Details
CUILLER PUNU-LUMBO
A PUNU-LUMBO SPOON
GABON
Hauteur : 14 cm. (5 ½ in.)
Provenance
Collection Léonce Guerre (1880-1948), Marseille
Collection Pierre Guerre (1910-1978), Marseille
Collection Christine et Alain Vidal-Naquet (1933-2008), Marseille
Sotheby's, Paris, 15 juin 2011, lot 4
Collection princière privée, acquise lors de cette vente
Literature
Guerre, P. et Delange, J., Arts africains, Marseille, 1970, n° 43
Nicolas, A. et Sourrieu, M., Pierre Guerre. Un érudit en son temps, Marseille, 1992, p. 106, n° 44
Nicolas, A. et al., Art africain dans la collection Pierre Guerre/African Art in the Pierre Guerre Collection, Paris, 1997, p. 136, n° 62
Grand-Dufay, C, Les Lumbu, un art sacré : bungeelë yi bayisi, Paris, 2016, p. 230, fig. 155
Exhibited
Marseille, Musée Cantini, Arts africains, 23 mars - 2 août 1970
Marseille, Centre de la Vieille Charité, Musée d'Arts Africains, Océaniens, Amérindiens (MAAOA), Pierre Guerre. Un érudit en son temps, 20 mars - 31 mai 1992
Afrique du Sud, Le Cap, Iziko South African National Gallery, Art africain dans la collection Pierre Guerre/African Art in the Pierre Guerre Collection, 12 juillet - 28 septembre 1997

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Victor Teodorescu
Victor Teodorescu Head of Sale, Specialist

Lot Essay

L’« oeil » exceptionnel de Léonce et Pierre Guerre pour l’art africain s’illustre dans cette très belle cuiller, chef-d’oeuvre d’élégance. Bien qu’on ne sache pas avec précision la date et le lieu de collecte, il n’est pas exclu qu’elle ait été rapportée en France, peut-être au tournant du XXe siècle. Grâce au père et au fils Guerre, ce chef-d’oeuvre oublié a été publié et exposé à maintes reprises. Avec ses proportions harmonieuses et sa surface lisse, elle se distingue comme l’une des cuillers les plus raffinées de cette région.

De telles cuillers rituelles étaient aussi bien utilisées par le peuple Punu que par le peuple Lumbo du Gabon. La coiffure typique en coque indique une origine Lumbo. Cette cuiller n’a jamais été considérée comme un simple objet utilitaire. En effet, son manche se termine par une figure agenouillée ; elle a dû faire l’objet d’une commande d’un éminent dignitaire de la société Lumbo. La délicatesse de la statue indique que son créateur devait être un maître-sculpteur. Suivant l’iconographie stylistique de la région, le visage ovale au front bombé est doté de grands yeux semi-circulaires en amande, le nez est plat et la bouche délicate et sensuelle. Le génie de ce petit trésor réside dans l’allongement du cou par l’artiste, qui s’étend délicatement des épaules et du torse, répétant l’axe du manche de la cuillère. Les tendres lignes du cou contrastent avec les coudes qui forment un angle de 90° avec les genoux fléchis. Le temps et l’usure n’ont fait que renforcer cette sculpture : les volumes de la tête et de la coiffure surdimensionnée sont presque réduits à leurs formes ovoïdes grâce à leur utilisation quotidienne. Ce merveilleux jeu de lignes et de volumes crée une remarquable représentation tridimensionnelle de la femme – son sexe est identifié par la coiffure, car le sculpteur ne représentait pas la poitrine. L’élégance de sa posture et les mains reposant sur le haut des cuisses devaient certainement avoir une signification symbolique spécifique. L’équilibre parfait entre la cuiller et la statuette magnifie le sentiment de dignité qu’elle dégage.

Cette icône de la collection Guerre montre le goût marqué et subtil de Pierre et Léonce pour les petits joyaux de l’art africain, où la maîtrise du sculpteur s’impose encore plus que dans les grandes oeuvres d’art et permet une relation plus intime avec l’objet. Cette cuiller-sculpture est un magnifique témoignage de l’art Lumbo, célébrant le rôle des femmes dans la société. On trouve des statues agenouillées similaires dans la collection de la Fondation Dapper (inv. n° 2994, ancienne collection André Lefèvre), au Musée Naprstek de Prague (inv. n° 26-606) et dans la collection Malcolm (Schweizer, H., Visions of Grace, Milan, 2014, p.155, n° 60). Une cuiller à l’iconographie similaire a été collectée par Louis Petit entre 1876 et 1883, aujourd’hui dans la collection du Musée des Beaux-Arts de Caen (inv. n° 81.18.13, publiée dans Perrois, L. et Grand-Dufay, C., Punu, Milan, 2008, pl. 61).

The exceptional ‘eye’ for African art of Léonce and Pierre Guerre comes forward in this beautiful spoon from the former French colony of Gabon. While it is unknown where they acquired it, it is not unlikely to have been brought to France by a former colonial officer, possibly around the turn of the 20th century. It’s to the credit of father and son Guerre that they rediscovered this forgotten masterpiece and gave it the credit it deserved publishing and exhibiting it several times. With its harmonious proportions and smooth wear, it easily stands out as one of the most exquisite spoons to come out of this region.

Ritual spoons like this were both used by the Punu and Lumbo peoples of Gabon. The presence of the typical large dome-shaped coiffure on the figure’s head points to a Lumbo origin. This spoon was never considered as just an utilitarian object. It’s handle ending in a graciously kneeling figure, it must have been commissioned by a high-ranking individual within Lumbo society. While following the model of the traditional spoons from the region, the delicacy of the statue indicates its talented creator must have been a master carver. Corresponding with the stylistic iconography of the region the oval face with bulging forehead has large, half-round, almond-shaped eyes, a flat nose and a delicate sensual mouth. The genius of this small gem lies in the artist’s elongation of the neck, which continues smoothly from the shoulders and torso and repeats the axis of the spoon’s handle. The neck’s soft lines contrast with the angles of the elbows, which in their turn sit 90 degrees with the bent knees. Time and wear have only more strengthened this sculpture, as both the volumes of the head and oversized coiffure are almost reduced to their spheres. This wonderful play of lines and volumes creates a remarkable three-dimensional representation of a woman – the gender being identified by the coiffure, as the sculptor did not represent the breasts. The elegance of the pose, the hands resting of the upper legs, must certainly have had a specific symbolic meaning. The perfect balance between both spoon and figure magnifies the sense of dignity that it radiates.

This icon of the Guerre collection displays their outspoken and exquisite taste for small gems of African art, where the mastership of the sculptor comes even more forward than in bigger works of art, enabling a more intimate personal relationship with the object. This spoon-sculpture is a magnificent testimony to the sublime art of the Punu-Lumbo, celebrating the role of women within society. Similar kneeling statues can be found in the collection of the Dapper foundation (inv. no. 2994, ex collection André Lefèvre), the Naprstek Museum in Prague (no. 26-606) and the Malcolm collection (Schweizer, H., Visions of Grace, Milan, 2014, p. 155, no. 60). A spoon with a similar iconography was collected by Louis Petit between 1876-1883 and is in the collection of the Musée des Beaux-Arts of Caen (inv. no. 81.18.13, published in Perrois, L. & Grand-Dufay, C., Punu, Milan, 2008, pl. 61).
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