (222 x 178 mm) reproduisant le premier feuillet de la jaquette d'essai de Mont de piété ; une photographie noir et blanc (184 x 130 mm), tirage agrandi du portrait de Breton monté sous cache dans Volubilis ; la photographie noir et blanc d'une carte postale (148 x 94 mm), recto verso, avec message autographe signé d'André Breton à Paul Éluard, Tinchegray (Orne), 6 août 1931
RELIURE SIGNÉE DE JEAN-PAUL MIGUET. Maroquin rouge, dos lettré de noir, doublure et garde de daim gris perle avec listel d'encadrement de box gris acier, tête noire. Étui
L’un des buts principaux de la collection de Paul Destribats a été, toute sa vie, de reconstituer pas à pas un ensemble complet des poèmes manuscrits de Mont de Piété. Il y est aujourd’hui parvenu. Les quinze poèmes de la collection Paul Destribats sont désignés sous le nom de “Collection X” dans le tome I des Œuvres complètes.
Marguerite Bonnet précise qu’aucun des manuscrits qu’elle a pu voir ne constitue à proprement parler un manuscrit de travail. Un tel poème manuscrit très corrigé, aujourd’hui, n’existe pas. On remarquera qu’il en est de même pour Arthur Rimbaud. Le manuscrit d’un poème sert d’abord à sa correction par les “grands écrivains”, ici Valéry et Apollinaire, à sa divulgation auprès d’amis proches, ici Théodore Fraenkel ou André Paris, ou encore à une éventuelle publication dans une revue à laquelle on l’envoie. Le manuscrit d’un poème est donc par nature très peu corrigé puisqu’au contraire prêt à lire ou à être imprimé. L’antécédence, la correction et la reprise du vers donc, appartiennent au monde verbal qui précède l’écriture.
L’ensemble constitué par Paul Destribats présente la totalité des quinze poèmes dont le très rare Corset mystère connu par ce seul manuscrit, selon Marguerite Bonnet. À suivre la publication de ses recherches dans les Œuvres complètes, on peut faire le décompte suivant : le fonds Paul Valéry conservé à la Bnf ne comporte que neuf poèmes (plus une autre version de Rieuse), le fonds Apollinaire de la BHVP n’en présente que trois, ceux de Théodore Fraenkel et d’André Paris conservés en mains privées respectivement un et quatre, deux manuscrits isolés sont disséminés dans deux collections privées, un libraire en possède actuellement sept, six poèmes sont passés dans la dispersion du fonds André Breton (lot 2003), le marché des ventes aux enchères présente à l’occasion et très rarement une pièce ou deux. Il est d’ailleurs difficile depuis la disparition de Marguerite de Bonnet de localiser avec précision les doublons évidents de cette recension provisoire.
Il est cependant certain que, dans l’histoire de la littérature française, ces premiers poèmes d’André Breton publiés dans Mont de piété sont d’une grande importance. Ils révèlent l’étendue de ses recherches et de ses expérimentations poétiques. Surtout, durant ces années de guerre où ce qu’il reste des avant-gardes se livre des deux côtés de l’Atlantique à des expérimentations artistiques déterminantes pour l’avenir, Guillaume Apollinaire choisit comme successeur ce jeune poète, André Breton. Il le couronne dans sa lettre du 24 mars 1917 lorsqu’il lui demande un article sur Calligrammes en gestation : “Je ne connais personne qui puisse aussi bien parler de ce que j’ai fait que vous”. André Breton, de son côté, adresse d’autres versions de ses poèmes à Paul Valéry dont il sollicite l’examen.
Sans refaire ici l’histoire de la genèse de Mont de piété, on remarquera qu’entre “sa dix-septième et sa vingt-troisième année, points extrêmes de Mont de Piété, l’idée que Breton se fait de la poésie change complètement. Des pièces “mallarméennes” de 1913-1914 au poème-collage du Corset mystère, plusieurs routes ont été empruntées, plusieurs impasses reconnues” (O. C., t. I, p. 1067).
Sur ces quinze poèmes, six seront repris dans Le Revolver à cheveux blancs (Éditions des Cahiers Libres, 1932). Il s'agit de : Façon, Coqs de Bruyère, Forêt-Noire, Pour Lafcadio, Monsieur V et Le Corset mystère. Les mêmes, augmentés de trois autres (Âge, André Derain, Une maison peu solide) seront republiés par Gallimard dans Poèmes en novembre 1948.
À ces quinze poèmes s’ajoutent ici treize autres poèmes, non publiés dans Mont de piété, mais composés par André Breton dans ces années d’ouverture de son expérience poétique. L’un deux ne comporte que deux vers. Deux d’entre eux sont écrits dans une lettre adressée à son ami André Paris. Enfin, l’un deux précède un texte consacré à Marie Laurencin qui deviendra plus tard Madame Marie Laurencin. Ils ont été pour la plupart publiés par Marguerite Bonnet dans la section Inédits I qui suit Mont de piété en Pléiade.
[Mont de piété].
S.l., [1913-1919]
LE MANUSCRIT COMPLET DES QUINZE POÈMES AUTOGRAPHES DU PREMIER LIVRE D’ANDRÉ BRETON : MONT DE PIÉTÉ, DONT HUIT SONT SIGNÉS.
LE SEUL ENSEMBLE COMPLET DE CES POÈMES AUJOURD’HUI CONNU, QUE CE SOIT DANS LES COLLECTIONS PUBLIQUES OU PRIVÉES.
AVEC LE SEUL MANUSCRIT AUJOURD’HUI CONNU DU “CORSET MYSTÈRE”.
CES POÈMES SONT ICI SUIVIS PAR TREIZE AUTRES POÈMES AUTOGRAPHES, DONT DEUX SIGNÉS, ÉCRITS AUSSI ENTRE 1913 ET 1916.
SOIT EN TOUT 27 POÈMES AUTOGRAPHES MARQUANT LES PREMIERS PAS D’ANDRÉ BRETON
Les Quinze poèmes autographes de Mont de Piété, dans leur ordre d’apparition dans le recueil :
1. Façon. “L’attachement vous sème en taffetas”. POÈME MANUSCRIT AUTOGRAPHE, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l.n.d. (Nantes, juin 1916), 1 p. in-4 (270 x 205 mm)
PIÈCE JOINTE : monté sur onglet à la suite Les Trois Roses (3 feuillets imprimés et bande de titre) avec la prépublication de Façon à la p. 57
Prépublication dans une revue grenobloise appelée Les Trois Roses, fondée par Justin-Frantz Simon, à laquelle collaborèrent Valéry, Reverdy, Royère, Aragon, Jacob, Soupault et Éluard (n° 3 et 4, août-septembre 1918, avec un bois de Gabriel Fournier). Dans ce poème, André Breton se livre à une véritable expérience poétique qui conservera pour lui, sa vie durant, une aura bien particulière. L’impression en italiques, en ouverture de Mont de piété, souligne encore l’importance que le jeune poète conférait à ce poème :
“La disposition du texte pourrait laisser croire qu’il s’agit de vers libres. Ce sont en réalité des alexandrins (première strophe), puis des vers de onze syllabes (deuxième strophe), enfin des vers de treize syllabes (troisième strophe), que le poète a brisés de manière à effacer la rime en l’intégrant dans le vers et à casser le rythme. Cette tentative vise à détraquer l’instrument poétique traditionnel afin de trouver des éléments de réponse à la question que Breton ne cesse alors de se poser : qu’est-ce que la poésie ?” (M. Bonnet, O. C., I, p. 1072)
Breton adresse son poème le 9 juin à Paul Valéry : “Ayez, Monsieur, le soin de châtier ce poème”. Valéry lui répond avec enthousiasme qu’il ne comprend pas le procédé poétique du jeune Breton : “Thème, langage, visée, métrique, tout est neuf, mode future, façon”.
2. Rieuse. “Et si peut-être imprudemment laurée”. POÈME MANUSCRIT AUTOGRAPHE à l'encre noire sur papier de cahier d'écolier à lignes, dédié “À Paul Valéry”, s.l. (Nantes ?), daté “février 1914”, 1 p. in-4 (200 x 154 mm), petite déchirure marginale restaurée
L’un des trois premiers poèmes publiés par André Breton, avec Le Saxe fin et Hommage, dans la revue La Phalange (n° 93, 20 mars 1914). Ce manuscrit comprend encore la dédicace À Paul Valéry et le quinzième et dernier vers (“Ce charme indéfini qu'un regard nous l'emprunte !”) qui seront supprimés dans Mont de Piété. L’exemplaire de tête de Mont de piété, dans la collection Paul Destribats, présente une autre version de ce même poème, datée d’avril 1914, sans le quinzième et derniers vers et sans la dédicace.
3. D'or vert. “D’or vert les raisins mûrs et mes fertiles vœux”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ à l'encre, sur papier d'écolier quadrillé, s.l.n.d. (sans doute écrit en 1914), 1 p. in-8 (150 x 142 mm)
Correction importante au second vers du dernier quatrain. Le texte publié dans Mont de Piété comporte une modification au dernier vers. Prépublication dans Les Écrits Nouveaux (n° 9, juillet 1918).
4. L'An Suave. “Un châle méchamment qui lèse ta frileuse”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ dédié à Marie Laurencin, à l'encre, s.l., daté “janvier 1915”, 1 p. in-12 (152 x 96 mm)
Marie Laurencin en reçut copie à Barcelone où elle s'était réfugiée avec son mari, un peintre allemand. Prépublication dans Nord-Sud (n° 6-7, août-septembre 1917).
5. Hymne. “Hymne, à peine d’une eau mourante sur le sable”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l., “août 1914”, 1 p. in-4 (270 x 270 mm)
Écrit pendant les vacances d'été de 1914 que Breton passa à Lorient. Dans l'édition de Mont de Piété, les deux derniers vers et l'exergue de Paul Valéry seront supprimés selon la version de cette copie manuscrite. Prépublication dans Les Solstices (n° 2, 1er juillet 1917). Ce manuscrit, titré, ne comprend plus l'exergue de Paul Valéry et les deux derniers vers. Pour une autre copie manuscrite de ce poème, différente, voir la copie manuscrite insérée dans l’exemplaire imprimé de Mont de Piété qui suit.
6. Poème. “Aube, adieu ! Je sors du bois hanté”. POÈME AUTOGRAPHE dédié à Léon-Paul Fargue, à l'encre sur papier bleu à lignes, s.l., “19 février 1916”, 1 p. in-4 (270 x 206 mm)
Premier poème en prose, “cette illumination d’accent tout rimbaldien” (M. Bonnet) a été écrite le 19 février 1916, jour du vingtième anniversaire d'André Breton et composé par le jeune poète quelques jours auparavant. La prépublication figure dans Les Trois Roses (n° 2, juillet 1918). Le poème y est titré Âge, comme dans Mont de Piété où la dédicace à Léon-Paul Fargue disparaît. Âge fut l’un des poèmes de Breton préféré d’Apollinaire. Ce dernier lui écrit le 14 février :
“Pour en venir à mes pièces qui vont des Fenêtres à mes poèmes actuels en passant par Lundi rue Christine et les poèmes idéographiques, j’y trouve pour ma part (mais je suis orfèvre) la suite naturelle de mes premiers vers ou du moins de ceux qui sont dans Alcools. La forme rompue des poèmes dont vous parlez rend à mon sens ce que je puis rendre de la vie infiniment variée. Je la sens ainsi (...) J’ai beaucoup aimé votre poème en prose dédié à mon ami Fargue ; vous le connaissez donc ! et avez-vous son adresse ?” (lettre insérée dans l’exemplaire des Calligrammes offert à André Beton, Trésors de la bibliothèque d’André Breton, 2016, n° 1)
7. Coqs de bruyère. “Coqs de bruyère... et seront-ce coquetteries”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (268 x 206 mm)
Ce poème, écrit par Breton à Chaumont à l’été 1916, fut composé, selon une note de 1930, “sur une belle route un dimanche”. Il parut en préoriginale dans Nord-Sud (n° 3, 15 mai 1917).
8. Décembre. “Au 25 est l’auberge et son bouchon de gui”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, dédié à Guillaume Apollinaire, à l'encre brune sur papier beige, s.l.n.d., [décembre 1915], 1 p. 1/2 in-8 (1 feuillet plié, 182 x 136 mm)
EXPOSITION : Centre Pompidou Metz (1997)
Décembre, daté de décembre 1915 par Marguerite Bonnet (O.C., t. I, p. 1080), a été prépublié à Genève dans la revue L'Éventail (n° 2, 15 février 1919). “Le poème accompagne en décembre 1915 la première lettre que Breton adresse à Apollinaire, de Nantes (...) cette pièce marque pour Breton la fin d’un assez long silence poétique lié au désarroi de ses premiers mois de vie militaire et à la découverte véritable qu’il fait de Rimbaud” (M. Bonnet, pp. 1080-1081). Ce poème a été acquis par Paul Destribats après la publication des Œuvres complètes en 1988.
9. André Derain. “chante-pinson-dressoir et pots écrus en poète”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (268 x 206 mm)
Seul poème écrit en 1917, André Derain, achevé le 23 mars, sera prépublié dans le second numéro de Nord-Sud (février 1918). Une lettre à Guillaume Apollinaire du 24 mars 1917 permet de dater le poème. Ces alexandrins cassés témoignent des recherches subtiles d’André Breton et surtout de sa passion pour l’œuvre de quelques peintres dont André Derain. Il illustrera l’édition originale de Mont de piété, comme pour rendre plus éloquente encore une poésie placée dès sa naissance à l’écoute de la peinture.
10. Forêt-Noire. “Out / tendre capsule etc melon”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre noire sur papier bleu à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (269 x 206 mm)
Ce poème, écrit en avril 1918 à Moret-sur-Loing et prépublié dans Nord-Sud (n° 16, octobre 1918), met en scène la rupture entre Rimbaud et Verlaine survenue à Stuttgart en février 1875, en pleine “Forêt-Noire”.
11. Pour Lafcadio. “L’avenue en même temps le Gulf Stream”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre bleue sur papier blanc, s.l. [Moret-sur-Loing vraisemblablement], [juin-juillet] “1918”, 1 p. in-8 (176 x 136 mm)
Première version très différente de celle publiée dans Mont de piété, tant au plan de la ponctuation (v. 1, 2, 8, 9, 10, 12, 13) qui disparaîtra dans la version finale, que du texte (v. 1, 2, 12). Publié pour la première fois dans Dada (n° 4-5, mai 1919, paru à Zurich), puis dans l'unique numéro d'Aujourd'hui (juin 1919). Cette première version est datée de 1918.
12. Monsieur V. “À la place de l’Étoile / L’arc de triomphe”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, s.l.n.d. (1918), 1 p. in-4 (209 x 133 mm)
Portrait de Paul Valéry au sujet duquel le modèle avouera ne pas avoir tout compris. Prépublication dans Valori plastici (Rome, 1ère année, n° 2-3, mars 1919)
13. Clé de sol. “On peut suivre sur le rideau”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, dédié à Pierre Reverdy, s.l.n.d., 1 p. in-8 (124 x 130 mm), quelques piqûres
Écrit fin janvier 1919, en réaction au décès de Jacques Vaché qui avait eu lieu le 6 du même mois. Ce poème a été publié pour la première fois dans Littérature (n° 1, mars 1919). Le vers 8 de la version publiée est un ajout par rapport à ce manuscrit. De la même manière, le vers 7 présente une variante.
14. Une maison peu solide. “Le gardien des travaux est victime de son dévouement”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier bleu pâle à lignes, s.l.n.d., 1 p. in-4 (270 x 210 mm)
Texte en forme de faux fait divers consacré à la mort de Guillaume Apollinaire. Dans Mont de Piété, le poème sera dédié à Tristan Tzara, à qui Breton l'avait envoyé le 20 avril 1919, soit plus de six mois après la mort du poète, pour le publier dans Dada 5. Publié pour la première fois dans Mont de Piété.
15. Le Corset mystère. “Mes belles lectrices, à force d’en voir toutes les couleurs”. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ, à l'encre turquoise sur papier crème, s.l. 1 p. in-4 (211 x 132 mm), (Paris), “1er mai 1919”
LE SEUL MANUSCRIT AUJOURD’HUI CONNU DU CORSET MYSTÈRE
En 1930, André Breton écrira que le “corset mystère” était une “très belle enseigne qu’on peut encore voir au balcon d’un premier étage de la rue de la Paix”. Il s’inspirera de cette rencontre hasardeuse pour construire ce premier grand poème-collage où la calligraphie annonce la typographie. Ce poème de Mont de piété anticipe sur cette forme poétique qui trouvera son apothéose avec le Manifeste et Poisson soluble. Breton “ne se contente pas de jouer sur la surprise et les ruptures ; il s’efforce de donner aux éléments apportés par le hasard, par leur regroupement, une vie plus profonde et plus mystérieuse” (O. C., t. I, p. 1098).
Poème prépublié dans Littérature (n° 4, juin 1919)
Poèmes autographes, inédits ou non, écrits entre 1913 et 1916
16. Comme une châsse d'or où de saintes reliques. POÈME AUTOGRAPHE, sonnet, à l'encre brune sur papier beige à ligne, s.l.n.d. (août 1913), 1 p. in-8 (161 x 149 mm)
Publié dans Œuvres complètes (t. I, p. 34, qui ne cite qu’une copie conservée en mains publiques).
17. Couleur d'Heure. “Avant qu’au seul éclat du rêve qui la dore”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé, s.l., octobre 1913, 2 p. in-8 (187 x 160 mm)
Une note de Marguerite Bonnet indique que ce poème aurait été l'objet d'un éventail à une certaine “Mlle Manon L.G”. Outre celle-ci (“coll. X”), une seule autre copie citée par M. Bonnet (O.C., t.1, p. 1111).
18. Lingères. “Bous, dentelles, “Auriez / Vous pris la manchette””. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l.n.d. (fin 1913). 1 p. in-4 (215 x 154 mm)
Ce poème a été publié pour la première fois dans son intégralité en 1979. Henri Pastoureau dira qu’il “est remarquable que ces vers déjà soient capables de résonance dans l’occulte”. Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
19. Camaïeu. “Moins de jours aux vitres qu’un tulle.” POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l.n.d. (1er semestre 1914), 1 p. in-8 (161 x 97 mm)
Ce poème est annoncé par Breton dans une lettre à Théodore Fraenkel datée du 22 juin 1914. Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
20. Hommage. “Rais de soleil ou paille blanche”. POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier quadrillé d'écolier, s.l., mars 1914, 1 p. in-8 (154 x 141 mm)
Hommage à Francis Vielé-Griffin, il s'agit du PREMIER POÈME PUBLIÉ PAR BRETON avec Le Saxe fin et Rieuse dans La Phalange, (n° 93, 20 mars 1914). Marguerite Bonnet n’a pas vu cette copie puisqu’elle n’en cite qu’une en mains publiques.
21. À vous seule. “À vous seule qui ne fûtes l’étrange poupée”. Suivi, au verso, de : Marie Laurencin. “Vous glissez du toit facile en jeune palissade”. UN POÈME ET UN TEXTE AUTOGRAPHES, à l'encre violette sur papier beige, s.l.n.d., 4 pp. in-4 sur deux feuillets numérotées IX à XI, (207 x 163 mm)
À vous seule, sonnet autographe, fut envoyé à Paul Valéry en janvier 1916. Il figure parmi les inédits publiés à titre posthume dans les O.C. (t. I, p.43). Marie Laurencin, texte autographe de trois pages, s'avère, quant à lui, constituer un premier état de Madame Marie Laurencin, portrait soumis par Breton à Apollinaire en mars 1917 et publié ensuite dans Le Carnet critique (n° 2-3, déc. 1917-janv. 1918). Mais il diffère tellement de la version publiée qu'il faudrait plutôt considérer ce texte comme un inédit. Sa composition et sa structure sont radicalement différentes ; le texte est écrit à la première personne du pluriel, s'adressant directement à l'artiste, et non à la troisième personne. Cette version, non publiée dans les O.C., représente un premier état envoyé par Breton à André Paris en juin 1916. Il sera remanié en profondeur après la lecture du Poète assassiné par Breton fin octobre 1916 et deviendra Madame Marie Laurencin (cf. O.C., t. I, pp. 1102-1103 et 1076).
22. Poème, Coquito et Façon. TROIS POÈMES AUTOGRAPHES, à l'encre bleue sur papier beige, LE DERNIER POÈME EST SIGNÉ, s.l.n.d. (1916), 4 pp. in-8 numérotées XIII à XVI (182 x 144 mm)
Façon et Poème, ce dernier comprenant encore la dédicace à Léon-Paul Fargue qui disparaîtra lorsque le poème sera titré Âge, seront tous deux publiés dans Mont de Piété. Coquito ne paraîtra qu'à titre posthume dans les O.C. (t. I, p. 43). Le titre fait référence à Coco, le chien de Marie Laurencin, désigné ici par un diminutif à consonance espagnole, en clin d'œil au pays où l'artiste s'était réfugiée avec son mari.
23. L'Eau douce. “L’eau douce effleurait ta main, fée !” POÈME AUTOGRAPHE, à l'encre noire sur papier beige, s.l.n.d., 1 p. in-12 (152 x 96 mm). Joint : feuillet de justification de l'édition pirate de L'An suave, neuf poèmes et une prose de mil-neuf-cent-quatorze. Ce feuillet précise que parmi les exemplaires, tous hors commerce, le numéro 1 est accompagné du manuscrit original de L’eau Douce dont le texte est imprimé au verso
Marguerite Bonnet signale une autre copie manuscrite autographe dans une collection privée.
24. Chaumont. POÈME AUTOGRAPHE SIGNÉ du monogramme d’André Breton, de deux vers, sur papier pelure, s.l.n.d. (Chaumont, 24 juillet 1916), 1 p. in-18 (912 x 190 mm).
Poème envoyé à Paul Valéry et André Paris.
25. L.A.S. d’André Breton à André Paris : “Mon cher ami, je vous tiens pour très coupable”... encre noire, suscription, [Chaumont ?], 19 décembre 1916, 1 p. in-8 (150 x 115 mm)
Breton est à cinq cents mètres des lignes de front et s'excuse de ses alexandrins. Il envoie à André Paris, lui aussi sur le front, DEUX POÈMES AUTOGRAPHES de circonstance enchâssés parmi des considérations très amicales : Immeubles démolis (7 lignes) et Soldat (10 lignes). Les poèmes paraîtront à titre posthume dans les inédits des O.C. (t. I, p. 44, à partir de copies non datées)
JOINT : en tête du volume, une photographie sépia (222 x 178 mm) reproduisant le premier feuillet de la jaquette d'essai de Mont de piété ; une photographie noir et blanc (184 x 130 mm), tirage agrandi du portrait de Breton monté sous cache dans Volubilis ; la photographie noir et blanc d'une carte postale (148 x 94 mm), recto verso, avec message autographe signé d'André Breton à Paul Éluard, Tinchegray (Orne), 6 août 1931
RELIURE SIGNÉE DE JEAN-PAUL MIGUET. Maroquin rouge, dos lettré de noir, doublure et garde de daim gris perle avec listel d'encadrement de box gris acier, tête noire. Étui
L’un des buts principaux de la collection de Paul Destribats a été, toute sa vie, de reconstituer pas à pas un ensemble complet des poèmes manuscrits de Mont de Piété. Il y est aujourd’hui parvenu. Les quinze poèmes de la collection Paul Destribats sont désignés sous le nom de “Collection X” dans le tome I des Œuvres complètes.
Marguerite Bonnet précise qu’aucun des manuscrits qu’elle a pu voir ne constitue à proprement parler un manuscrit de travail. Un tel poème manuscrit très corrigé, aujourd’hui, n’existe pas. On remarquera qu’il en est de même pour Arthur Rimbaud. Le manuscrit d’un poème sert d’abord à sa correction par les “grands écrivains”, ici Valéry et Apollinaire, à sa divulgation auprès d’amis proches, ici Théodore Fraenkel ou André Paris, ou encore à une éventuelle publication dans une revue à laquelle on l’envoie. Le manuscrit d’un poème est donc par nature très peu corrigé puisqu’au contraire prêt à lire ou à être imprimé. L’antécédence, la correction et la reprise du vers donc, appartiennent au monde verbal qui précède l’écriture.
L’ensemble constitué par Paul Destribats présente la totalité des quinze poèmes dont le très rare Corset mystère connu par ce seul manuscrit, selon Marguerite Bonnet. À suivre la publication de ses recherches dans les Œuvres complètes, on peut faire le décompte suivant : le fonds Paul Valéry conservé à la Bnf ne comporte que neuf poèmes (plus une autre version de Rieuse), le fonds Apollinaire de la BHVP n’en présente que trois, ceux de Théodore Fraenkel et d’André Paris conservés en mains privées respectivement un et quatre, deux manuscrits isolés sont disséminés dans deux collections privées, un libraire en possède actuellement sept, six poèmes sont passés dans la dispersion du fonds André Breton (lot 2003), le marché des ventes aux enchères présente à l’occasion et très rarement une pièce ou deux. Il est d’ailleurs difficile depuis la disparition de Marguerite de Bonnet de localiser avec précision les doublons évidents de cette recension provisoire.
Il est cependant certain que, dans l’histoire de la littérature française, ces premiers poèmes d’André Breton publiés dans Mont de piété sont d’une grande importance. Ils révèlent l’étendue de ses recherches et de ses expérimentations poétiques. Surtout, durant ces années de guerre où ce qu’il reste des avant-gardes se livre des deux côtés de l’Atlantique à des expérimentations artistiques déterminantes pour l’avenir, Guillaume Apollinaire choisit comme successeur ce jeune poète, André Breton. Il le couronne dans sa lettre du 24 mars 1917 lorsqu’il lui demande un article sur Calligrammes en gestation : “Je ne connais personne qui puisse aussi bien parler de ce que j’ai fait que vous”. André Breton, de son côté, adresse d’autres versions de ses poèmes à Paul Valéry dont il sollicite l’examen.
Sans refaire ici l’histoire de la genèse de Mont de piété, on remarquera qu’entre “sa dix-septième et sa vingt-troisième année, points extrêmes de Mont de Piété, l’idée que Breton se fait de la poésie change complètement. Des pièces “mallarméennes” de 1913-1914 au poème-collage du Corset mystère, plusieurs routes ont été empruntées, plusieurs impasses reconnues” (O. C., t. I, p. 1067).
Sur ces quinze poèmes, six seront repris dans Le Revolver à cheveux blancs (Éditions des Cahiers Libres, 1932). Il s'agit de : Façon, Coqs de Bruyère, Forêt-Noire, Pour Lafcadio, Monsieur V et Le Corset mystère. Les mêmes, augmentés de trois autres (Âge, André Derain, Une maison peu solide) seront republiés par Gallimard dans Poèmes en novembre 1948.
À ces quinze poèmes s’ajoutent ici treize autres poèmes, non publiés dans Mont de piété, mais composés par André Breton dans ces années d’ouverture de son expérience poétique. L’un deux ne comporte que deux vers. Deux d’entre eux sont écrits dans une lettre adressée à son ami André Paris. Enfin, l’un deux précède un texte consacré à Marie Laurencin qui deviendra plus tard Madame Marie Laurencin. Ils ont été pour la plupart publiés par Marguerite Bonnet dans la section Inédits I qui suit Mont de piété en Pléiade.
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Adrien Legendre
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